Législatives en Espagne : victoire des socialistes, entrée de l'extrême droite

REUTERS/Sergio Perez
REUTERS/Sergio Perez Tous droits réservés REUTERS/Sergio Perez
Tous droits réservés REUTERS/Sergio Perez
Par Euronews
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button

Espagne : comment former un gouvernement sans majorité absolue ? Le casse-tête commence pour le socialiste Pedro Sánchez.

PUBLICITÉ

Le parti socialiste espagnol du Premier ministre Pedro Sánchez a largement remporté les élections législatives anticipées de dimanche sans obtenir une majorité absolue. Le parti d'extrême droite, Vox, fait son entrée dans la chambre des députés.

La gauche gagne, sans majorité absolue

Aucune majorité absolue ne se dégage à l'issue de ces élections législatives anticipées. Avec 123 députés élus, le PSOE (Parti socialiste ouvrier espagnol) reste loin des 176 sièges nécessaires pour gouverner seul. Mais devant ses supporters venus l'acclamer, le Premier ministre l'a assuré : "nous allons former un gouvernement solide ! ". Le leader socialiste entend mener une coalition pro-européenne qui respect la Constitution et qui prône la justice sociale.

Une tâche qui s'annonce difficile pour Pedro Sánchez alors que ses militants lui demandaient, pendant son discours, de ne pas former de coalition avec le parti Ciudadanos. Ensemble, le PSOE et Ciudadanos auraient franchi le seuil magique de la majorité absolue. Mais le leader de la formation de centre droit qui souhaite "chasser Sanchez du pouvoir" a annoncé prendre la tête de l'opposition face aux socialistes.

Message reçu par le Premier ministre qui a fait l'éloge de la sociale-démocratie et du progressisme devant son QG de campagne. "Nous avons envoyé un message clair à l’Europe et au monde, qui dit que l’on peut vaincre les conservateurs et l’autoritarisme. [...] Onze années que les socialistes attendaient de gagner !" a-t-il lancé.

"Nos trois objectifs sont de faire avancer la justice sociale pour lutter contre les inégalités, faire cesser la crise territoriale et en finir avec la corruption" a-t-il indiqué.

Le casse-tête des alliances

Une alliance avec Podemos est donc envisageable. Le leader du parti d'extrême gauche n'a pas exclu cette possibilité et a demandé "du temps" aux journalistes devant son QG.

"Nous travaillons pour former un gouvernement de gauche. Cela va mettre longtemps, je vous demande d’être patient. Nous allons être discret" a déclaré Pablo Iglesias, qui s'est entretenu avec le Premier ministre avant de s'adresser à la presse.

Cette hypothétique alliance entre le PSOE et Podemos ne sera toutefois pas suffisante car le parti d'extrême gauche a subi une lourde défaite, passant de 71 à 35 sièges au congrès des députés.
(NDLR : Podemos remporte 35 sièges. Le parti En comú Podem (qui est une coalition politique catalane proche de Podemos) remporte 7 sièges. Mis en commun, cette alliance représente 42 sièges dans le nouveau parlement.

Pedro Sánchez pourrait donc également entamer des négociations avec le parti indépendantiste GRC (Gauche Républicaine de Catalogne) qui a remporté 15 sièges à l'issue du scrutin. Une coalition PSOE - Podemos - GRC ne serait cependant toujours pas suffisante pour atteindre les 176 sièges.

Le Premier ministre devra donc probablement chercher des soutiens auprès d'autres partis tels que Junts Per Catalunya et le Partido Nacionalista Vasco (parti nationaliste basque), au prix de lourdes concessions sur l'autonomie de certaines régions.

Au Sénat le PSOE remporte une majorité absolue avec 208 sièges.

L'extrême droite entre au Parlement

Ils seront 24 députés. Santiago Abascal a martelé ce chiffre lors de son premier discours à l'issue du scrutin. "Bienvenue dans la résistance, nous n'avons peur de personne" a déclaré le leader du parti Vox qui fait une entrée fracassante au sein du parlement espagnol. Il s'agit de la première formation d'extrême droite présente dans l'Assemblée depuis le décès du dictateur fasciste Franco.

Face à ses supporters entonnant "l’Espagne unie ne sera jamais vaincue !", Abscal a fustigé le Parti populaire (droite) qui disposait d'une majorité à l'assemblée, accusant ses leaders de n'avoir pas pu empêcher la victoire de la gauche.

La droite affaiblie

Le parti populaire (droite) est sans doute le grand perdant de ces élections législatives. Initialement doté d'une majorité relative à l'Assemblée avec 137 sièges, le PP tombe à 66 sièges et enfonce la droite espagnole dans la crise. Même en s'alliant avec Vox (24 sièges) et Ciudadanos qui réalise une bonne opération en passant de 32 à 57 sièges, la droite ne pourra pas faire barrage à la gauche.

Le contexte indépendantiste

Pendant la campagne, le Parti Populaire et Vox ont proféré des attaques agressives contre le Premier ministre, le qualifiant de "traître" pour être parvenu au pouvoir en partie grâce aux voix des séparatistes catalans et pour avoir ensuite tenté de dialoguer avec eux.

Pedro Sánchez aurait souhaité ne pas avoir à se lier avec ces formations politiques. Mais face à l'impossibilité de former une coalition avec Ciudadanos, le dialogue avec les indépendantistes semble inévitable. Un comble pour Pedro Sanchez, qui a dû convoquer ces élections anticipées à cause de leur refus de voter son budget.

La Catalogne, où les séparatistes ont déclenché en 2017 la pire crise politique du pays en quarante ans, continue à hanter l'Espagne.

Participation en hausse

Plus de 75% des électeurs se sont déplacés pour ces élections anticipées contre 66,48% lors du scrutin de juin 2016. La hausse de la mobilisation était particulièrement importante en Catalogne avec près de 18 points de plus qu'en 2016 à 18h.

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

En Espagne, Pedro Sanchez serein

Elections espagnoles : le jour d'après

Les indépendantistes en tête en Catalogne, une première aux législatives