Végétaliser le lit de la mer d'Aral : le pari de l'Ouzbékistan

Végétaliser le lit de la mer d'Aral : le pari de l'Ouzbékistan
Tous droits réservés euronews
Tous droits réservés euronews
Par Galina Polonskaya
Partager cet article
Partager cet articleClose Button
Copier/coller le lien embed de la vidéo de l'article :Copy to clipboardLien copié

Alors que la mer d'Aral a quasiment disparu en quelques décennies, l'Ouzbékistan mène une série d'initiatives pour améliorer l'environnement et encourager le développement local en misant sur la végétalisation.

PUBLICITÉ

La disparition de la mer d'Aral est l'une des pires catastrophes environnementales causées par l'homme. L'Ouzbékistan, en collaboration avec des partenaires internationaux, mène un certain nombre d'initiatives pour réhabiliter cette zone sinistrée.

Nous partons de Muynak, la ville située en bordure de l'Aralkum, le terme qui désigne les étendues de sable et de sel où la mer s'est retirée, pour nous enfoncer dans le désert. Zinovy Novitsky est conservateur d'un vaste programme d'État initié en 2018 par le président ouzbek qui vise à planter de la végétation sur l'ancien fonds marin. 1 million 730 hectares ont déjà été recouverts de plantes résistantes au sel et à la sécheresse. Objectif : améliorer l'environnement de la région.

De la végétation spécifique pour retenir le sable et le sel

"Les plantes retiennent le sol avec leurs racines en maintenant le sel et le sable et ces plantes émettent de l'oxygène et absorbent le dioxyde de carbone : ce qui a aussi un effet positif," fait remarquer Zinovy Novitsky.

Chaque année, les tempêtes de sable soulèvent dans les airs, plus de 100 millions de tonnes de poussière et de sels toxiques provenant du lit asséché de la mer d'Aral. Le saxaoul noir, la plante clé du projet, joue le rôle de bouclier naturel. "Le saxaoul sert d'obstacle mécanique, il peut retenir une tonne de sable et de sel toxiques," explique Zinovy Novitsky. "Sans lui, tout cela se serait élevé dans les airs et aurait été charrié sur de longues distances," souligne-t-il.

Euronews
Le saxaoul noir, bouclier naturel pour le sable et le selEuronews

"Mon Jardin dans la mer d'Aral"

La mer d'Aral a disparu en seulement quelques décennies à cause de la mauvaise utilisation des systèmes d'irrigation pendant l'ère soviétique et du changement climatique. Ce qui a eu un impact considérable sur le climat local et sur tous les aspects de la vie dans la région. Autrefois, cette région était tournée vers la pêche, mais aujourd'hui, il ne reste plus que 10% de la mer et le niveau de l'eau continue de se réduire.

La mer d'Aral, autrefois le quatrième plus grand lac du monde, regorgeait de poissons de toutes sortes. Actuellement, ce qu'il en reste est comparé à la mer Morte. La concentration en sel y est si élevée qu'il n'y a plus de poissons. Le bord de l'eau se trouve aujourd'hui à 150 km de Muynak qui, autrefois, était une ville portuaire.

"Mon Jardin dans la mer d'Aral" est l'un des projets qui vise à réhabiliter la région. Nous visitons une oasis de verdure, qui compte plusieurs essences végétales, située à quelques minutes de route de Muynak. Via internet, tout le monde peut acheter un arbre qui sera planté sur place. L'initiative est soutenu par différentes organisations internationales. Elle s'inscrit dans un objectif global qui vise à planter un million d'arbres.

"Notre tâche consiste à restaurer l'écosystème de cette région pour que de telles oasis soient créées dans d'autres localités," précise le directeur du Centre international d'innovation du bassin de la mer d'Aral, Bakhitjan Khabibullaev. "Le but est d'aider à lutter contre la propagation du sable salé et de prévenir l'érosion des sols," renchérit-il.

Euronews
Une oasis de verdure à quelques kilomètres de MuynakEuronews

Aide internationale

Trois stations météo seront construites dans le district de Muynak dans le cadre d'un projet de 1,6 million de dollars de l'Agence américaine pour le développement international (USAID). Celle-ci travaille en étroite collaboration avec l'Ouzbékistan et des scientifiques internationaux pour tester des technologies innovantes dans la région.

"Les données fournies par ces stations météo seront utilisées par les agriculteurs pour savoir quand planter leurs cultures, ainsi que par la communauté scientifique et les gouvernements pour savoir comment relever les défis environnementaux dans la région de la mer d'Aral," indique Mikaela Meredith, directrice de mission Ouzbékistan au sein de l'agence américaine.

En 2018, le Fonds fiduciaire des Nations Unies pour la mer d'Aral a été créé. Une initiative lancée par les autorités ouzbeks. À ce jour, elle a permis de récolter 16 millions de dollars pour le développement de la région. L'Ouzbékistan et l'Union européenne sont les principaux donateurs.

"Le Fonds a permis de mener de nombreux projets, dans les soins de santé, la fourniture d'eau potable à la population, l'agriculture, mais aussi l'utilisation efficace des ressources en eau ou encore les jardins," énumère Uktam Abdurakhmanov, directeur du secrétariat technique du Fonds.

Euronews
Le système hydroponique dont dispose Ayjan BoribayevaEuronews

Système hydroponique

Le Fonds apporte un soutien aux citoyens locaux fragiles vulnérables en leur fournissant des technologies innovantes d'économie d'eau, comme ce système hydroponique qui permet à Ayjan Boribayeva de cultiver des plantes pour ses moutons en intérieur, tout au long de l'année.

"Le sol, à l'extérieur, est salé et difficile à cultiver," fait remarquer l'éleveuse. "Dans le système hydroponique, le blé pousse bien et cela représente un gain de place," estime-t-elle.

Les solutions élaborées pour aider la région de la mer d'Aral sont emblématiques dans un contexte mondial de changement climatique.

Journaliste • Galina Polonskaya

Partager cet article

À découvrir également

Le hockey, sport en pleine renaissance en Ouzbékistan, porte les espoirs de toute une génération

Randonnées et plongée dans l'histoire au Tian Shan occidental en Ouzbékistan

Investissements étrangers : la stratégie payante de l'Ouzbékistan