Montage des leaders européens sur les frontières de l'Ukraine
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[Synthèse] Comment la guerre a-t-elle changé l'Europe ? Zoom sur plus de 20 pays européens

Par Euronews
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En Pologne, en Allemagne ou encore en Finlande, quels sont les effets de la guerre en Ukraine ? Six mois après le début de l'offensive russe, c'est l'heure du bilan ⏱️

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La guerre en Ukraine a semé la mort, la destruction et la misère sur l'Ukraine pendant les six derniers mois. Mais comment a-t-elle affecté le reste de l'Europe ? Le point dans plus de 20 pays européens.

Autriche : garder foi en la neutralité

Par David Hutt et Verena Schad

La guerre a suscité des appels à remettre en question la sacro-sainte neutralité autrichienne. Cette politique, qui date de 1955, une époque où l'Autriche était encore occupée par les Alliés, explique pourquoi l'Autriche n'a jamais fait partie de l'Otan, une alliance militaire.

Quoi qu'il en soit, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine, certains estiment qu'il est temps de réexaminer la question. "Un débat critique sur les avantages et les inconvénients de la neutralité est nécessaire" estime le professeur Alfred Gerstl de l'Université de Vienne, "bien que la majorité de la population soutienne la neutralité, qui a un statut presque mythique."

Le chancelier autrichien Karl Nehammer a "clairement articulé son désir de ne pas débattre sur cette question sensible pour le moment" a ajouté M. Gerstl. L'idée que la neutralité ne doit pas être remise en question est majoritairement soutenue par l'opinion publique, d'après un sondage de l'ÖGfE, la société autrichienne de politique européenne.

Pour mettre l'emphase sur cette politique de neutralité, Karl Nehammer est devenu, à la mi-avril,  le premier chef d'État européen à rendre visite à Vladimir Poutine depuis le début de la guerre.

AP Photo
Le chancelier autrichien, Karl Nehammer, lors de sa visite en Russie - 11 avril 2022AP Photo

Belgique : retarder la sortie du nucléaire

Par Andrea Carlo

La Belgique a retardé l'arrêt de plusieurs centrales nucléaires par peur que la guerre en Ukraine ne cause des restrictions d'énergie. Le pays a actuellement sept réacteurs en activité

Elle avait l'intention de sortir progressivement de sa dépendance au nucléaire d'ici à 2025. Mais la hausse du prix du gaz et le risque de coupe nette des approvisionnements depuis la Russie a poussé le pays à reconsidérer ce choix. La Belgique affirme désormais qu'elle devra décaler de dix ans sa sortie du nucléaire, soit d'ici à 2035.

Bulgarie : dégrader sa relation avec la Russie

par Euronews Bulgaria

La guerre en Ukraine a contribué à dégrader rapidement les relations entre la Russie et son ancienne alliée soviétique, la Bulgarie. 

La coalition pro-européenne au pouvoir, dirigée par Kiril Petkov, a non seulement soutenu la mise en place des sanctions économiques contre la Russie, mais elle a rejeté la demande de la Russie de payer ses importations de gaz russe en roubles. 

En conséquence, Gazprom a coupé les robinets vers le pays, qui était presque intégralement dépendant de la Russie pour son énergie. En juillet, un nouveau gazoduc entre la Grèce et la Bulgarie a été inauguré. Il achemine de l'énergie depuis l'Azerbaïdjan.

Quelques semaines auparavant, le gouvernement de Kiril Petkov a été renversé. La guerre en Ukraine a mis en évidence, entre autres, les divisions au sein de la coalition au pouvoir. De nouvelles élections sont prévues pour début octobre.

Entre-temps, des manifestations ont éclaté à Sofia, où l'on craint que le gouvernement par intérim ne reprenne les pourparlers avec Gazprom afin de rouvrir les robinets de gaz russe.

