Kaufmann triomphe d'Otello à Londres

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Par Anne Glémarec
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Le ténor allemand superstar incarnait le héros shakespearien de Verdi pour la toute première fois, sous la direction d'Antonio Pappano.

C’est l’avant-dernier chef d’oeuvre de Verdi, une tragédie shakespearienne composée au crépuscule de sa vie, et donnée pour la première fois à la Scala de Milan en 1887 – Giuseppe Verdi a alors 74 ans. 130 ans plus tard, son Otello triomphe au Royal Opera House de Londres.

Otello ou la chute d’un héros

Antonio Pappano, directeur musical de Covent Garden, dirige l’orchestre. Nous le rencontrons dans son bureau, assis au piano. “Otello est un grand guerrier, un homme au succès considérable, et l’oeuvre suit sa trajectoire, depuis le sommet vers le bas, entraînée dans sa chute par un rien, tout d’abord, un tout petit doute sur sa femme. Iago dit l’avoir vue avec Cassio, hummm c’est étrange… Et à partir de ce tout petit germe, on voit la catastrophe se déployer.

Dévoré par la jalousie, Otello sombre dans une folie meurtrière, fait tuer son supposé rival Cassio et tue son épouse Desdemone. Accablé de remords quand il prend conscience de l’innocence de ses victimes et d’avoir été manipulé par Iago, il se suicide.

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— The Royal Opera (@TheRoyalOpera) 26 juin 2017

Une prise de rôle à haut risque

C’est la première fois que Jonas Kaufmann accepte le rôle titre, réputé à haut risque pour un ténor. “Ce rôle est difficile de bien des manières,“ reconnaît la star allemande. “Le deuxième acte est probablement le plus exigeant tout simplement parce que c’est là que la colère monte. Il vous faut vous calmer et vraiment évaluer la part problématique de la jalousie, et la part qui reste encore sous contrôle.

Antonio Pappano n’en est pas à son premier Otello, une oeuvre qu’il tient en haute estime. “Tant de choses rendent cet opéra spécial,“ dit-il avant d’accompagner ses propos au piano, “la nature titanesque d’une grande partie de l’oeuvre, pour décrire tout d’abord la tempête d’ouverture qui part des aigus pour descendre… dans le donjon si vous voulez. C’est une oeuvre particulièrement sombre, avec cependant, par contraste, des moments de légèreté quasi burlesque.

Un Everest

Jonas Kaufmann a voulu incarner un Otello tout en nuances. Il l’assure : “Verdi donne aussi l’opportunité de montrer un autre Otello. Il y a ces moments de douceur où l’on peut voir à quel point il est fragile en présence de Desdemone.“ Toutefois, il confie avoir du mal à se défaire de l’humeur sombre de son personnage, contrairement à d’autres rôles qu’il retirait “comme des gants.

Pour le chef d’orchestre, l’Otello de Verdi est chaque fois une épreuve de force. “C’est un Everest, il faut une énergie considérable pour diriger cette musique,“ résume Antonio Pappano avant d’ajouter : “On ne peut jamais s’y prélasser, elle n’est pas faite pour ça, c’est du pur drame qui doit mener quelque part.

Et de s’extasier : “C’est une incroyable montée en puissance pour Verdi. Avec cet opéra, il tape du poing sur la table et dit : voilà de quoi est capable un vieil homme !

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