Sécheresse en Europe : des villages se préparent au pire cet été

Les barrages de la région de Barcelone sont bien en dessous des niveaux habituels pour cette période de l'année.
Les barrages de la région de Barcelone sont bien en dessous des niveaux habituels pour cette période de l'année. Tous droits réservés AP Photo/Emilio Morenatti
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Par Euronews
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Un nouvel hiver sec, marqué par de faibles précipitations et de faibles chutes de neige, n'a pas permis de reconstituer des réserves d'eau déjà en baisse.

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L'année dernière, certaines régions d'Europe ont connu une sécheresse telle que les réserves d'eau potable ont été limitées.

Un hiver peu pluvieux a été suivi par l'un des étés les plus secs jamais enregistrés, tandis que des vagues de chaleur ont balayé le continent. Des millions de personnes ont souffert des conséquences de ces conditions météorologiques extrêmes.

Un autre hiver sec, marqué par de faibles précipitations et de faibles chutes de neige, n'a pas permis de reconstituer des réserves d'eau déjà en baisse. La Commission européenne a prévenu que les régions européennes et méditerranéennes pourraient connaître un autre été très compliqué cette année.

Aujourd'hui, certains habitants des régions qui ont connu l'extrême sécheresse de l'année dernière se préparent, une nouvelle fois, à d'importantes restrictions.

L'Espagne s'attend au pire cet été

Dans le nord-est de l'Espagne, le service météorologique du pays, Aemet, indique que la sécheresse a atteint des "proportions extraordinaires".

La Catalogne est l'une des régions les plus touchées. Le réservoir de Sau est à 9 % de sa capacité totale et l'approvisionnement en eau potable pour les six millions de personnes qui vivent dans l'agglomération de Barcelone est menacé.

Dans plusieurs municipalités, les réserves sont si faibles que des camions-citernes sont utilisés pour apporter de l'eau aux habitants.

L'année dernière, les résidents de la municipalité de Bonastre, en Catalogne, ne pouvaient utiliser l'eau qu'environ quatre heures par jour. S'il n'y a actuellement aucune restriction, les habitants se préparent à un retour à la situation de l'été dernier.

"Nous n'avons pas peur qu'il y ait à nouveau des restrictions, car nous y sommes habitués, dit Mario Ferrara, l'un d'entre eux. Cette année, nous savons que ce sera la même chose."

Il explique que le conseil municipal a construit un nouveau puits, car celui utilisé auparavant s'est asséché. Il était alimenté par l'aquifère de Gaia, qui subit les effets de la sécheresse.

AP Photo/Emilio Morenatti
Vue sur le barrage de La Baells à Berga, à environ 112 km au nord de Barcelone.AP Photo/Emilio Morenatti

Le nouveau puits fait partie d'un plan de la municipalité visant à réduire les pénuries et les restrictions d'eau et a été achevé à la fin de l'année 2022.

Mais selon Mario, "il s'agit plus d'un palliatif que d'une solution définitive".

Cette année, il dit se préparer à l'été en achetant des bouteilles et des jerrycans d'eau.

"Une fois les restrictions en place, la solution consistera à se doucher avant les voisins afin de ne pas manquer d'eau."

Presque un an de pénurie d'eau à Castellcir

Le village de Castellcir, situé au nord de Barcelone, compte 800 habitants. Cela fait "presque un an" que des camions-citernes sont utilisés pour l'approvisionnement en eau.

Isabel Forner est propriétaire d'un magasin de vêtements dans le village.

"Nous vivons dans les montagnes et la terre est plus sèche que jamais, explique-t-elle à Euronews Green. Il n'a pas du tout plu cet hiver et la terre était si sèche que lorsqu'il y a eu de la neige, elle a été aspirée en à peine cinq secondes à cause du manque d'eau".

Quatre fois par jour, des camions viennent remplir les réservoirs d'eau. La mairie a envoyé un courrier aux habitants pour leur demander de réduire leur consommation et de ne pas remplir leurs piscines.

