SOS bébés: le modèle nordique en panne d'enfants

Un enfant sur une balançoire sur l'île de Lindøya (Norvège) le 4 août 2017.
Un enfant sur une balançoire sur l'île de Lindøya (Norvège) le 4 août 2017. Tous droits réservés Odd ANDERSEN, Odd ANDERSEN
Par AFP
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"La Norvège a besoin de plus d'enfants! Je ne crois pas avoir besoin de vous faire un dessin". Le sourire en coin, la Première ministre norvégienne a mis le doigt sur un grave problème: on fait de moins en moins de bébés en Europe du Nord.

Longtemps îlot de fertilité sur un Vieux Continent qui n'a jamais autant mérité son appellation, la région nordique est à son tour frappée d'une chute de la natalité. Et elle menace son précieux modèle social, axé sur la solidarité entre générations.

"Dans les décennies à venir, nous allons rencontrer des problèmes avec ce modèle", a averti Erna Solberg dans ses vœux aux Norvégiens. "Il y aura moins de jeunes pour supporter le fardeau de plus en plus lourd de l'État providence".

Tant en Norvège qu'en Finlande ou en Islande, la fécondité est tombée à un plus bas historique en 2017 avec entre 1,49 et 1,71 enfant par femme. Quelques années plus tôt, leur taux frôlait le niveau requis (2,1) pour le renouvellement des générations.

"Dans tous les pays nordiques, il a commencé à baisser dans les années ayant suivi la crise financière de 2008", note Trude Lappegård, sociologue à l'université d'Oslo. "Aujourd'hui, la crise financière est terminée mais il continue de baisser".

De Copenhague au Cap Nord, de Helsinki à Reykjavík, les démographes relèvent deux constantes: les familles nombreuses sont moins... nombreuses, et les femmes attendent plus longtemps avant la première grossesse.

Pas d'explication unique, mais les incertitudes économiques et l'envolée du prix du logement y sont probablement pour quelque chose.

À terme, cela voudra dire moins d'actifs dans ces sociétés vieillissantes pour assurer le financement des généreuses prestations sociales. Notamment ces longs congés parentaux qui peuvent durer jusqu'à 480 jours par exemple en Suède.

- Récompenser les mères? -

Diagnostics et prescriptions diffèrent, selon les experts.

En Norvège, un économiste inquiet des effets du ralentissement démographique sur la croissance suggère de donner aux femmes 500.000 couronnes (50.000 euros) en épargne-retraite pour chaque naissance.

Un autre prône au contraire de verser un million de couronnes aux Norvégiennes atteignant la cinquantaine sans avoir eu d'enfants, faisant valoir qu'eux aussi ont un coût pour la société.

Des municipalités finlandaises ont déjà décidé de délier les cordons de leur bourse pour renforcer les ardeurs sous l'édredon. Village de 2.000 âmes, Miehikkälä offre ainsi 10.000 euros pour chaque bébé né et élevé dans la commune.

"Le nombre d'adultes sans enfant augmente rapidement et celui de femmes en ayant trois, quatre ou plus baisse. Un tel recul est sans précédent à l'époque moderne en Finlande", souligne Anna Rotkirch, sociologue dans une organisation oeuvrant auprès des familles.

Au Danemark, Copenhague a choisi de s'adresser aux hommes, souvent moins pressés que leurs conjointes pour devenir parent, avec une campagne de sensibilisation sur la dégradation de la qualité du sperme avec l'âge.

- Salut par l'immigration -

Dans ce contexte où même la flexibilité des modes de travail, un maillage serré de crèches ou encore les généreux congés parentaux ne suffisent plus, l'immigration peut faire office de planche de salut. Ou de menace, selon les points de vue.

Même si elle n'échappe pas à la tendance baissière, la Suède affiche une fécondité encore relativement élevée à l'échelle européenne, la deuxième de l'UE derrière la France avec 1,85 enfant par femme en 2016.

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Ayant une longue tradition d'accueil, elle le doit en grande partie aux immigrés, qui font généralement plus d'enfants que la moyenne, un phénomène qui se transmet d'une génération à l'autre.

Avec 2,6 enfants par femme ces dernières années, Aneby, petite commune du sud, compte ainsi parmi les plus dynamiques du pays, conséquence de son ouverture deux décennies plus tôt.

"Aneby a reçu environ 225 Érythréens au tournant des années 1990 et, aussitôt après, des réfugiés des Balkans. 1994 a été un record démographique pour la commune", explique à l'AFP Ola Gustafsson, responsable municipal.

Cette contribution démographique des minorités nourrit aussi les craintes.

Ex-ministre de la Justice issu de la droite populiste, Per-Willy Amundsen a fait des vagues en Norvège en préconisant de réduire les allocations familiales après le troisième enfant. Son objectif avoué: réfréner les Somaliens qui ont, selon lui, "une production de naissances" plus élevée que "les Norvégiens de souche".

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