La Hongrie et la Slovaquie, très dépendantes du pétrole de Moscou, refusent la proposition d'Ursula von der Leyen, malgré le délai qui leur est accordé.
C'est un paradoxe : alors qu'elle a pris une série de sanctions contre Moscou, l'Union européenne participe indirectement à financer la guerre en Ukraine en achetant des hydrocarbures russes.
Bruxelles veut donc en finir avec sa dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie : après s'être engagée à renoncer au charbon russe d'ici à la mi-août, les Européens envisagent à présent de se passer du pétrole. La présidente de la Commission a présenté mercredi au parlement européen un sixième paquet de sanctions qui prévoit un embargo sur le pétrole russe dans les six mois : "Ce ne sera pas facile mais nous devons le faire", défend Ursula von der Leyen.
L'Allemagne s'est déjà engagée sur un calendrier similaire. Son ministre de l'économie et de l'action climatique, Robert Habeck, affirme pouvoir "supporter l'embargo sur le pétrole, en tant que nation".
D'autres pays sont très dépendants de cette énergie et auront beaucoup plus de mal à s'en passer. La Hongrie et la Slovaquie ne sont reliées à aucun autre oléoduc européen... Bruxelles prévoit d'ailleurs une exception pour ces deux pays, qui auraient jusqu'à fin 2023 pour s'adapter à l'embargo. Mais ce délai supplémentaire est jugé insuffisant par Budapest et Bratislava : "Nous soutenons les sanctions les plus dures possibles contre la Russie, rien n'a changé dans notre position. Mais nous avons aussi dit depuis le début que ces sanctions ne doivent pas porter plus atteinte aux citoyens tchèques qu'à la Fédération russe", explique le Premier ministre tchèque, Petr Fiala.
La Hongrie rejette elle aussi la proposition de la Commission.Selon elle, cette mesure serait une atteinte à sa sécurité énergétique.
Les 27 auront du mal à s'entendre sur le sujet car le pétrole russe représente 1/4 du total des importations de pétrole dans l'Union européenne. Le gaz, qui en représente la moitié, n'est pour l'instant pas évoqué.