D’abord rejeté, Varsovie salue désormais le mécanisme de relance de l’UE mais le dispositif divise la coalition gouvernementale.
D'opposant à partisan. La Pologne se prépare à recevoir des milliards d'euros de l'UE malgré le véto posé l'année dernière contre le dispositif commun de relance. Varsovie, alliée à Budapest, a longtemps refusé la conditionnalité liée au respect de l'Etat de droit. Le mécanisme prévoit une suspension des fonds européens en cas de violation systémique des droits fondamentaux.
Désormais le gouvernement ultra-conservateur du parti Droit et justice défend cette aide au risque de provoquer des tensions au sein de la coalition gouvernementale. Son partenaire voit dans cette stratégie de l’UE un outil pour mettre en place une Europe plus fédérale.
Varsovie devrait toucher 36 milliards d'euros de l'Union dont :
- 12,1 milliards d'euros sous forme de prêt
- 23,9 milliards d'euros sous forme de subvention
Difficile sortie du charbon
Cette stratégie s'appuie sur la résilience économique, l'innovation, le marché du travail, le système de santé et la transition écologique et numérique. Le pays entend ainsi développer des champs d'éoliennes ou encore accélérer la mise en œuvre de la 5G.
Varsovie pourra aussi s'appuyer sur le fond de Transition juste dont l'objectif est de soutenir les Etats membres à sortir de l'industrie du charbon. Mais cette transformation pourrait prendre beaucoup de temps pour diverses raisons. "Le charbon n'est pas seulement une ressource énergétique. C'est aussi un aspect de la sécurité énergétique de la Pologne", explique Michal Baranowski, directeur du bureau de Varsovie du German Marshall Fund.
Le charbon c’est aussi un secteur qui représente des milliers d’emplois concentrés dans une région stratégique politiquement : la Silésie. Michal Baranowski souligne aussi qu’aucun "gouvernement n'est parvenu à réformer cette industrie". Mais un consensus croissant reconnaît que le pays doit s’engager dans une voie plus écologique.
Avec la conditionnalité sur l'Etat de droit certains fonds pourraient cependant être suspendus. L’UE s’inquiète de voir le gouvernement influencer le pouvoir judiciaire. Pour le chercheur tout est entre les mains de la Commission européenne. C’est à l’institution "de décider comment elle veut l'appliquer au sein du fonds de relance européen", assure Michal Baranowski.
Après d'âpres débats le Parlement polonais a ratifié plus tôt dans la semaine le dispositif européen. Mais les tensions restent fortes dans la classe politique.