Incertitude et instabilité politique en Macédoine du Nord

La défaite écrasante du parti au pouvoir lors des élections locales en Macédoine du Nord a provoqué une réaction en chaîne. Après des mois de baisse de popularité, le premier ministre Zoran Zaev a annoncé sa démission avant de revenir quelques jours plus tard sur sa décision et de survivre à un vote de défiance de l'opposition. Dans la bataille, il a perdu l'un des partenaires de sa coalition, le parti albanais DUI. Pour l'heure, tout semble en suspens.
"C'est définitivement une période d'incertitude et d'instabilité. Nous verrons si Zoran Zaev parvient à former un gouvernement viable. Il est très probable que des élections soient organisées dans les prochains mois. Beaucoup de choses dépendent de ce qui va se passer avec les négociations d'adhésion à l'UE", analyse Giannis Armakolas, Professeur à l'université de Macédoine.
La clé de la stabilité du gouvernement réside dans les négociations d'adhésion à l'UE. Le plus grand obstacle reste le veto mis par la Bulgarie. En mars 2020, Paris avait levé le sien, mais Sofia résiste, même si elle semble prête à céder. La question reste de savoir quand.
''Je pense que la levée du veto est proche, mais pas aussi proche que l'on veut bien nous le faire entendre. Je ne pense vraiment pas que ce processus sera clos d'ici début décembre. C'est trop tôt. Cela dépendra beaucoup de l'actuel et très probable futur président bulgare, Roumen Radev, qui maintient les positions bulgares assez fermement et ne veut pas aller dans le sens d'un compromis. Cela dépendra du nouveau gouvernement, or le processus pour former ce dernier s’annonce très long, tout comme trouver un consensus en son sein", l'analyste et directeur d'Eurothink, Dimitar Nikolovski.
- Relations avec la Grèce -
En 2018, l’accord conclut par Zoran Zaev avec Athènes résolvait un conflit avec la Grèce sur le nom de la Macédoine. La brouille identitaire était résolue et le veto grec au rapprochement de la Macédoine du Nord avec l’UE était levé. La Grèce reste cependant vigilante.
Fay Doulgkeri, euronews :
''Athènes suit de près les développements politiques en Macédoine du Nord et affirme que les accords doivent être respectés, quel que soit le gouvernement au pouvoir. Le ministre grec des Affaires étrangères, Nikos Dendias, a déclaré il y a quelques jours qu'Athènes attendait de Skopje qu'elle remplisse toutes les obligations découlant de l'accord bilatéral sur le nom du pays et a réitéré l'engagement ferme d'Athènes en faveur de la voie européenne des Balkans occidentaux".