Les révoltes ont besoin de symbole. Casque de chantier, masque à gaz, du mouvement anti-Pékin de Hong Kong a emergé une nouvelle figure, celle d'un manifestant prêt à se battre pour son île.
Mike Chan est tatoueur dans la ville. Il a vu ces dernières semaines exploser la demande de tatouage de ce type. Lui même manifestant, son travail est pour lui une manière de supporter le mouvement.
"Je fais ces tatouages gratuitement parce que je pense que cela fait partie de la résistance. J'ai participé à des manifestations et à des rassemblements. J'ai vu beaucoup de groupes de personnes, ou des citoyens seuls, faire volontairement quelque chose pour s'entraider. J'ai l'impression qu'en faisant ces tatouages c'est du même ordre, c'est comme distribuer gratuitement des bouteilles d'eau. C'est ce que je fais pour contribuer à ce mouvement selon ma propre capacité", explique-t-il.
Parmi ses clients beaucoup de jeunes, comme Mary. Elle manifeste régulièrement de manière pacifique, mais aimerait rejoindre les groupes qui affrontent la police sans en avoir le courage, selon elle. Peur des violences ou de se faire arrêter...
Alors elle a décidé de se faire tatouer chez Mike. Mary préfère rester anonyme de peur des conséquences sur sa vie professionnelle.
"Je l'ai fait suite à ce qu'il s'est passé ces derniers mois, on ne peut pas vraiment parler librement ou faire beaucoup de choses. La seule chose que vous pouvez faire est de vous faire tatouer ce motif. Comme ça tu t'en souviendrais toute ta vie."
Jusqu'à récemment en Chine ou a Hong Kong, le tatouage avait mauvaise réputation. Il était réservé à ceux faisant partie des Triades, des groupes mafieux présents dans la région. Se faire tatouer est donc ici un geste fort. Comme le symbole que cette jeunesse n'oubliera jamais ce qu'elle a traversé.