La guerre a également accentué les divisions au sein de la société bulgare, alimentées par une forte prévalence de la désinformation sur ce qui se passe en Ukraine. En mai, un sondage Gallup International sur les Balkans a révélé que près d'un quart des personnes interrogées (23,3 %) soutenaient la guerre de Vladimir Poutine en Ukraine. Le même sondage montrait que 58,8 % désapprouvaient l'invasion de la Russie.

Valentina Petrova/AP
Un manifestant tient une affiche représentant Vladimir Poutine avec le mot "Killer" (tueur) lors d'un rassemblement dans le centre-ville de Sofia - 10 août 2022Valentina Petrova/AP

République tchèque : en bon allié de Kyiv, accueillir des réfugiés ukrainiens

Par David Hutt

Plus de 413 000 réfugiés ont été recensés en République tchèque, d'après le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Cela représente environ 4 % des 10,7 millions d'habitants du pays. En comparaison, les quelques 1,3 million de réfugiés ukrainiens enregistrés en Pologne représentent 3,3 % de sa population.

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Selon un sondage publié en mars, 85 % des personnes interrogées en République tchèque soutiennent leur gouvernement et son choix d'ouvrir ses portes aux réfugiés ukrainiens. Un autre sondage réalisé le mois dernier a révélé que 75 % des personnes interrogées étaient favorables à l'accueil des Ukrainiens.

AP Photo
Réfugiés ukrainiens à Prague (République Tchèque) - 15 mars 2022AP Photo

Comment expliquer que l'opinion publique tchèque soutienne massivement cette politique d'accueil ?

Le 21 août 1968, alors que les manifestants tchécoslovaques descendaient dans la rue pour réclamer une gouvernance plus libérale de la part des communistes au pouvoir, les chars soviétiques ont débarqué pour réprimer le "Printemps de Prague". Les Tchèques (et les Slovaques) ont donc, naturellement, de la sympathie pour ceux qu'ils considèrent comme de nouvelles victimes de l'agression russe.

L'acceptation des migrants ukrainiens a été facilitée par le taux de chômage généralement faible du pays (environ 3,3 % en juillet), d'après Lubomír Kopeček, professeur de sciences politiques à l'université Masaryk. Le ministère tchèque du travail et des affaires sociales a indiqué sur Twitter à la mi-août qu'environ 101 000 des réfugiés avaient trouvé un emploi.

La guerre de la Russie en Ukraine a également renforcé le récent pivot de Prague vers l'Occident, comme l'OTAN, l'Union européenne et Washington. Elle a été l'un des défenseurs les plus actifs et les plus bruyants de l'Ukraine en Europe. "La forte position pro-ukrainienne qu'ils ont adoptée est crédible et correspond à une grande partie de l'opinion publique en République tchèque", a déclaré Sean Hanley, professeur associé en politique d'Europe centrale et orientale à l'University College de Londres.

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Danemark : opérer un revirement historique sur la défense

Par Andrea Carlo

Pendant que la Suède et la Finlande faisaient la une des journaux en annonçant leur volonté de rejoindre l'OTAN en réponse à la guerre en Ukraine. Le Danemark a,  lui aussi, pris une décision historique. Bien que membre fondateur de l'OTAN, Copenhague a longtemps refusé de participer aux politiques de défense de l'UE.

Lorsque Poutine envahit un pays libre et menace la stabilité de l'Europe, nous nous serrons les coudes
Mette Frederiksen
Première ministre danoise

Aujourd'hui la barrière est tombée. Lors d'un référendum organisé en juin, 66,9 % des Danois se sont prononcés en faveur d'un alignement du Danemark sur Bruxelles. "Ce soir, le Danemark a envoyé un signal très important", a déclaré la Première ministre danoise, Mette Frederiksen, peu après l'annonce du résultat.

"À nos alliés en Europe et à l'OTAN, ainsi qu'au (président russe Vladimir) Poutine. Nous montrons que lorsque Poutine envahit un pays libre et menace la stabilité de l'Europe, nous nous serrons les coudes. [...] Le Danemark peut désormais prendre part à la coopération européenne en matière de défense et de sécurité." a déclaré la cheffe d'Etat danoise.

