La vague fluo des "gilets jaunes" effraie le gouvernement français

Photo prétexte manifs des "gilets jaunes" le 17/11/2018 en France.
Photo prétexte manifs des "gilets jaunes" le 17/11/2018 en France.
Par Joël Chatreau
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C'est le mouvement de protestation qui monte, qui monte, en France. A tel point que les "gilets jaunes", qui dénoncent la trop grande hausse des carburants, sont redoutés par le gouvernement. D'autant qu'ils semblent échapper - plus ou moins - aux influences politiques.

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Le jaune n'a jamais été autant à la mode en France. Ce samedi, on va le voir fleurir aux quatre coins de l'Hexagone, au grand dam du gouvernement qui a mis du temps à comprendre que cette fronde se répandait comme une traînée de poudre. Les "gilets jaunes", comme se font appeler ces nouveaux protestataires revêtus de la tenue fluo de la sécurité routière, promettent de bloquer de nombreux axes car, selon eux, la hausse régulière du prix des carburants grève leur budget et donc leur pouvoir d'achat, particulièrement dans les zones rurales où la voiture est souvent indispensable pour sortir de chez soi.

Au moins 1 500 blocages, opérations escargot ou autres manifestations sont prévus dans tout le pays. Les grands axes routiers, les rocades, les accès aux villes, aux aéroports, devraient être spécialement touchés. Et le périphérique de Paris ne devrait pas être épargné. Comme les routiers en colère en leur temps, les "gilets jaunes" entendent également barrer les sorties de certains dépôts ou raffineries. Les premières petites actions, qui ont eu lieu notamment en Bourgogne, ont montré que les perturbations sur la route étaient réelles.

L'exemple de la Bretagne :

Le gouvernement d'Edouard Philippe pris de court

L'appel à "la révolte jaune" a en fait été lancé récemment sur Facebook, en octobre dernier, mais ses auteurs étaient éparpillés. Puis, grâce à tous les réseaux sociaux, il a pris de plus en plus d'ampleur. En signe de ralliement, des conducteurs, des chauffeurs de bus et autres ont petit à petit glissé un gilet derrière leur pare-brise. Priscillia Ludosky a pour sa part lancé une pétition pour réclamer une baisse des prix à la pompe, elle a recueilli pour le moment près de 900 000 signatures. "On ne pense pas aux gens qui sont en périphérie, en province, en zone rurale, explique-t-elle (...) Ils n'ont pas d'autre choix que de payer".

Le Premier ministre français, Edouard Philippe, a tenté d'atténuer la vague de contestation en annonçant des mesures pour diminuer la hausse mais trop tard... Au pied du mur, le gouvernement doit maintenant gérer. Le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a prévenu qu'aucun blocage important ne sera toléré. Pour cela, les forces de l'ordre habituelles se voient renforcées ce samedi par 3 000 policiers CRS. Une cellule de crise est même mise en place pour suivre la situation de près.

Difficile de ne pas récupérer la protestation

La fronde des "gilets jaunes" se veut avant tout citoyenne et apolitique. Elle échappe en effet aux syndicats et aux partis, mais certains de ces derniers ont du mal à ne pas la récupérer, même un petit peu...

Chez Les Républicains, le président du parti de droite, Laurent Wauquiez, a indiqué qu'il fera partie des manifestants dans son département de Haute-Loire, expliquant que "l'exécutif n'a pas entendu les Français".

A l'extrême-gauche, le chef de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, s'est gardé d'appeler ses partisans à rejoindre le mouvement. Il a toutefois souhaité du succès à ses organisateurs.

A l'extrême-droite, la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, a dit son soutien aux "gilets jaunes", précisant qu'elle ne participera pas à la protestation. Mais les autres élus s'en chargeront bien.

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