Un difficile équilibre pour lutter contre l’inflation sans brider la croissance européenne

Les marchés, les gouvernements et les banques centrasles suivent de près les risques inflationnistes
Les marchés, les gouvernements et les banques centrasles suivent de près les risques inflationnistes Tous droits réservés Seth Wenig/AP
Par Stefan GrobeEuronews
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La marge de manoeuvre est étroite pour les gouvernements de l'UE et la Banque centrale européenne.

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L'économie européenne montre des signes de tension. Les conséquences de la guerre ont un impact sur les prix de l’énergie et sur de nombreuses denrées alimentaires. A cela il faut ajouter un resserrement mondial de l'accès au crédit pour lutter contre l'inflation et un ralentissement économique de la Chine. Le mélange est dangereux pour les experts.

Euronews a interrogé Jacob Kirkegaard, économiste et chercheur à l'institut Peterson pour l'Economie internationale et au German Marshall Fund.

Euronews :

Est-ce qu'il y a un risque de stagflation prolongée si la guerre continue en Ukraine ?

Jacob Kirkegaard :

Oui je pense que c'est absolument un risque. Nous avons déjà une augmentation rapide de l'inflation en raison de la combinaison d'une augmentation des prix de l'énergie à cause de la guerre, mais pas seulement l’énergie, il y a aussi l'alimentation et d'autres produits de base. Il faut gérer une situation où l'inflation progresse rapidement, hors de portée de la banque centrale. Il faut le dire, ce n'est pas parce que la banque centrale va augmenter ses taux d'intérêt que cela va entrainer une baisse des prix mondiaux du pétrole, que cela va rendre les chaînes de production en Chine plus efficace. Evidemment si elle agit de la sorte cela va diminuer l'ensemble de la croissance économique ce qui ouvre la voie au risque d'une croissance stagnante, mais avec des prix toujours élevés. C'est malheureusement là où nous en sommes aujourd'hui.

Euronews :

Est-ce que les gouvernements et les banques centrales ont les outils pour lutter contre cette augmentation des prix ?

Jacob Kirkegaard :

Pour faire court, le type d'inflation actuellement en Europe est très difficile à gérer pour la Banque centrale européenne et les autres banques centrales. Encore une fois, elle est causée par les prix mondiaux des produits de base, par les chaines d'approvisionnement mondiales. Ce ne sont pas des choses sur lesquelles elles peuvent avoir la main. Les gouvernements ont l'opportunité de continuer à stimuler la croissance, ils peuvent investir davantage en faveur du climat. Ils peuvent évidemment, comme nous le voyons dans plusieurs pays, investir davantage dans la défense. Mais si vous agissez ainsi, d'une certaine façon vous mettez de l'huile sur le feu car vous ajoutez une demande supplémentaire à l'économie ce qui au bout du compte peut entrainer plus d'inflation.

Euronews :

Concernant la reconstruction de l'Ukraine, les coûts sont estimés à 600 milliards d'euros et personne ne sait quand la guerre se terminera. Qui va payer la facture ?

Jacob Kirkegaard :

Je pense qu'il y a peu de doute sur le fait que l'Union européenne paiera une large part de la facture. Il est également possible que les réserves de change russes gelées soient utilisées à cette fin dans le cadre d'un accord de paix plus large. Mais il est clair que pour permettre à l'Union européenne de jouer son rôle de moteur de la reconstruction il faudra de nouvelles sources de financement. Et cela signifie certainement, à mon avis, mais c'est aussi le sens de la Commission européenne, un financement européen commun supplémentaire ou l'émission d'obligations, similaire à ce que nous avons vu pendant la pandémie.

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