Bo Amstrup
Plusieurs soldats des forces armées danoises effectuent des exercices dans l'arène d'entraînement à Oksboellejren (Danemark) - 01.03.2022Bo Amstrup

Estonie : soutenir l'Ukraine envers et contre tout, à commencer par l'inflation

Par Josh Askew

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L'Estonie est le point chaud de l'inflation en Europe - son taux annuel a atteint 23,2 % au début du mois. Mais la flambée des prix - due à l'augmentation des coûts de l'énergie en raison de la guerre - n'a pas modifié la position de l'Estonie, qui est l'une des principales voix du continent à soutenir l'Ukraine.

Tallinn a accordé une aide militaire de 250 millions d'euros à l'Ukraine, soit un tiers du budget annuel de la défense du pays.

L'Estonie, qui faisait autrefois partie de l'Union soviétique, a accueilli 50 000 réfugiés ukrainiens (soit l'équivalent de 4 % de sa population). Elle a aussi demandé des sanctions plus sévères à l'encontre de la Russie et a récemment interdit aux Russes d'entrer sur son territoire.

Elle a également commencé à retirer les monuments de l'ère soviétique des espaces publics du pays.

La ville de Tallinn s'est engagée à arrêter les importations de gaz russe et, pour compenser, construit un terminal de gaz naturel liquéfié (GNL) flottant à Paldiski, au nord ouest du pays. 

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France : renforcer son indépendance énergétique

Par Vincent Coste

Comme dans de nombreux pays européens, la tension autour de l'énergie depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie a un impact direct sur la vie quotidienne.

La France est beaucoup moins dépendante de la Russie que ses voisins pour son approvisionnement en gaz (17 % de ses besoins en gaz de Russie en 2020) mais la hausse des coûts de l'énergie, notamment de l'essence et de l'électricité, a contribué à pousser l'inflation à 6,1 % en juillet, selon l'Institut français de la statistique.

En réaction, Paris a mis en place diverses mesures pour aider les ménages, comme une "remise sur le carburant". Cette aide, actuellement de 0,18 € par litre, sera portée à 0,30 € par litre en septembre et octobre. Elle sera maintenue jusqu'en décembre où elle tombera à 0,10 €.

Le gouvernement a également maintenu son "bouclier tarifaire" pour limiter la hausse des factures d'électricité à 4% et geler les prix du gaz à leur niveau d'octobre 2021. Ce dispositif sera prolongé jusqu'à la fin de l'année 2022. En outre, 230 millions d'euros ont été affectés aux ménages à faibles revenus qui utilisent le fioul pour se chauffer.

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Aurelien Morissard/AP
L'obélisque de la place de la Concorde illuminé aux couleurs de l'Ukraine pour marquer les six mois de guerre en Ukraine après son invasion par la Russie - 2022Aurelien Morissard/AP

Enfin, le gouvernement va renationaliser EDF, la plus grande entreprise d'électricité du pays. Il s'agit de protéger la sécurité énergétique de la France, qui a été mise à mal par la guerre en Ukraine.

Cette indépendance énergétique a aussi été mise à mal par des problèmes d'ordre technique sur les centrales nucléaires françaises. Des phénomènes de corrosion, notamment, ont été identifiés, obligeant les autorités à suspendre le fonctionnement de 27 des 56 réactions que compte la France. 41% du mix énergétique français dépend du nucléaire. Paris s'est engagé à renouveler ses centrales nucléaires. 

Finlande et Suède : laisser tomber la neutralité

Par David Mac Dougall

Qui aurait pu parier, au début de l'année 2022, que la Suède et la Finlande allaient demander leur adhésion à l'Otan ? Et même être sur le point de finaliser leur processus d'adhésion ?

