Football, avec ou sans spectateurs ? Ce que le coronavirus a changé en Europe

Cristiano Ronaldo sur le terrain pendant le huitième de finale retour de la Ligue des champions perdu par la Juventus contre Lyon au stade Allianz de Turin, vide, en août 2020
Cristiano Ronaldo sur le terrain pendant le huitième de finale retour de la Ligue des champions perdu par la Juventus contre Lyon au stade Allianz de Turin, vide, en août 2020 Tous droits réservés Antonio Calanni/Copyright 2020 The Associated Press. All rights reserved
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Par Cyril Collot
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"Les fans de football aiment par-dessus tout se rendre au stade chaque week-end et ils ne se contenteront jamais uniquement de la télévision" assure Maxime Gonalons, milieu de terrain du Grenade CF. "Ils auront besoin de retrouver un jour ou l’autre les tribunes pour communier avec leur équipe."

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Des jauges de 1 000 à 5 000 spectateurs, des matches à huis clos, d’autres disputés dans des stades bien garnis et l’UEFA qui préconise un taux de remplissage de 30%... Difficile pour les supporters et les joueurs de s’y retrouver dans un football européen clairement déstabilisé par la pandémie de coronavirus.

Le 1er octobre, les dirigeants de l’UEFA profitaient du tirage au sort de la Champions League 2021-2022, à Nyon en Suisse, pour annoncer le retour du public en compétitions européennes. L’instance continentale préconisait une jauge limitée à 30% dans les stades alors que, depuis la fin de l’hiver, tous les matches européens, dont le « Final 8 » qui avait sacré au mois d’août le Bayern Munich face au Paris Saint-Germain, avaient eu lieu à huis clos en raison de la crise sanitaire.

Une première avancée et l’espoir d’un retour à la normale pour les clubs européens et les fédérations qui doivent se serrer la ceinture depuis qu’ils sont contraints de faire une croix sur une (grande) partie des recettes liées à la billetterie. Cette décision de l’UEFA n’est pourtant qu’une préconisation car, au final, ce sont les gouvernements de chaque pays accueillant les rencontres qui auront le dernier mot.

La France, l’Italie et l’Espagne, championnats les plus affectés

Depuis la reprise des championnats nationaux, les disparités sont d’ailleurs flagrantes en Europe. Les rencontres peuvent se jouer soit dans des stades vides ou devant une belle chambrée suivant les mesures prises dans chaque pays pour lutter contre la propagation du coronavirus. Par exemple, 4 octobre, en Belgique le sommet du championnat entre le Club Bruges et Anderlecht a pu rassembler 9 000 spectateurs dans le stade Jan Breydel, qui peut en contenir trois fois plus.

En Suisse, le public était également au rendez-vous ce week-end là au Parc Saint-Jacques, l’une des plus belles ambiances de Super League, avec près de 10 000 fans pour assister à la victoire 3-2 des rouge et bleu du FC Bâle face à Lucerne. De l’autre côté de la frontière, en Allemagne, le foot respire également depuis la mi-septembre : la Bundesliga accueille de nouveau des supporters en expérimentant pendant six semaines un taux d’occupation de 20% des sièges.

Pendant ce temps, les championnats des trois pays européens les plus touchés par la Covid-19 se morfondent. En France, on pouvait presque compter les 995 spectateurs du Parc des Princes lors de la correction 6-1 infligée par le Paris Saint-Germain au club d’Angers, alors que le lendemain, ils étaient 1 000 tout rond, perdus dans un vaisseau de 58 000 places pour « l’Olympico » entre Lyon et Marseille dans l’affiche de la 6e journée de Ligue 1.

En Italie, le 5 octobre, les 1 000 tifosis de la Juventus Turin ont attendu pendant 45 minutes les joueurs du Napoli. Ceux-ci ne se sont finalement pas présentés en raison de plusieurs cas de coronavirus dans l’équipe. Le forfait de Naples face à la Juve à la suite de deux cas de Covid-2019 dans l'effectif risque d'ailleurs de valoir au club napolitain une défaite 3-0 sur tapis vert.

On termine les matchs dans l’anonymat et on repart à la maison en tenue de foot…
Maxime Gonalons
Joueur du Grenade CF

Et que dire de l’Espagne et de l’Angleterre ? Les équipes de Premier League ont renoncé à accueillir des spectateurs dans leurs stades, tant que la jauge maximale serait fixée à 1 000 spectateurs. Les clubs de Liga évoluent, elles, à huis clos chaque week-end depuis le coup d’envoi de la nouvelle saison mi-septembre.

Une ambiance virtuelle pour remédier aux stades silencieux

Pour pallier l’absence de public, les diffuseurs proposent une ambiance virtuelle aux téléspectateurs afin de restituer la ferveur d’avant-pandémie. Un leurre qui suffit pour le moment à doper des audiences télévisées en forte hausse en Espagne.

Maxime Gonalons lors d'un match contre Malmö FF

Cette nouvelle habitude de vivre sa passion à distance pourrait-elle modifier à terme la perception d’un sport érigé en religion dans de nombreux pays ? "Je ne pense pas qu’on en arrive là", assure Maxime Gonalons, milieu de terrain du Grenade CF, "les fans de football aiment par-dessus tout se rendre au stade chaque week-end et ils ne se contenteront jamais uniquement de la télévision. Ils auront besoin de retrouver un jour ou l’autre les tribunes pour communier avec leur équipe."

L’ancien international français de 31 ans concède tout de même que les joueurs vivent désormais cloisonnés dans une bulle et que la distance imposée change forcément la perception des rencontres : "la façon de jouer reste identique même si actuellement on peut se parler sur le terrain. Par contre, l’environnement des matches est très étrange. On débarque dans des stades vides et on joue sans cette passion qui peut nous transcender. C’est pour ces moments de ferveur que l’on a voulu devenir professionnel. Aujourd’hui, on termine un match quasiment dans l’anonymat et on repart en tenue de foot à la maison car on ne peut même plus prendre de douches dans les vestiaires du stade."

Ainsi va le ballon rond en cette période de pandémie de coronavirus où les rencontres semblent guidées uniquement par les enjeux économiques et les droits TV. Un entre-deux, en attendant, comme l’espèrent joueurs et supporters, retrouver très vite le football d’antan.

Sources additionnelles • Thomas Seymat

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