Le 22ème Festival Gnaoua et Musiques du monde à Essaouira au Maroc a misé une nouvelle fois, sur la tradition et l'inattendu. Les représentants de la musique ancestrale marocaine Gnaoua, au cœur de cet événement, ont partagé la scène avec des artistes venus du monde entier pour un résultat toujours inédit.
Parmi les invités internationaux de cette 22ème édition qui s'est tenue du 20 au 23 juin 2019, la musicienne anglo-indienne Susheela Raman connue pour l'énergie qu'elle puise dans les musiques sacrées de l'Inde et du Pakistan.
Lors du festival, elle était aux côtés de l'un des plus réputés des mâalems, grands maîtres du genre gnaoua, Hamid El Kasri. Et autant dire qu'ils ont été pris dans une même transe. "J'aime faire des collaborations qui mélangent les cultures," fait remarquer la compositeur-interprète. "C'est pour cela que c'est passionnant pour moi d'être ici au Maroc : je suis fascinée par la musique rituelle, l'état de transe et cela influence la manière dont j'écris aussi mes morceaux en anglais," assure-t-elle.
"La jeune génération reprend le flambeau"
Lauréat d'un Grammy Award, le groupe des bluesmen touaregs Tinariwen a fait entendre en musique, la voix des rebelles du Nord-Mali.
"Nous, on véhicule le message de notre peuple Tamasheq dans le Sahara," explique Abdallah Ag Alhousseyni, musicien et cofondateur du groupe. "Le cœur de notre musique, c'est le message que l'on délivre à travers le monde pour expliquer qui sont les Tamasheq, où ils sont et quels sont leurs problèmes," ajoute-t-il.
Tinariwen s'est produit avec le Mâalem Mustafa Bakbou qui a déjà joué avec des stars internationales comme Marcus Miller, Pat Metheny et Santana.
"La culture Gnaoua est restée dans l'ombre pendant longtemps," précise Mâalem Mustafa Bakbou. "Aujourd'hui, elle est connue dans le monde entier ; heureusement, la jeune génération reprend le flambeau et repousse les limites pour que cette culture continue de grandir," affirme-t-il.
Talents marocains et africains
Nabyla Maan, originaire de Fès, faisait partie des talents marocains du Festival. Ses influences : la musique traditionnelle de son pays, la chanson française et le jazz. À l'âge de 19 ans, elle a donné un concert à l'Olympia à Paris. Son album "Dalalu Al-Andalus" sorti en 2017 lui a valu de remporter deux prix aux Morocco Music Awards.
Autre style avec les rockeurs de Betweenatna de Casablanca. Rien à voir, à première vue, avec la musique gnaoua.
"Le lien que l'on pourrait avoir avec la musique Gnaoua, c'est l'identité marocaine et le côté transe peut être parce que dans le rock aussi, il y a beaucoup de transe," assure Mohammed Laâbidi alias Oubiz, musicien et cofondateur du groupe avant d'ajouter : "Le plus que l'on a, c'est un peu de déconnade, on essaie de rigoler et on partage ça avec le public."
Moh! Kouyaté est lui venu de Guinée pour partager la scène avec Mâalem Omar Hayat.