La tradition de neutralité est inscrite dans l'ADN des sociaux-démocrates suédois, et l'opinion publique n'a jamais manifesté d’intérêt particulier pour l'adhésion à l'Otan. En Finlande, alors qu'un des grands partis s'est toujours montré favorable à l'alliance atlantique, l'intérêt du reste de la population n'a jamais grimpé au-delà des 30%, même si l'"establishment" diplomatique et militaire rongeait son frein depuis plusieurs années pour adhérer à l'alliance. 

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Tout cela a changé avec l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Six mois plus tard, les deux pays nordiques, mènent désormais des opérations militaires régulières avec les forces de l'OTAN sur leur territoire et dans le ciel, et seront bientôt couverts par l'article 5 de l'OTAN qui prévoit une défense collective en cas d'agression extérieure. 

Bien que la Russie ait déclaré que l'adhésion à l'OTAN aurait des "conséquences". La mise en garde en reste au stade des menaces. "Les Finlandais sont désormais davantage axés sur la sécurité", a déclaré Krista Mikkonen, ministre finlandais de l'Intérieur par intérim.

"Nous avons toujours prêté attention à la sécurité de notre société et nous sommes l'un des pays les plus sûrs au monde. Cependant, l'attaque de la Russie contre l'Ukraine a fait entrer la sécurité dans le débat public en Finlande plus fortement qu'auparavant. Les Finlandais ont été attristés et choqués par l'attaque et veulent que nous renforcions notre propre sécurité", a déclaré la Premier ministre danoise, Sanna Marin. 

Paul Wennerholm/Paul Wennerholm/TT
La première ministre finlandaise, Sanna Marin, assiste à une conférence de presse avec la première ministre suédoise, Magdalena Andersson (2022).Paul Wennerholm/Paul Wennerholm/TT

La Finlande est le pays qui partage la plus longue frontière de l'UE avec la Russie. Malgré les efforts des gouvernements et des présidents successifs pour maintenir des canaux de communication ouverts avec le Kremlin et en dépit d'une grande proximité sur les questions de sécurité maritime ou culturelles, la population a récemment dû se résigner. Il n'est pas possible de faire confiance à la Russie en matière de sécurité.

Allemagne : essayer de rester solidaire de l'Ukraine malgré les coûts de l'énergie

Par Verena Schad

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L'Allemagne est le seul grand pays de l'Union européenne dépendant en très grande partie du gaz russe. La perspective d'une coupe de l'approvisionnement en gaz par Gazprom dans les mois à venir est donc source d'inquiétude. En effet, lors de la récente canicule, les Allemands se sont précipités pour acheter des radiateurs électriques pour se préparer à une éventuelle crise énergétique cet hiver.

Le gouvernement, quant à lui, impose des économies d'énergie dans le secteur public afin de remplir les réservoirs de gaz avant l'hiver. Il a également mis en place une taxe sur le gaz de 2,4 cents par kilowattheure, en plus du tarif du gaz déjà très élevé. Un ménage de quatre personnes doit s'attendre à payer environ 500 euros de plus par an, sans compter la TVA.

SASCHA SCHUERMANN/AFP
Le chancelier allemand Olaf Scholz and Christian Bruch, le directeur général de Siemens Energy à côté de l'une des turbines de North Stream 1SASCHA SCHUERMANN/AFP

Ces coûts supplémentaires pourraient mettre à mal la solidarité avec l'Ukraine à long terme. Les détracteurs du gouvernement et des théoriciens du complot comptent profiter de l'occasion pour pousser au soulèvement. Ils augurent un "hiver de la rage" avec des manifestations populaires sans précédent, en particulier sur les réseaux sociaux.

Toutefois pour le professeur Uwe Demele, de l'université des sciences appliquées d'Eberswalde, ce type de scénario apocalyptique est loin d'être réaliste : "Les difficultés telles qu'un prix élevé du gaz seront probablement acceptées tant qu'elles ne représentent pas une menace pour leur existence", a-t-il déclaré à Euronews.

