Après les OGM, voici les NGT : la controverse sur les Nouvelles Techniques Génomiques

Un militant de Greenpeace porte un masque de souris devant une banderole contre les aliments génétiquement modifiés, devant le bâtiment du Conseil européen à Bruxelles. 2005
Un militant de Greenpeace porte un masque de souris devant une banderole contre les aliments génétiquement modifiés, devant le bâtiment du Conseil européen à Bruxelles. 2005 Tous droits réservés YVES LOGGHE/AP2005
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Par Ilaria Federico
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Cet article a été initialement publié en anglais

Jeudi à Strasbourg, les députés européens ont ouvert la voie aux nouvelles techniques génomiques (NGT) pour l'agriculture. Une méthode censée aider les cultivateurs face au réchauffement climatique notamment. Mais la controverse est vive.

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Le Parlement européen a voté en faveur d'une réglementation plus souple quant à l'utilisation sur les plantes des NGT, les nouvelles techniques génomiques.

Certains experts affirment que notre système alimentaire pourrait devenir plus durable grâce à ces NGT. Les plantes pourraient devenir plus résilientes au changement climatique et aux espèces nuisibles.

Mais quelles sont exactement ces techniques génomiques ?

Mohammed Bendahmane, directeur de Recherche à l’INRAE, École Normale Supérieure de Lyon : "Les nouvelles technologies permettent de cibler plus précisément, d'une manière chirurgicale, comme aux ciseaux, les gènes au sein du génome, sans toucher toutes les autres parties du génome, et introduire une fonction ou améliorer la fonction qu’on veut. Donc il y a un gain de temps qui est énorme et c’est encore plus important car c’est plus précis et on ne va cibler que la partie qui nous intéresse à améliorer."

Le professeur Bendahmane estime que les NGT pourraient jouer un rôle crucial dans la lutte contre l'impact du changement climatique sur l'agriculture. Il espère qu’ils éviteront les pertes de récoltes causées par une floraison précoce, ce qui arrive de plus en plus fréquemment.

En Europe, cette méthode est actuellement réglementée de la même manière que les OGM, les organismes génétiquement modifiés. 

Mais dans quelle mesure ces deux techniques se ressemblent-elles ?

Georges Freyssinet, président de l’Association Française des Biotechnologies Végétales :"Ces technologies sont totalement différentes de la transgenèse qu’on utilisait avant, puisque dans la transgenèse on introduit un gène nouveau, ici on ne fait que modifier un gène déjà présent".

"Ce à quoi nous assistons avec le changement climatique, c'est à une redistribution des maladies. Les insectes migrent du sud vers le nord et l'augmentation de l'humidité entraîne une recrudescence des infections fongiques. Face à ces changements naturels, nous devons réagir plus rapidement. Ces technologies, qui accélèrent la recherche et le développement, devraient nous permettre de mettre au point des plantes capables de s'adapter aux variations futures."

Cependant, certains agriculteurs considèrent ces plantes modifiées par NGT comme potentiellement nocives pour l'agriculture.

Christian Foilleret, Association des Faucheurs volontaires : "Les NGT font partie de mes revendications et des revendications de la Confédération paysanne. C'est une grosse inquiétude si ça passe, parce qu'on part sur le brevetage du vivant et avec toutes les dérives qu'il peut y avoir. On sera sur une agriculture encore plus productiviste, capitaliste et tout ça".

Mais quelles sont les solutions pour l'agriculture dans un monde qui se réchauffe ?

"Il existe aujourd'hui des approches alternatives. Dans mon exploitation, je privilégie la maîtrise des techniques existantes et leur adaptation à des plantes spécifiques. On ne peut pas cultiver n'importe quoi n'importe où, il faut que les plantes soient adaptées à leur environnement", explique Christian Foilleret. "Des études ont même montré que les tomates se développaient sans eau. Mais nous continuons à négliger la recherche sur les plantes, au profit des manipulations génétiques".

Dans l’Union européenne, au cours des 50 dernières années, les récoltes ont diminué de 30 %, ce qui a conduit certains à réclamer un changement dans la manière de gérer l’agriculture. Cependant, bien que la méthode NGT soit utilisée ailleurs dans le monde, l'Autorité européenne de sécurité des aliments a mis en garde contre des problèmes de sécurité potentiels liés à son application.

La balle est maintenant dans le camp du Conseil de l’UE. Les représentants des Etats membre vont devoir adopter leur position commune, qui devra ensuite être validée par les députés européens.

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