L'UE bloque la fusion des chantiers navals des groupes sud-coréens Daewoo et Hyundai

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Tous droits réservés Francisco Seco/Copyright 2021 The Associated Press. All rights reserved
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Par euronews avec AFP
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Notifié fin 2019 à la Commission européenne, qui avait aussitôt ouvert une enquête approfondie, le projet de fusion entre Daewoo et Hyundai aurait donné naissance à un géant contrôlant près des 2/3 du marché mondial des gros navires de transport de gaz naturel liquéfié. L'UE a donc refusé la fusion.

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L'UE a bloqué jeudi la fusion des chantiers navals des groupes sud-coréens Daewoo et Hyundai, deux mastodontes mondiaux du secteur, redoutant "une position dominante" susceptible de renchérir le coût du transport de gaz naturel liquéfié, sur fond de flambée des prix de l'énergie en Europe.

Notifié en novembre 2019 à la Commission européenne, qui avait aussitôt ouvert une enquête approfondie, ce projet de fusion aurait donné naissance à un géant contrôlant près des deux tiers du marché mondial des gros navires de transport de gaz naturel liquéfié (GNL).

"L'acquisition de Daewoo Shipbuilding & Marine Engineering par Hyundai Heavy Industries Holdings aurait réduit la concurrence", écrasant de son poids "un marché déjà concentré", a justifié la Commission, gardienne de la concurrence dans l'UE.

Bruxelles craignait que les armateurs européens n'aient pas un pouvoir de négociation suffisant face à un tel acteur dominant: "ils se seraient retrouvés avec peu d'alternatives, seule une poignée de concurrents auraient survécu", a insisté devant la presse la commissaire à la Concurrence, Margrethe Vestager.

Bruxelles peut bloquer une fusion dès lors que celle-ci a un impact sur le vaste marché européen de 450 millions de personnes. "Peu importe où se trouvent les entreprises voulant fusionner. Ce qui importe c'est qu'elles participent à la concurrence pour répondre à une demande en Europe", a rappelé Mme Vestager.

Or, alors que le marché mondial de la construction de grands transporteurs de GNL a représenté quelque 40 milliards d'euros ces cinq dernières années, les clients européens ont compté pour environ la moitié des commandes, estime la Commission.

Mme Vestager a regretté que les deux groupes n'aient pas proposé de "mesures correctives" pour rassurer Bruxelles.

En cas de rapprochement Daewoo-Hyundai, les constructeurs navals restants, qui peinent déjà à résister à la pression des deux géants sud-coréens et à engranger de nouvelles commandes, auraient été contraints de s'aligner sur les prix du groupe fusionné, face à une clientèle "fragmentée" et "caractérisée par de petites commandes".

La réduction du choix de constructeurs aurait conduit "à une hausse des prix (des navires) pour les clients de l'UE et, en fin de compte, pour les consommateurs d'énergie", observe l'exécutif européen.

- "Déraisonnable" et "décevant" -

"Les tarifs du transport ont explosé. Le risque est d'ajouter des prix encore plus élevés à des cours de l'énergie qui ont eux-mêmes flambé" ces derniers mois, expliquait en début de semaine à l'AFP une source proche du dossier, anticipant le refus de Bruxelles.

La question du transport est d'autant plus stratégique que les tensions avec la Russie pourraient inciter l'UE à diversifier ses approvisionnements en gaz et gonfler sa demande de GNL acheminé par bateau.

Après son enquête, d'une durée inhabituellement longue -plus de deux ans-, la Commission a également conclu qu'il serait illusoire d'imaginer l'arrivée de nouveaux acteurs susceptibles de bousculer la domination sud-coréenne. Bruxelles a pointé du doigt "des barrières très élevées" pour construire des transporteurs de GNL, "navires hautement sophistiqués et différenciés".

Hyundai Heavy Industries Holdings a déploré le veto européen, le jugeant "déraisonnable" et "décevant".

La fusion n'aurait pas étouffé la concurrence, a fait valoir le groupe sud-coréen en énumérant les rivaux potentiels: son compatriote Samsung Heavy Industries, le chinois Hudong Zhonghua, ou encore le japonais Mitsubishi.

Hyundai, qui n'exclut pas un recours devant la justice de l'UE, a rappelé que l'autorité de la concurrence de Singapour avait donné son feu vert à la fusion: cette dernière avait estimé que le fait de détenir une part de marché élevée ne conférait "pas nécessairement" une position dominante sur ce marché, où les commandes s'obtiennent généralement via des appels d'offres.

Il est rare que la Commission européenne bloque une fusion: sa dernière interdiction remonte à juin 2019, avec le refus d'un rapprochement des sidérurgistes indien Tata Steel et allemand ThyssenKrupp.

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