Des dizaines de milliers de Géorgiens ont manifesté à Tbilissi pour réclamer la libération de l'ancien président Saakachvili, emprisonné depuis deux semaines.
PUBLICITÉEn Géorgie, au moins 50 000 personnes ont manifesté jeudi dans le centre de la capitale Tbilissi pour réclamer la libération de l'ex-président Mikheïl Saakachvili. Celui-ci est en prison et vient de commencer une grève de la faim.
Président géorgien entre 2004 et 2013, Mikheïl Saakachvili, 53 ans, a été arrêté le 1er octobre, à son retour d'un exil de huit ans afin de purger une peine de six ans de prison pour "abus de pouvoir" (prononcée par contumace en 2018).
Ce pays du Caucase, qui a connu une histoire mouvementée depuis son indépendance en 1991 après l'effondrement de l'Union soviétique, est plongé dans une profonde crise politique.
Mercredi, plus de 70 000 personnes avaient signé une pétition en ligne exigeant la remise en liberté de Saakachvili. Des slogans en ce sens ont par ailleurs été inscrits sur de nombreux bâtiments et trottoirs à travers le pays.
L'emprisonnement de l'ancien président s'inscrit dans le cadre de la crise politique qui secoue la Géorgie depuis les dernières législatives, remportées de peu en octobre 2020 par le parti au pouvoir, Rêve géorgien, fondé par le milliardaire Bidzina Ivanichvili, le grand rival de Saakachvili.
Mikheïl Saakachvili, personnalité charismatique autant adulée que critiquée, était rentré secrètement en Géorgie il y a deux semaines, à la veille d'élections municipales cruciales pour le pouvoir.
Le scrutin a finalement été remporté par le parti au pouvoir avec 46,7% des voix, contre 30,6% au Mouvement national uni (MNU) de Saakachvili. Les divers partis d'opposition ont cependant rassemblé ensemble 53% des voix et dénoncé des fraudes massives.
Dans les principales villes, dont Tbilissi, des seconds tours auront lieu le 30 octobre entre des candidats du pouvoir et du MNU.
Signe de l'inquiétude suscitée par l'arrestation de Saakachvili, les États-Unis ont appelé la semaine dernière Tbilissi à s'assurer que l'opposant "bénéficie d'un traitement équitable, conformément au droit géorgien et aux engagements internationaux de la Géorgie en matière de droits humains".
Saakachvili a été déchu de sa nationalité géorgienne et possède un passeport ukrainien depuis 2016. Avant de regagner son pays natal, il a vécu plusieurs années en Ukraine où il s'est vu confier des fonctions officielles. La semaine dernière, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait réclamé que Mikheïl Saakachvili puisse retourner en Ukraine.
Mais le gouvernement géorgien a jusqu'à présent affiché sa fermeté à cet égard.