Des milliers de Cubains sont descendus dans les rues de plusieurs villes de l'île pour dénoncer les pénuries, des violences ont éclaté, la police et l'armée sont mobilisés. Le président a appelé tous les "révolutionnaires" à sortir eux aussi dans les rues.
Excédés par la crise économique, des milliers de Cubains ont défilé à travers l'île pour protester contre les pénuries alimentaires, le manque de médicaments, les prix élevés et les coupures d’électricité quotidiennes, en pleine pandémie de Coronavirus. Un événement rarissime à Cuba, où les seuls rassemblements autorisés sont généralement ceux du parti communiste au pouvoir.
De nombreux jeunes ont pris part à la manifestation qui a perturbé la circulation pendant plusieurs heures, jusqu'à ce que quelques manifestants se mettent à jeter des pavés sur les policiers. Plusieurs voitures de police ont été renversées, endommagées et évacuées.
Un important dispositif policier et militaire a été déployé dans la capitale et plusieurs villes de province. La police a arrêté au moins 10 personnes.
Moteur d'un nombre croissant de revendications de la population depuis son arrivée à Cuba fin 2018, l'internet mobile était coupé dans une grande partie du pays.
Ce lundi, le président cubain Miguel Diaz-Canel a accusé le gouvernement américain de mener "une politique d'asphyxie économique pour provoquer des troubles sociaux" et "un changement de régime" sur l'île.
Dans une allocution retransmise à la télévision et à la radio, il a assuré que son gouvernement essaie d'"affronter et de vaincre" les difficultés face aux sanctions américaines, renforcées depuis le mandat de Donald Trump.
L'allié russe, de son côté, a mis en garde contre toute "ingérence étrangère __dans les affaires intérieures d'un État souverain et toute autre action destructrice qui favoriserait la déstabilisation de la situation sur l'île".
A la mi-journée, dimanche, Miguel Diaz-Canel s'était rendu à San Antonio de los Baños, à 35 km au sud-ouest de La Havane, accompagné de militants du parti qui ont défilé aux cris de "Vive Cuba!" et "Vive Fidel ". Il était allé à la rencontre d'habitants de la localité qui continuaient de protester contre la crise économique.
"Levez l'embargo!"
La pandémie de Covid-19 a plongé Cuba dans une grave crise économique, la pire depuis 30 ans, aggravant les pénuries d'aliments et de médicaments et générant un fort malaise social.
Les difficultés économiques ont poussé les autorités à couper l'électricité plusieurs heures par jour.
"La situation énergétique semble avoir échauffé certains esprits ici", a reconnu Miguel Diaz-Canel face aux journalistes, accusant les sanctions américaines d'être responsables de la crise. "Si vous voulez que le peuple aille mieux, levez d'abord l'embargo" imposé depuis 1962.
"Il y a une mafia cubano-américaine qui paie très bien sur les réseaux sociaux (...) Elle a pris le prétexte de la situation de Cuba et a appelé à des manifestations dans toutes les régions du pays", a-t-il affirmé.
Le président a toutefois reconnu que "des gens sont venus manifester leur insatisfaction", il les a qualifiés de "révolutionnaires désorientés".
A Miami, la communauté cubaine anti-Castro a manifesté elle aussi en nombre pour dénoncer le manque de liberté à Cuba et l'aggravation de la situation économique.
Ces manifestations sont survenues le jour où Cuba a enregistré un nouveau record quotidien de contaminations et de morts dues au coronavirus, avec 6 923 cas recensés et 47 morts en 24 heures (pour 1 537 décès au total).
Sous les mots-clés #SOSCuba ou #SOSMatanzas (du nom de la province la plus touchée), les appels au secours se multiplient sur les réseaux sociaux, tout comme les appels au gouvernement pour qu'il facilite l'envoi de dons de l'étranger.
Samedi, un groupe d'opposants avait demandé l'instauration d'un "couloir humanitaire", une initiative que le gouvernement a écartée, dénonçant "une campagne" qui cherche à "présenter une image de chaos total dans le pays qui ne correspond pas à la situation actuelle".