Au Bélarus, des femmes contre Loukachenko

Des femmes protestant dans les rues de Minsk
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Par Anelise Borges
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Découvrez le reportage de notre envoyée spéciale Anelise Borges à Minsk, aux côtés de celles qui défient l'indéboulonnable président bélarusse.

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Des femmes bélarusses ont manifesté jeudi à Minsk pour défier une fois de plus Alexandre Loukachenko, réélu à la tête du pays lors d'une présidentielle dont le résultat est contesté par l'opposition. Notre reporter Anelise Borges était sur place.

"Notre président dit que notre constitution n'est pas faite pour les femmes et que les femmes ne peuvent que servir le gouvernement, servir les hommes, que nous n'avons aucune force, pas assez de connaissances ni la capacité de gouverner", explique une manifestante en évoquant les récentes sorties de l'indéboulonnable Loukachenko, qui cultive volontiers une image de chef viril.

Pour elle, le trio de femmes emmené par la candidate malheureuse Svetlana Tikhanouskaïa a représenté une lueur d'espoir :

"Je pense que ces trois femmes sont un symbole, cela montre que nous avons de la force et de la voix. Nous sommes égales et dans certains cas nous sommes même, je pense, plus fortes", dit-elle.

En Biélorussie, rarement une élection avait autant divisé. Aux cours des 26 dernières années, Alexandre Loukachenko a été sacré lors d'événements que beaucoup ne considèrent pas comme des élections libres et justes.

Cette année, le chef de l'Etat, qui a répété à plusieurs reprises que son pays n'était pas prêt à être présidé par une femme, a vu son siège et sa crédibilité, menacé par trois d'entre elles.

"Nous allons continuer à insister"

A l'image de Svetlana Tikhanouskaïa, qui dit s'être lancée dans la course présidentielle par amour pour son époux, un opposant emprisonné en mai dernier alors qu'il songeait à se présenter, incarnent pour beaucoup l'exaspération que génère son gouvernement autoritaire.

Maria Kolesnikova, qui soutenait un autre opposant, lui aussi emprisonné avant la campagne, s'est ralliée à sa candidature. Elle est la dernière des trois figures féminines de la campagne ayant fait trembler le pouvoir (la troisième étant Veronika Tsepkalo) à se trouver encore dans le pays.

Les autres ont fui pour des questions de sécurité. Mais sa mission, dit-elle, n'est pas terminée.

"Nous allons continuer à insister, pour avoir des élections libres et justes, pour libérer tous les prisonniers politiques, parmi lesquels nos amis, nos proches, et nous allons créer une plateforme pour soutenir ceux qui ont souffert pendant les manifestations", explique-t-elle à Euronews.

Un rapport d' Amnesty international affirme que les autorités s'en sont prises aux femmes, spécifiquement en raison de leur genre. L'ONG parle de "_misogynie promue par l'Eta_t". Des activistes affirment avoir reçu des menaces de viol, où bien concernant la garde de leurs enfants.

Mais selon Maria Kolesnikova, le vent est en train de tourner. Elle dit recevoir "beaucoup de soutien de la part du peuple biélorusse. Les gens se réunissent dans les rues, m'applaudissent, me prennent dans leurs bras. Je sais au fond qu'ensemble, nous pouvons changer la Biélorussie pour le mieux".

Pour les manifestantes ce jeudi, cette présidentielle a prouvé que les femmes pouvaient parler au nom de la Biélorussie. Après 26 ans de silence forcé, elles se disent déterminées à prendre la parole.

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