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Gaza : des sous-traitants américains auraient tiré délibérément sur des Palestiniens lors de distributions d'aide

Cette photo fournie par un sous-traitant américain montre des Palestiniens derrière des barrières avant d'entrer dans un site d'aide de la GHF, à Gaza, en mai 2025
Cette photo fournie par un sous-traitant américain montre des Palestiniens derrière des barrières avant d'entrer dans un site d'aide de la GHF, à Gaza, en mai 2025 Tous droits réservés  AP Photo
Tous droits réservés AP Photo
Par Evelyn Ann-Marie Dom & AP
Publié le Mis à jour
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Deux mercenaires chargés de superviser les opérations de la Fondation humanitaire pour Gaza (GHF) ont fait des révélations édifiantes à l'AP sous couvert d'anonymat.

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Des sous-traitants américains chargés de surveiller les sites de distribution d'aide à Gaza ont utilisé des balles réelles, des grenades assourdissantes et du gaz poivré contre des Palestiniens qui cherchaient de l'aide, ont affirmé deux mercenaires américains dans des commentaires transmis à l'Associated Press (AP) sous le couvert de l'anonymat.

Les contractants, employés par UG Solution, un sous-traitant américain chargé de recruter le personnel de sécurité sur les sites de distribution de la Fondation humanitaire pour Gaza (GHF), ont fourni à l'AP des témoignages, des vidéos, des rapports internes et des SMS.

Les images ont été authentifiées par l'AP, qui les a géolocalisées à l'aide de vues aériennes, et vérifiées par des experts régionaux.

Elles montrent des Palestiniens serrés les uns contre les autres entre des barrières métalliques, se baissant au son des tirs et s'éloignant de la fumée des grenades assourdissantes.

Des tirs même en l'absence de menace sécuritaire

Les mercenaires affirment que des balles réelles, des grenades assourdissantes et du gaz poivré sont utilisés dans presque tous les sites de distribution à Gaza, même en l'absence de menace pour la sécurité. L'un d'entre eux a déclaré que des balles étaient tirées régulièrement dans toutes les directions, y compris vers les demandeurs d'aide.

Une photo partagée par l'un des employés montre une femme allongée sur une charrette tirée par un âne, après avoir été touchée à la tête par un éclat d'une grenade assourdissante.

Une photo fournie par un sous-traitant américain montre une femme dans une charrette après avoir été blessée à la tête sur un site d'aide, à Gaza, en juin 2025
Une photo fournie par un sous-traitant américain montre une femme dans une charrette après avoir été blessée à la tête sur un site d'aide, à Gaza, en juin 2025 AP Photo

Dans l'une des vidéos, on entend par ailleurs un agent de sécurité américain dire qu'il a réussi à faire venir des chars israéliens en guise de "démonstration de force" pour disperser les Palestiniens qui se trouvaient à proximité.

"Mais je leur ai dit de ne pas bouger. Je ne veux pas que ce soit trop agressif", ajoute-t-il.

Des pratiques "dangereuses" et "irresponsables"

Dans une autre vidéo, on peut voir des mercenaires debout sur un monticule de terre et, après une série de tirs, on entend des voix hors champ applaudir et dire "Je crois que vous en avez touché un" et "Bien sûr, mon gars !".

L'agent de sécurité qui a filmé la vidéo a déclaré à l'AP que les autres mercenaires avaient d'abord commencé à tirer pour disperser la foule, mais qu'ils avaient ensuite continué à cibler des Palestiniens qui avaient récupéré leur aide et quittaient le site.

Bien que la vidéo ne permet pas d'identifier les auteurs et les cibles des tirs, la source affirme avoir vu d'autres mercenaires tirer sur des Palestiniens à environ 55 mètres de là et avoir vu un homme tomber au sol.

Image satellite d'un site d'aide où des mercenaires, depuis une tour et depuis un monticule, tirent sur les Palestiniens quittant le site, le 22 mai 2025
Image satellite d'un site d'aide où des mercenaires, depuis une tour et depuis un monticule, tirent sur les Palestiniens quittant le site, le 22 mai 2025 Planet Labs via AP

Les deux mercenaires qui se sont manifestés expliquent qu'ils ont été "troublés" par ce qu'ils ont vu et qu'ils considèrent ces pratiques comme "dangereuses" et "irresponsables".

"Des innocents sont blessés. Mal. Inutilement", estime l'un d'eux.

Au cours d'une seule distribution d'aide en juin, 37 grenades assourdissantes, 22 projectiles de caoutchouc et de fumée "scat shall" et 60 bombes lacrymogènes ont été utilisés par les contractants, d'après des communications internes.

Controverse autour de la Fondation humanitaire pour Gaza

La Fondation humanitaire pour Gaza (GHF) est une organisation d'aide au statut trouble soutenue par les États-Unis et Israël.

