100 ans de Disney : l’homme d’affaires derrière l’usine à magie

Walt Disney à Hollywood en Californie. Date inconnue. - Copyright STF / UPI / AFP
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Par Heloise Urvoy
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La Walt Disney Company fête ses 100 ans. C’est le sens des affaires de Walt Disney, à l’origine dessinateur, qui a façonné l’entreprise qui l’a fait entrer dans les mémoires.

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Les films d’animation Disney sont entrés dans la vie de millions de personnes, si ce n’est de milliards, depuis un siècle.

L’aventure à débuté à Hollywood le 16 octobre 1923, lorsque Walt Disney signe le contrat pour Alice’s Wonderland, une série de courts-métrages muets mélangeant prises de vues réelles et dessins animés.

La date marque le début du succès pour Walt Disney et son entreprise éponyme.

Animateur et entrepreneur

Né en 1901 à Chicago, Walter Elias Disney développe une passion pour le dessin dans son enfance.

D’abord appelée les Disney Brothers Studios, puis le Walt Disney Studio, Walt et son frère Roy Disney travaillent d’arrache-pied pour construire l’entreprise que nous connaissons toujours, cent ans après sa création.

Un troisième personnage clé dans le lancement de la carrière de Walt Disney est le dessinateur et animateur Ub Iwerks, à qui l’on doit Mickey. Ironiquement, le personnage le plus associé à Disney ne fut pas dessiné par Walt Disney lui-même, bien qu’il soit derrière le concept et ait prêté sa voix à la fameuse souris animée.

C’est grâce à Mickey que Walt Disney comprit qu’il y avait beaucoup à gagner à capitaliser sur l’image d’un personnage populaire. Il vend rapidement des licences pour les droits publicitaires utilisant l’image de sa souris, et lance la production de produits dérivés.

Mickey et Minnie rendent visite à des enfants. San Francisco, mars 1976.
Mickey et Minnie rendent visite à des enfants. San Francisco, mars 1976.Joseph J. Rosenthal/San Francisco Chronicle

Si Walt Disney est entré dans le milieu grâce à au dessin et à l’animation, ce n'étaient pas ses seuls talents : “il s’est rendu compte que son plus grand atout n’était pas d’être lui-même animateur, mais de monter des équipes qui pouvaient concrétiser ses idées et histoires,” explique Louise Krasniewicz, professeure d’anthropologie à l’Université de Pennsylvanie et autrice de Walt Disney: A Biography.

Dans les années 1920 et 1930 émergent un groupe restreint de neuf animateurs, les Nine Old Men, ou les Neuf vieux hommes, comme Walt Disney lui-même les appelait.

Ce dernier s’entourait d’animateurs hautement qualifiés, leur imposant de donner le meilleur d'eux-mêmes. Une exigence qu’il avait d’ailleurs envers tous ses salariés.

“Ça ira”

“Je ne voudrais pas dire que c’était dur de travailler avec lui, mais il demandait l’excellence,” analyse Aaron Goldberg, auteur de plusieurs livres sur l’entreprise et la famille Disney.

Selon lui, Walt Disney était réputé pour pour mettre ses salariés dans des situations de défi, dans le but de faire ressortir le meilleur d’eux et les faire sortir de leur zone de confort. Comme charger des animateurs d’écrire une chanson pour un film, alors qu’ils ne l’avaient jamais fait auparavant.

“Il était très intense,” selon Aaron Goldberg, “et il n’était pas très avenant concernant les compliments. Si vous faisiez du super boulot, vous n’alliez pas nécessairement entendre les mots ‘bon travail’. La phrase qu’il avait l’habitude de dire était ‘ça ira’.”

Walt Disney se vantait de former une grande famille avec ses employés, avec lui-même dans le rôle du chef de famille.

Il considérait que seulement le noyau dur de salariés exceptionnels, tels les Nine Old Men, méritaient privilèges et salaires élevés. Le reste devait prouver qu’ils valaient plus que le strict minimum.

Walt Disney dans son bureau le 23 décembre 1965, faisant semblant de lire un script avec un chien.
Walt Disney dans son bureau le 23 décembre 1965, faisant semblant de lire un script avec un chien.AP

Il ne vit pas venir la grève de 1941. Pourquoi, après tout, une grande famille unie serait-elle malheureuse ?

Mais les artistes qui travaillaient pour lui ne le voyaient pas de cet œil, en partie car ils attendaient toujours leur juste part des bénéfices colossaux engendrés par Blanche Neige et les Sept Nains, le premier long-métrage animé produit par le studio en 1937.

Les grévistes demandaient plus d’avantages et une revalorisation salariale, leurs salaires étant en deçà de la moyenne nationale.

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Refusant d’admettre que son style de management était le problème, Walt Disney jette de l’huile sur le feu lors d’un rendez-vous avec les grévistes :

“J’ai toujours estimé, et estimerai toujours que les hommes qui contribuent le plus à l’entreprise doivent jouir de certains privilèges. Ma première recommandation pour vous tous est la suivante : balayez devant votre porte, vous n’accomplirez pas une foutue chose en restant assis à attendre qu’on vous dise quoi faire.”

L'excentrique idée de Disneyland

Après plusieurs semaines, la grève prend fin grâce à la création d’un syndicat, et le studio retourne à ses affaires habituelles.

