Migrants: la justice italienne demande la mise sous séquestre à Marseille de l'Aquarius

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La justice italienne a demandé le placement sous séquestre du navire humanitaire Aquarius à Marseille pour une affaire de traitement illégal de déchets, un nouveau coup dur pour les ONG qui se portent au secours des migrants en mer.

L'ONG Médecins sans frontières (MSF), qui affrète l'Aquarius avec SOS Méditerranée depuis 2016, a réfuté toute malversation et dénoncé "une mesure disproportionnée et instrumentale, visant à criminaliser pour la énième fois l'action médico-humanitaire en mer".

A la demande du parquet de Catane (Sicile), la justice italienne "a ordonné le placement sous séquestre" du navire et de comptes bancaires de MSF, selon un communiqué du parquet. Mais MSF a annoncé son intention de faire appel.

Interrogé par l'AFP, le procureur de la République de Marseille, Xavier Tarabeux, a déclaré n'avoir reçu "à ce jour" aucune demande des autorités italiennes concernant l'Aquarius.

La mesure ne change de toute façon pas la donne au large de la Libye, où les ONG ont secouru plus de 120.000 migrants depuis 2014 mais sont désormais quasi-absentes après 18 mois d'incessantes attaques politiques -- de gauche comme de droite --, judiciaires et administratives.

Plusieurs ONG ont suspendu ou déplacé leurs activités, tandis que d'autres voient leur navire bloqué en Italie, à Malte ou en France, comme c'est le cas de l'Aquarius.

L'Aquarius est amarré à Marseille depuis début octobre dans l'attente d'un pavillon lui permettant de naviguer après le retrait de ceux de Gibraltar puis du Panama.

"J'ai bien fait de bloquer les navires des ONG", a réagi Matteo Salvini (extrême droite), ministre italien de l'Intérieur depuis juin. "J'ai arrêté non seulement le trafic des immigrés clandestins mais aussi celui des déchets toxiques".

Selon le parquet, l'Aquarius et le Vos Prudence, un autre navire affrété par MSF en 2017, sont soupçonnés d'avoir fait passer pour des déchets classiques un total de 24 tonnes de déchets présentant un risque sanitaire, économisant au total 460.000 euros.

- "Aucune mise en garde" -

L'enquête porte sur le traitement des vêtements trempés et souillés abandonnés par les migrants à bord, ainsi que des restes alimentaires et déchets sanitaires, que les deux navires ont confiés aux services des ordures des ports où ils débarquaient les migrants secourus en mer.

Or, les équipes médicales de MSF à bord ont signalé parmi les migrants de nombreux cas de gale, HIV, méningites ou infections respiratoires comme la tuberculose et ne pouvaient ignorer le risque de transmission de virus ou d'agents pathogènes via leurs vieux vêtements, selon le parquet.

"Nous avons suivi les procédures qui nous étaient indiquées. La preuve en est qu'en trois ans d'activité, dans un contexte très surveillé, nous n'avons reçu aucune mise en garde, aucune amende, aucune forme d'alerte préventive de la part des autorités", a déclaré Marco Bertotto, un responsable de MSF, lors d'une conférence de presse.

"En ce moment, nos équipes travaillent avec le virus Ebola au Congo, le choléra au Congo également et dans d'autres pays d'Afrique Centrale. Donc le fait d'être accusés de comportement irresponsable (...) est ridicule", a dénoncé Gianfranco de Maio, médecin de MSF.

En Italie, des voix se sont également élevées pour demander comment avaient été traités les déchets similaires sur les navires de la marine ou des garde-côtes italiens, qui ont secouru plus de 300.000 migrants depuis 2014.

Pour l'instant, plusieurs comptes bancaires de MSF ont été placés sous séquestre dans le cadre de cette enquête, qui concerne aussi deux agents maritimes qui faisaient l'interface avec les autorités portuaires, les capitaines des navires et plusieurs responsables de MSF à bord.

Mais pour Gabriele Eminente, directeur général de MSF en Italie, le "seul crime que nous voyons aujourd'hui en Méditerranée est le démantèlement total du système de recherches et de secours".

Grâce à des accords controversés conclus en Libye par le précédent gouvernement de centre gauche pour empêcher les migrants de prendre la mer, puis à la politique des ports fermés de M. Salvini, l'Italie a vu le nombre d'arrivées sur ses côtes chuter drastiquement à partir de l'été 2017.

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Cette année, l'Italie a enregistré 22.500 arrivées sur ses côtes, soit une baisse de plus de 80% par rapport aux années précédentes. Mais selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), faute de navires de secours, la traversée depuis la Libye a coûté la vie à au moins 1.267 migrants cette année.

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