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Réchauffement climatique : la fonte du pergélisol arctique pourrait libérer une "bombe de mercure"

L'Arctique se réchauffe quatre fois plus vite que la moyenne mondiale.
L'Arctique se réchauffe quatre fois plus vite que la moyenne mondiale. Tous droits réservés John Mcconnico/2005 AP
Tous droits réservés John Mcconnico/2005 AP
Par Rosie Frost
Publié le
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Cet article a été initialement publié en anglais

Le mercure est libéré lorsque le sol gelé pendant des millénaires dans le pergélisol dégèle, ce qui est de plus en plus fréquent en raison du changement climatique.

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Traversant l'Alaska jusqu'à la mer de Béring, le fleuve Yukon érode le pergélisol le long de ses rives et transporte des sédiments en aval.

Avec le réchauffement de la planète, ce pergélisol (parfois désigné par le terme anglais permafrost) s'érode plus rapidement et émet dans l'environnement un métal toxique : le mercure.

Bien que le mercure libéré par la fonte du pergélisol ne constitue pas une menace toxique aujourd'hui, son impact augmentera avec le temps. Il s'accumule progressivement dans la chaîne alimentaire, les poissons et les animaux sauvages consommés par l'homme constituant une menace future à mesure qu'il s'accumule.

Une nouvelle étude publiée par des chercheurs du Dornsife College of Letters, Arts and Sciences (USC) de l'université de Californie du Sud examine des moyens plus précis de mesurer l'ampleur du problème du mercure dans l'Arctique.

Pourquoi y a-t-il du mercure dans l'Arctique ?

La circulation atmosphérique naturelle fait que les polluants ont tendance à se déplacer vers les latitudes plus élevées.

Le mercure s'accumule donc dans l'Arctique, où il est absorbé par les plantes, qui meurent et se fondent dans le sol. Le mercure gèle dans le pergélisol - où le sol reste gelé toute l'année - et au cours de milliers d'années, des concentrations de mercure se sont accumulées dans le sol. Sous cette forme, le mercure n'est pas particulièrement dangereux.

Le métal toxique est libéré lorsque le sol dégèle, et, sous les effets du changement climatique, ce phénomène se répand. L'Arctique se réchauffe quatre fois plus vite que la moyenne mondiale.

Auparavant séquestré par le pergélisol dans les sédiments pendant des millénaires, ce mercure est maintenant érodé et libéré dans l'environnement.

Il pourrait y avoir une bombe de mercure géante dans l'Arctique qui attend juste son heure pour exploser.
Josh West
Professeur de sciences de la terre et d'études environnementales à l'USC Dornsife

Le mercure libéré pourrait constituer une menace environnementale et sanitaire majeure pour les 5 millions d'habitants de l'Arctique et les plus de 3 millions de personnes qui vivent dans des régions où le pergélisol devrait disparaître complètement d'ici à 2050.

"Il pourrait y avoir une bombe de mercure géante dans l'Arctique qui attend juste son heure pour exploser", déclare Josh West, coauteur de l'étude et professeur de sciences de la terre et d'études environnementales à l'USC Dornsife.

Le risque de consommer du mercure dans l'eau potable est minime et la plupart des êtres humains sont déjà exposés à un certain niveau de mercure dans leur alimentation. Les sédiments érodés sont également souvent redéposés plus loin dans la rivière.

Il est essentiel de comprendre la dynamique de ce mouvement pour saisir l'ampleur de la menace qui pèse sur les communautés de l'Arctique.

Prévoir le problème de la pollution par le mercure dans l'Arctique

Les nouvelles recherches portent sur une méthode plus précise pour mesurer la quantité de mercure libérée du pergélisol par la rivière et estimer la quantité totale de mercure en attente d'être libérée.

Les méthodes précédentes d'estimation des niveaux de ce métal toxique se heurtent à des limites telles que la profondeur d'échantillonnage du sol, ce qui signifie que les résultats varient considérablement. Des carottes ont été prélevées sur les trois premiers mètres du pergélisol.

L'étude a analysé le mercure dans les sédiments des berges des rivières et des bancs de sable, en puisant dans des couches de sol plus profondes. Les chercheurs ont constaté que les niveaux de ce métal toxique correspondaient aux estimations les plus élevées des études précédentes, ce qui signifie que leur méthode est probablement exacte.

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L'équipe a également utilisé des satellites pour voir comment le cours du fleuve Yukon pourrait changer dans les années à venir et comment cela pourrait influer sur l'érosion des berges chargées de mercure. Ils espèrent que cela aidera à prédire le mouvement de ce polluant.

Les chercheurs ont également constaté que les sédiments à grains fins contenaient plus de mercure que les sédiments à grains grossiers. Cela suggère que les différents types de sol pourraient présenter des risques différents.

"La prise en compte de tous ces facteurs devrait nous permettre d'obtenir une estimation plus précise de la quantité totale de mercure qui pourrait être libérée à mesure que le pergélisol continuera à fondre au cours des prochaines décennies", explique Isabel Smith, doctorante à l'USC Dornsife et auteure correspondante de l'étude.

Sources additionnelles • adaptation : Serge Duchêne

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