Autre sujet délicat pour le gouvernement allemand : la fourniture d'armes à l'Ukraine. Le chancelier Olaf Scholz a été critiqué dans toute l'Europe pour son hésitation à envoyer des armes lourdes pour aider Kyiv.

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La guerre a également conduit l'Allemagne à s'engager à dépenser 100 milliards d'euros pour moderniser son armée. Un revirement pour un pays marqué les atrocités commises par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale et très attaché au pacifisme. 

Hongrie : l'occasion pour Viktor Orbán de "s'ériger en leader"

Par Josh Askew

En avril, un peu plus d'un mois après l'invasion russe, Fidesz, le parti de Viktor Orbán, au pouvoir, a remporté sa quatrième élection consécutive, un record dans le pays.

À l'approche du scrutin, Viktor Orbán promettait être le seul à pouvoir maintenir la Hongrie en dehors du conflit. "La guerre en Ukraine a fourni au Premier ministre une occasion privilégiée de s'ériger en leader qui protège la nation d'une guerre imminente", a déclaré à Euronews Dalma Dojcsak, experte en stratégie à l'Union hongroise des libertés civiles.

Invoquant l'état d'urgence à cause de la guerre en Ukraine, Viktor Orbán a signé un ordre juridique spécial en mai, qui a permis au gouvernement de suspendre certaines lois du parlement et de gouverner par décret. Pour l'experte Dalma Dojcsak, cette législation permet au "gouvernement de pratiquement statuer et décider sur n'importe quelle question sans aucun contrôle effectif", l'approbation du Parlement n'étant plus nécessaire.

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Maxim Shipenkov/AP
Le président russe Vladimir Poutine et le président hongrois Viktor Orban - 17.02.2016Maxim Shipenkov/AP

Sous la direction de Viktor Orbán, la Hongrie a mené une politique de neutralité stricte à l'égard de l'Ukraine. Certains experts jugent classent même la Hongrie parmi les pays pro-russes. Bien que le dirigeant hongrois ait appelé à un cessez-le-feu en Ukraine, il a refusé d'autoriser les transferts d'armes via la frontière Hongrie-Ukraine

"Le gouvernement hongrois, et c'est le seul au sein de l'Union européenne, [...] essaie de plaire à Vladimir Poutine", a déclaré l'eurodéputée hongroise Anna Donáth à Euronews. Elle affirme que la Hongrie est motivée par le désir d'avoir accès à du "gaz russe bon marché".

"Dans un pays voisin, il y a une guerre, dont personne ne peut encore voir la fin", a déclaré le gouvernement hongrois à Euronews dans une déclaration envoyée par courriel. "Cette guerre représente une menace permanente pour la Hongrie, mettant en péril notre sécurité physique, l'approvisionnement en énergie et la sécurité financière des familles et de l'économie dans son ensemble".

"Le monde est au bord d'une crise économique. La Hongrie doit rester en dehors de cette guerre et protéger la sécurité financière des familles. Pour cela, le gouvernement a besoin d'une marge de manœuvre et de la capacité de prendre des mesures immédiates." a-t-il conclu.

Italie : aider l'Ukraine ou la laisser tomber, cela pourrait changer après les élections

Par Andrea Carlo

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L'Italie a suivi le reste de l'Europe en apportant son soutien à l'Ukraine. Les Italiens ont accueilli dans leur foyer environ 160 000 réfugiés, soit le deuxième plus grand nombre en Europe occidentale après l'Allemagne. Le gouvernement de son côté aurait fourni à Kyiv plus de 150 millions d'euros d'armes lourdes.

Néanmoins, plusieurs signes indiquent que le soutien du pays à l'Ukraine pourrait commencer à faiblir, alors que l'inflation, la hausse des prix de l'énergie et un sentiment général de lassitude face à la guerre commencent à se faire sentir chez une grande partie de la population italienne.

