La Slovénie dans la vague de la dérive autoritaire

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Tous droits réservés CHRISTIAN HARTMANN/AFP
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Par Stefan GrobeEuronews
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Le Premier ministre slovène, dont le pays occupe depuis le 1er juillet la présidence semestrielle de l’UE, est sous le feu des critiques pour ses intimidations contre la presse et son interférence avec la justice.

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La Slovénie entame sa présidence semestrielle de l’UE sous les critiques. Le gouvernement est accusé de violer la liberté de la presse, de menacer l’indépendance de la justice et de ne pas coopérer avec le nouveau parquet européen dont la mission est d’enquêter sur les détournements de fonds européens.

Les eurodéputés ont débattu cette semaine avec le Premier ministre slovène de ses priorités pour les six prochains mois. Janez Jansa s’est expliqué mais semble faire la sourde oreille aux reproches. "Il y a plein d’autres problèmes qui sont immensément plus pertinents que celui sur lequel nous perdons notre temps", explique-t-il à propos de l’Etat de droit.

Janez Jansa est un allié proche du Premier ministre hongrois. Viktor Orban a été récemment sous le feu des critiques pour sa loi controversée contre la communauté LGBT qui tord l’éducation sexuelle de façon à stigmatiser l’homosexualité.

Pour évoquer ces dirigeants de l’UE qui portent atteinte aux valeurs de l'UE Euronews a interrogé la spécialiste des affaires européennes Shada Islam.

Euronews :

Est-ce que le Premier ministre néerlandais a eu raison de dire à Viktor Orban lors du dernier sommet de quitter l’UE s’il ne partageait les valeurs européennes ?

Shada Islam :

Il a été plutôt dur et sévère dans ses commentaires. Mais je pense que beaucoup de personnes pensent la même chose. Si vous n’êtes vraiment pas lié à la communauté de valeurs, cette union de l’égalité sur laquelle le projet européen s’est embarqué et que l’on essaye de créer, alors il faut vraiment réfléchir à l’opportunité de rester ou de sortir. Mais je peux comprendre que pour le moment c’est je dirais plutôt difficile pour plusieurs pays, pour les Etats membres d’Europe centrale et de l’est. Je pense que c’était un bon signal d’alerte, et ce que Mark Rutte a dit est partagé par de nombreuses personnes.

Euronews :

Cette union européenne des valeurs, c’est une chimère, une illusion lorsque des pays illibéraux de l’est ont été admis ?

Shada Islam :

Cela ne se produit pas uniquement dans ce que l’on appelle les démocraties illibérales d’Europe centrale et de l’est. La communauté de valeurs, cette union de l’égalité, est aussi mis à mal dans l’ouest, dans les démocraties libérales. Il y a de nombreuses violations commises en permanence et je pense qu’il n’est pas judicieux de s’engager dans cette indignation sélective. Nous devrions être tout autant et également en colère contre les violations des droits de l’homme, les infractions à l’Etat de droit, les discriminations, le racisme, la xénophobie qui se déroulent aussi en Europe de l’ouest.

Euronews :

Est-ce que ces pays peuvent être formés et est-ce le rôle des autres Etats membres ?

Shada Islam :

Ce n’est pas seulement à propos de pays. Je pense que nous devons faire une différence entre les gouvernements et les citoyens. Ce que nous avons actuellement ce sont des gouvernements qui violent nos principes fondamentaux. Il y a une déconnection entre les citoyens et certains de ces gouvernements et c’est quelque chose que nous devons prendre en compte. On ne peut pas condamner l’ensemble de la population.

Euronews :

Est-ce qu’il faudrait un mécanisme pour pousser vers la sortie les Etats membres qui méprisent l’Etat de droit, les minorités, la liberté de la presse et celle d’enseigner ?

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Shada Islam :

Lorsque l’Union européenne s’est construite, personne n’a songé à l’expulsion d’un pays. Cela rend difficile de penser actuellement à l’élargissement parce que nous n’avons pas un tel mécanisme, c’est quelque chose sur lequel nous devrions travailler. Je pense qu’il devrait y avoir une sorte de salle d’attente pour rentrer et je dirais une salle où les pays qui ne respectent pas les règles puissent attendre le temps de reprendre leurs esprits. Cela peut prendre différentes formes comme ne pas avoir accès aux fonds européens ou ne pas pouvoir participer à toutes les réunions des dirigeants européens.

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