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"Ils affirment que si la situation perdure, des restrictions d'eau seront mises en place", explique Isabel.

L'un des plus gros problèmes est celui des personnes qui viennent de l'étranger pour passer leurs vacances dans le village et qui ne tiennent pas compte des restrictions, selon elle.

"Même s'il est interdit de faire du feu et que c'est contraire à la réglementation, ils font des barbecues."

Elle craint que les autorités ne mettent en place des restrictions aussi sévères que celles qui ont été appliquées à Bonastre l'année dernière. Et même si elle n'aime pas cela, Isabel estime qu'il vaut mieux qu'elles soient mises en place maintenant plutôt que lorsqu'il n'y aura plus d'eau.

AP Photo/Alberto Saiz
Une sécheresse persistante après une année 2022 record semble avancer la saison des feux de forêt.AP Photo/Alberto Saiz

La population se prépare à un été sec dans le bassin du Pô en Italie

L'été dernier, le nord de l'Italie a subi les pires sécheresses qu'il ait connues depuis 70 ans. Certaines régions ont presque entièrement manqué d'eau pour irriguer les cultures, ce qui a mis en péril l'approvisionnement en denrées alimentaires. Le niveau du Pô a atteint un plancher record.

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Le bassin du plus long fleuve d'Italie continue de subir les effets d'un hiver peu pluvieux. Cet hiver, le cours d'eau est resté à des niveaux rarement atteints, même au plus fort de l'été.

Leonardo Pozzati est propriétaire d'une entreprise locale. Il réside à Ariano nel Polesine, un village situé le long du Pô.

"J'ai des chevaux et d'autres animaux. Leur eau provient directement du sol grâce à une pompe et à un puits d'environ dix mètres de profondeur", explique-t-il.

Il est fort possible que si le niveau de la nappe phréatique baisse encore, le puits s'assèche.
Leonardo Pozzati
Propriétaire d'une entreprise à Ariano nel Polesine

"Cette année, il est fort possible que si le niveau de la nappe phréatique baisse encore, le puits s'assèche."

Leonardo explique que cela pourrait poser des problèmes à de nombreuses personnes de la région qui utilisent des puits pour arroser leurs plantes et leurs cultures.

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"Pour me préparer, je cherche à relier l'alimentation en eau des animaux à un réseau, mais cela coûte évidemment de l'argent", ajoute-t-il.

"L'année dernière, les compagnies des eaux et les conseils locaux ont restreint la manière dont l'eau pouvait être utilisée. Je vais peut-être encore devoir remplir les cuves tôt le matin ou tard le soir, quand l'utilisation de l'eau est autorisée."

"Ma solution cette année est de prier et d'espérer"

Maria Camisotti, une autre habitante d'Ariano nel Polesine, réduit ses dépenses en prévision de nouvelles restrictions d'eau cet été.

"L'eau que j'utilise pour mes vignes et mon jardin provient du réseau de distribution, explique-t-elle. Je n'ai pas planté beaucoup de légumes cette année parce que je crains qu'ils coupent l'approvisionnement ou qu'ils imposent des horaires comme l'année dernière."

L'été dernier, elle a tout de même pu arroser ses cultures, malgré les restrictions. Mais cette année, elle n'a planté que des petits pois.

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"Cet été, je remplirai des seaux d'eau et j'y mettrai les plantes. J'espère ainsi économiser de l'argent, car l'eau du réseau coûte cher", explique-t-elle.

Cela fait maintenant deux hivers très secs. Cette année, je ne peux que prier et espérer.
Maria Camisotti
Habitante d'Ariano nel Polesine

"Il y a cinquante ans, le problème était différent : le Pô était trop haut, il y avait trop d'eau. Là, le maïs semble déjà de mauvaise qualité parce qu'il est trop sec. Cela fait maintenant deux hivers très secs. Cette année, je ne peux que prier et espérer".

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