Attaquée par des membres du gouvernement, la mairie écologiste se défend de vouloir imposer une "idéologie" dans les assiettes. Des agriculteurs ont manifesté leur opposition à la mesure ce lundi à Lyon.
Attaquée par des membres du gouvernement, la mairie écologiste se défend de vouloir imposer une "idéologie" dans les assiettes. Des agriculteurs ont manifesté leur opposition à la mesure ce lundi à Lyon.
Des chèvres et vaches à deux pas de l'Hôtel de ville, des tracteurs bloquant une partie du trafic sur les quais du Rhône, et des banderoles affichant une colère noire... Les agriculteurs avaient visiblement un message à faire passer aux Verts à Lyon (Rhône) : "pas touche aux viandes des cantines scolaires". Ils étaient quelques dizaines à s'être réunis à Lyon ce mardi matin pour manifester leur mécontement.
La mairie écologiste de Lyon a annoncé la mise en place d'un menu unique sans viande - mais qui conserve les œufs et le poisson - et ce pour une période limitée. Et elle l'assure : l'objectif est de répondre à des impératifs sanitaires liés à la crise du Covid-19.
Précision de Stéphanie Léger, adjointe au maire de Lyon en charge de l'éducation sur Twitter : en raison d'un nouveau protocole sanitaire demandé par le gouvernement, les cantines doivent accélérer les flux et respecter 2 mètres de distance.
La viande ferait donc perdre du temps. Mais pour les ministres de l'Intérieur et de l'Agriculture - Gérald Darmanin et Julien Denormandie - membres d'un parti qui a quelque peu souffert face aux Verts lors des dernières municipales à Lyon, et ailleurs, la crise serait une excuse pour mettre dans les assiettes des enfants une "idéologie", autrement dit celle d'une alimentation sans viande.
Les agriculteurs présents à la manifestation lundi matin n'en pensent pas moins. Ils craignent des conséquences pour écouler leurs stocks, alors qu'ils doivent déjà supporter la fermeture des restaurants à cause des restrictions sanitaires.
"Depuis le début de la crise, nous avons fait un travail considérable au niveau local pour travailler à l'approvisionnement de ces cantines", explique Pascal Girin, président de la FDSEA du Rhône, qui a appelé à manifester. "De ce fait, la part de produits locaux dans les repas des enfants a considérablement évolué. C'est dommage d'avoir pris cette décision car on va réinverser la tendance. En termes de protéines végétales, nous sommes dépendants des importations. Si on doit augmenter la part des protéines végétales dans l'alimentation des Français, cela passera inévitablement par une évolution des importations, notamment en provenance des pays d'Amérique du sud, donc l'impact écologique sera d'autant plus important, c'est un peu aberrant."
Les écologistes se disent au contraire affligés par une "polémique" alimentée par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, ironiquement surnommé "ministre des cantines scolaires" par Julien Bayou, Secrétaire national d'Europe Écologie Les Verts (EELV).
Le maire de Lyon a fait remarquer que la mesure avait déjà été mise en place lors de la réouverture des écoles à la fin du premier confinement, par l'ancien maire de Lyon, qui était alors La République en Marche, le parti de la majorité. Mais à l'époque, la mesure n'avait pas fait autant jaser.