Les trois industriels collaborent déjà dans les secteurs de l'espace et des fusées. L'entreprise qui se dessine sera un "champion européen" des satellites pour concurrencer Starlink de Musk.
L'avenir de la défense lancé avec le projet "Readiness 2030" de la Commission européenne, dont la feuille de route a été présentée la semaine dernière, pourrait avoir trouvé un protagoniste possible avec l'accord approuvé jeudi pour la production conjointe de satellites entre l'entreprise italienne Leonardo et les entreprises françaises Airbus et Thales.
C'est le conseil d'administration de Leonardo qui a donné le feu vert à cette opération de 10 milliards d'euros. Il s'agit de créer une entreprise dédiée à la production de satellites afin de concurrencer Starlink d'Elon Musk, dans l'esprit du plan proposé par l'UE pour mobiliser environ 800 milliards d'euros, notamment en encourageant la coopération entre les États membres pour la production conjointe dans le secteur de la défense.
L'alliance entre les trois constructeurs, baptisée "Opération Bromo" (du nom d'un volcan), "est le bon moyen de faire de plus en plus de champions européens", a commenté mardi le ministre des Entreprises et du Made in Italy, Adolfo Urso, en marge d'un événement précédant la Journée mondiale des pâtes à Rome, "précisément dans les secteurs de l'espace, de la défense, mais aussi de la construction navale et de la microélectronique".
Le premier syndicat français, la Confédération générale du travail (CGT), se montre en revanche critique, mettant en garde contre le "monopole" qui pourrait être créé par cette opération.
Elle risquerait d'entraîner des suppressions d'emplois et de mettre en péril les compétences", peut-on lire dans un communiqué publié par la Cgt Métallurgie, "la véritable raison du projet Bromo est de créer un monopole pour imposer ses prix et affaiblir le pouvoir des agences".
Thales et Leonardo collaborent déjà dans deux entreprises communes, Thales Alenia Space et Telespazio, avec des parts respectives de 67 % et 33 %. La première vient d'ouvrir une usine automatisée dans la province de Rome pour produire une centaine de satellites par an.
Ouverture d'une nouvelle société à Toulouse
Selon les informations disponibles, la nouvelle société sera basée à Toulouse, en France, et sera structurée de la manière suivante : Airbus fournira ses activités Space Systems et Space Digital d'Airbus Defence and Space. Leonardo apportera sa division Espace, y compris ses parts dans Telespazio et Thales Alenia Space.
Thales apportera principalement ses parts dans Thales Alenia Space, Telespazio et Thales SESO. On estime qu'elle emploiera environ 25 000 personnes dans toute l'Europe, qu'elle réalisera un chiffre d'affaires annuel d'environ 6,5 milliards d'euros (chiffre pro forma, fin 2024) et qu'elle réalisera plus de trois années de recettes attendues.
L'actionnariat de la nouvelle société serapartagé entre Airbus, Leonardo et Thales , qui détiendront respectivement 35 %, 32,5 % et 32,5 %, et fonctionnera sous un contrôle conjoint, avec une gouvernance équilibrée entre les actionnaires.
Le marché des satellites pour la prochaine décennie a été estimé à 570 milliards d'euros par Novaspace et à 43 000 satellites, a rapporté mardi le Corriere della Sera.