Cependant, la Seconde guerre mondiale pousse Disney vers la production de films de propagande. Même sur le sol américain, presque entièrement épargné par les affrontements, les cinémas sont déserts.

Aujourd'hui considérés comme des classiques Disney, les films tels que Dumbo (1941) ou Bambi (1942) furent un échec commercial lors de leur sortie en salles.

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Le succès est de retour après la guerre, au même moment que l'idée quelque peu extravagante germe dans l’esprit peu conventionnel de Walt Disney : un parc à thème.

Bien que monnaie courante à notre époque, de tels parcs de loisirs ne couraient pas les rues dans les années 1940.

Walt Disney imagine un endroit où enfants et adultes pourraient rencontrer leurs personnages Disney préférés, tout en profitant d’une journée de loisirs dans un environnement où tout leur rappelle leur enfance.

Au-delà des décors reproduisant les plus grands succès de ses studios, le souhait de Walt Disney était de recréer le lieu qu’il chérissait le plus : Marceline, une petite ville du Missouri où il a passé cinq ans durant son enfance.

Les souvenirs qu’il cultive de cette époque, remplis d’animaux de la ferme et d’activités typiques d’un village du midwest américain du début du XXe siècle, ont donné naissance à l’allée centrale Main Street de ses parcs.

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Ouverture de Disneyland le 17 juillet 1955. L'ancien gourveneur de Californie Goodwin Knight (gauche), Walt Disney (centre) et l’épouse du gouverneur Virginia Knight (droite).
Ouverture de Disneyland le 17 juillet 1955. L'ancien gourveneur de Californie Goodwin Knight (gauche), Walt Disney (centre) et l’épouse du gouverneur Virginia Knight (droite).ASSOCIATED PRESS

Des rumeurs disent que l’idée plutôt peu conventionnelle Walt Disney fut rejetée par 300 investisseurs, mais qu’il aurait persévéré pour que son rêve de parc familial à 17 millions de dollars voit le jour.

Le premier Disneyland ouvre en 1955 en Californie. A l’époque, un billet coûte un dollar par adulte et 50 centimes par enfant. Mais cela ne donne droit qu’à l’entrée du parc : il faut compter en plus 25 centimes pour les adultes et 10 pour les enfants pour chacune des trente-cinq attractions.

Le succès est immédiat, avec le seuil symbolique d’un million de visiteurs atteint en à peine deux mois après l’ouverture du parc.

La cérémonie d’ouverture d’une heure trente est à l'époque diffusée en direct sur la chaîne ABC (American Broadcasting Company), le programme en direct le plus long qui ait jamais été diffusé alors.

Quatre décennies plus tard, la Walt Disney Company achètera la chaîne Américaine, l’ajoutant à son large portefeuille d’entreprises acquises à travers ses années d'existence.

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D’une affaire familiale de studios de dessins animés à une gigantesque multinationale

Walt Disney meurt des suites d’un cancer en 1966. Sa vision pour son entreprise aura porté la Walt Disney Company durant moins de la moitié de ses cent ans d’existence.

Son frère Roy Disney, son partenaire depuis les premières heures de l’entreprise, prend la relève. Tout comme Walt, Roy Disney était un homme d'affaires.

Roy Disney poursuit le travail de son défunt frère, y compris les plans pour ouvrir le Walt Disney World Resort en Floride. Cependant, l’absence de Walt se fait ressentir du côté artistique.

Roy Disney choisit une approche différente, s’engageant dans la voie des films de prises réelles, produisant notamment La Cane aux œufs d’or, ou Scandalous John. Leur postérité parle d’elle-même.

Roy Disney meurt en 1971, seulement deux mois après l’ouverture du parc Disneyland de Floride. Depuis, la Walt Disney Company ne fut plus jamais dirigée par un membre de la famille Disney.

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Le géant du divertissement s’est depuis considérablement développé, l’entreprise valant 203,63 milliards de dollars en 2022 (191,6 millions d’euros). Des parcs à thèmes Disney ont depuis ouvert leurs portes dans quatre autres villes : Paris, Tokyo, Hong-Kong et Shanghai.

Statue de Walt Disney et Mickey à Walt Disney World, Floride.
Statue de Walt Disney et Mickey à Walt Disney World, Floride.Associated Press, 2023

La Walt Disney Company a aussi racheté plusieurs studios connus, tels que Lucasfilms, la boîte de production de la saga Star Wars, et Marvel Studios.

La multinationale a aussi acquis de nombreuses entreprises de l’industrie du divertissement, comme la Twentieth Century Home Entertainment (anciennement la Twentieth Century Fox), la chaîne de sport câblée ESPN, ou encore National Geographic.

Elle possède des lignes de croisière, des agences immobilières, des villages vacances et bien d’autres. En résumé, la Walt Disney Company s’est mue en une multinationale gigantesque.

Qu’en penserait son fondateur ?

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“Lorsque vous regardez les années avant sa mort en 1966, c’était une entreprise familiale, une affaire de famille. De nos jours, c’est tellement grand et vaste. Mais je pense que dans l’ensemble, il en serait ravit,” avance Aaron Goldberg.

Pour Luise Krasniewicz, les lieux comme les parcs Disneyland ont toujours cet esprit familial des jeunes années de l’entreprise. Et ce n’est pas tout :

“Ce que Walt Disney a principalement introduit dans le milieu du divertissement c’est l’idée de produits dérivés. Je pense qu’il serait très content de cet aspect actuel de l’entreprise.”

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