En l'absence de tribunal spécial à l'ONU, trois ONG ont déposé plainte pour crimes contre l'humanité devant le parquet de Karlsruhe.
En 2013, la Ghouta orientale, un quartier de Damas, devient le théâtre d’un carnage chimique qui aurait été perpétré par le régime syrien et qui aurait causé la mort de 1200 personnes, victimes du gaz sarin, selon trois ONG syriennes et internationales, les mêmes à l'origine de la plainte déposée ce lundi pour crimes contre l'humanité.
Pour la première fois donc, le dossier va atterrir sur le bureau d’un procureur. En cause : deux offensives retentissantes, celle de la Ghouta et celle de Khan Cheikhoun – 200 victimes en avril 2017, selon les plaignants.
Les trois organisations affirment posséder de nouveaux documents prouvant l’implication des programmes de recherche syriens dans ces attaques, et la stratégie du gouvernement consistant viser des civils dans les zones rebelles.
Par ailleurs, Bachar El-Assad et plusieurs dignitaires du régime, dont son propre frère, semblent être directement visés. L'accusation s’appuiera sur le témoignage de 17 survivants et ceux d'une cinquantaine de déserteurs qui doivent permettre de remonter la chaine de commandement concernant ces deux évènements.
Le parquet de Karlsruhe, tout près de la frontière française, jugera les faits en vertu du principe de compétence universelle, en vigueur en Allemagne. Il pourra aussi s’aider des enquêtes menées par les nations unies depuis 2016. Pour autant, à ce jour, l’ONU n’a jamais créé de tribunal spécial pour la guerre civile syrienne.