Manifestation de milliers de Libériens déçus par George Weah à Monrovia

Manifestation de milliers de Libériens déçus par George Weah à Monrovia
Par AFP
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Des milliers de Libériens ont manifesté pacifiquement vendredi à Monrovia pour obtenir de meilleures conditions de vie, premier test d'envergure pour le président George Weah, qui peine à redresser l'économie et à lutter contre la corruption 17 mois après son arrivée au pouvoir.

Des dizaines d'associations de la société civile, y compris des pans de la jeunesse ayant porté l'ex-footballeur star au pouvoir en janvier 2018, réunies au sein d'un "Conseil des patriotes" et soutenues par des partis de l'opposition, appelaient depuis deux mois à manifester ce 7 juin.

Venus en chantant et en dansant, les manifestants se sont rassemblés par milliers dans les jardins du Parlement, placé sous forte protection policière. Les organisateurs n'ont pas souhaité avancer d'estimations, mais une source policière a évoqué quelque 4.000 participants.

Pour des raisons de sécurité, ils devaient présenter leurs doléances à la vice-présidente Jewel Howard-Taylor, ex-épouse de l'ancien chef de guerre et président Charles Taylor (1997-2003), plutôt qu'au chef de l'Etat.

Mais Mme Howard-Taylor ne s'est pas présentée et les manifestants ont refusé de s'adresser aux ministres des Affaires étrangères et de la Justice, exigeant comme préalable la libération de six manifestants arrêtés mercredi lors de heurts avec la police, qu'ils n'ont pas obtenue.

L'animateur radio Henry Costa, fer de lance du mouvement, a leur a demandé en fin d'après-midi de "rentrer chez eux et de revenir lundi".

Dans la foule, certains se disaient "admiratifs" du déroulement pacifique de la manifestation, alors que la communauté internationale s'était inquiétée d'une possible résurgence des violences dans un pays hanté par une guerre civile qui a fait quelque 250.000 morts de 1989 à 2003.

- 'Plus d'insultes' -

Elu successeur de la présidente Ellen Johnson Sirleaf (2006-2018) sur un programme de résorption de la pauvreté et de lutte contre la corruption, l'ex-star du PSG et du Milan AC a promis de garantir la sécurité et le droit de manifester.

Mais il a haussé le ton jeudi: "Les insultes et l'incitation à la violence ne seront plus jamais tolérées sous mon administration", a-t-il dit. Twitter et Facebook étaient inaccessibles vendredi, ont relevé des correspondants de l'AFP.

George Weah a également défendu son bilan, invoquant le poids de l'héritage de l'administration précédente.

"Nous ne méritons pas d'être punis pour avoir construit des routes pour des localités longtemps oubliées, avoir payé les frais d'examens de ceux qui ne peuvent se les permettre ou proclamer la gratuité dans les écoles publiques", a-t-il notamment affirmé.

"J'ai voté pour Weah, mais je manifeste contre lui car je suis déçu. Il est venu pour le changement, on demande le changement", a déclaré Anthony Wleh, 25 ans, en montrant sa carte de membre du parti de George Weah.

"J'aime toujours le président, mais son entourage est vraiment décevant", abondait un autre jeune électeur de George Weah,, Blamo Varplah.

- Inflation galopante -

Les manifestants réclament des mesures pour résorber la crise économique, un tribunal spécial pour juger les responsables de la guerre civile et le renforcement de la lutte contre la corruption.

"Le problème fondamental, c'est le cours du dollar américain", qui a doublé par rapport au dollar libérien en deux ans, selon le professeur d'économie Samuel Vaye. "Avant, je pouvais nourrir ma famille pendant un jour avec 500 dollars libériens. Maintenant, avec 1.000 dollars, je n'y arrive pas", se désole Angeline Flomo, une mère de famille de 35 ans.

Des opérations monétaires hasardeuses conduites par la Banque centrale du Liberia (CBL) sous les administrations Sirleaf puis Weah n'ont fait qu'aggraver la situation. Cinq anciens responsables de cette institution, dont un fils de Mme Sirleaf, ont été inculpés en mars de "sabotage économique".

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George Weah, qui s'est dit conscient des difficultés rencontrées par la population, a annoncé le 29 mai le prochain lancement d'un programme d'aide du Fonds monétaire international (FMI), synonyme de "sacrifices" mais censé stabiliser l'économie.

Il s'est aussi engagé à changer la direction de la CBL, à intensifier la lutte contre la corruption, outre le maintien de la priorité accordée à l'éducation, à la santé, aux infrastructures routières et à l'investissement.

Trop peu ou trop tard, pour ses adversaires.

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