Elle a fait l'objet d'une vive controverse avant même le début de ses opérations, lorsque son directeur fondateur, Jake Wood, a démissionné en faisant part de ses inquiétudes quant à l'impartialité et à l'efficacité de l'organisation.

En mars, Israël a mis en place un vaste blocus sur l'aide à Gaza, empêchant l'entrée de nourriture, d'eau et de médicaments dans le territoire palestinien. L'État hébreu affirmait que le Hamas volait l'aide qui était livrée dans le cadre du système préexistant coordonné par les Nations unies.

L'ONU et d'autres organisations humanitaires ont cependant nié que le Hamas ait détourné l'aide et ont refusé de travailler avec la GHF, arguant qu'elle enfreignait les principes humanitaires fondamentaux. Elles ont également souligné que, contrairement à la GHF, leur système de distribution n'impliquait pas de gardes armés.

Un témoignage qui contredit directement les déclarations de la GHF

Israël interdit aux journalistes internationaux d'effectuer des reportages à l'intérieur de la bande de Gaza. Les récits des deux sous-traitants américains offrent donc un rare aperçu du processus de distribution de l'aide dans l'enclave.

Ces témoignages contrastent fortement avec ce que le GHF et ses sous-traitants ont affirmé jusqu'à présent.

"Notre processus de recrutement et de formation est très complet", a affirmé UG Solution, ajoutant que celui-ci comprenait une "sélection par des experts, une vérification des références, des antécédents et des compétences en matière d'armement".

Toutefois, les deux mercenaires anonymes affirment que le personnel de sécurité engagé était souvent non qualifié, non contrôlé, lourdement armé et semblait avoir carte blanche durant les opérations de la GHF.

Des Palestiniens transportent des sacs contenant de la nourriture et des paquets d'aide humanitaire livrés par la GHF à Rafah, le 9 juin 2025
Des Palestiniens transportent des sacs contenant de la nourriture et des paquets d'aide humanitaire livrés par la GHF à Rafah, le 9 juin 2025 AP Photo

Ils estiment également que le déploiement a été extrêmement précipité. Selon les contractants, certains hommes n'avaient été recrutés que quelques jours avant le début des opérations par courrier électronique, et beaucoup d'entre eux n'avaient pas d'expérience du combat ou de formation adéquate.

Les contractants affirment qu'aucun des mercenaires travaillant à Gaza pour UG Solutions n'avait été testé pour savoir s'ils pouvaient manier une arme en toute sécurité.

Une autre entreprise mise en cause

Un autre sous-traitant chargé de la logistique, Safe Reach Solutions (SRS), n'aurait fourni au personnel les règles d'engagement que trois jours après le début de la distribution de l'aide, selon les contractants.

Le projet de règles autorisait l'utilisation d'armes non létales dans des situations extrêmes sur des individus non armés et physiquement violents, et le recours à la force léthale uniquement en cas d'absolue nécessité.

Le SRS affirme que l'environnement est sûr et contrôlé et que l'entreprise veille à ce que les Palestiniens puissent accéder à l'aide en toute sécurité.

Toutefois, un rapport interne du SRS a révélé que des demandeurs d'aide ont été blessés lors d'un tiers des distributions qui ont eu lieu en juin, sur une période de deux semaines.

L'armée israélienne est également accusée de prendre pour cible des demandeurs d'aide

Depuis le lancement de la GHF, les Palestiniens ont souvent affirmé que les troupes israéliennes avaient ouvert le feu sur les foules qui traversaient les zones militaires pour se rendre aux points de distribution.

Ces témoignages ont été confirmés par des sources hospitalières locales, qui ont indiqué que des centaines de personnes avaient été tuées ou blessées sur les sites de distribution ou à proximité.

L'armée israélienne affirme qu'elle n'a procédé qu'à des tirs d'avertissement pour tenter de contrôler la foule et nie avoir tiré directement sur les demandeurs d'aide.

Des Palestiniens constatent les dégâts subis par une école utilisée comme abri après une frappe israélienne dans la ville de Gaza, le jeudi 3 juillet 2025
Des Palestiniens constatent les dégâts subis par une école utilisée comme abri après une frappe israélienne dans la ville de Gaza, le jeudi 3 juillet 2025 AP Photo

Le SRS a également affirmé que le Hamas avait menacé les travailleurs humanitaires et les civils recevant de l'aide, mais l'un des contractants américains déclare qu'il n'a personnellement jamais été menacé par le groupe palestinien.

Par ailleurs, le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, a annoncé qu'au moins 82 Palestiniens avaient été tués dans la nuit de mercredi à jeudi lors de frappes aériennes et de tirs israéliens.

Ce chiffre inclut 38 personnes qui attendaient une aide humanitaire. Cinq d'entre elles ont été tuées devant des sites liés à la GHF et 33 autres attendaient des camions d'aide dans d'autres endroits de la bande de Gaza.

Video editor • Lucy Davalou

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