Les relations de l'Italie avec la Russie au cours des dernières décennies sont complexes. Sous le mandat de l'ancien Premier ministre controversé Silvio Berlusconi dans les années 2000, les relations entre Moscou et Rome se sont adoucies et le pays a fini par choisir la Russie pour environ 40 % de ses importations en énergie.

Andrew Medichini/AP
Des membres de la communauté ukrainienne en Italie participe à une marche de solidarité devant le Colisée - 24.08.2022Andrew Medichini/AP

Si tous les principaux partis politiques italiens ont dénoncé Vladimir Poutine et son invasion de l'Ukraine, la sympathie pro-russe prolifère au sein de plusieurs partis, notamment à droite. En 2015, le leader populiste de la Ligue du Nord, Matteo Salvini, s'est opposé aux sanctions contre la Russie en raison de son invasion de la Crimée.

Depuis l'invasion de l'Ukraine, plusieurs personnalités ont exprimé des attitudes qui ont été qualifiées de "douces", voire favorables à la Russie. Un exemple marquant est celui du professeur Alessandro Orsini, qui estime que l'Occident devait laisser la Russie gagner la guerre pour éviter une éventuelle catastrophe nucléaire.

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L'opinion publique italienne s'est également montrée largement critique à l'égard de toute forme d'interventionnisme de l'OTAN en Ukraine (environ 83 %) et était divisée sur la fourniture d'armes au pays envahi. En mars dernier, un groupe de travailleurs de l'aéroport Galileo Galilei de Pise a tenté de bloquer un avion chargé d'armes à destination de l'Ukraine. En juin, près de la moitié des Italiens s'opposaient à l'envoi d'armes en Ukraine.

Alors que les prochaines élections anticipées, déclenchées par l'effondrement du gouvernement de coalition technocratique et pro-UE de Mario Draghi, vont probablement donner naissance à un gouvernement de droite dirigé par la nationaliste Giorgia Meloni, certains analystes se demandent si le pays pourrait voir un changement de cap dans son attitude envers la Russie.

Lituanie : soutenir le voisin ukrainien (comme d'habitude)

Par David Mac Dougall

L'agression du Kremlin en Ukraine n'a pas vraiment surpris la Lituanie. Depuis des années, l'État balte qui partage une frontière avec la Russie par l'intermédiaire de son exclave de Kaliningrad, tirait la sonnette d'alarme au sein de l'UE

"La Lituanie a toujours été parmi ceux qui ont essayé d'attirer l'attention sur ce qui se passait en Russie. Cela n'a pas commencé hier ou le 24 février" confirme Linas Linkevičius, ancien ministre lituanien des affaires étrangères, et ex-ministre de la défense. "Les problèmes ont commencé, raconte-t-il, lorsque la Russie a déclenché une guerre dans la région du Caucase du Sud."

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"Lorsque la Russie a annexé la Crimée en 2014, ce n'était pas une surprise pour nous"
Linas Linkevičius
Ancien ministre lituanien des affaires étrangères et ex-ministre de la défense

Pour Linas Linkevičius, la vie en Lituanie suit son cours mais le soutien à l'Ukraine ne faiblit pas. "Vous pouvez voir des drapeaux ukrainiens à chaque coin de rue".

Les Lituaniens ont également trouvé un moyen concret et original de soutenir l'effort de guerre. Ils ont cotisé des millions d'euros pour envoyer un drone Bayraktar à l'armée ukrainienne.

La longue frontière que la Lituanie partage avec la Biélorussie, préoccupe aussi sa population. "Il y a 30 km de notre capitale à la frontière, et la frontière est longue de 280 km. C'est la frontière extérieure de l'UE avec un pays qui n'est pas indépendant, mais qui est un terrain d'entraînement pour la Russie depuis longtemps, et une plateforme pour lancer des attaques contre l'Ukraine".

Moldavie : vouloir l'adhésion à l'UE et craindre d'être la prochaine sur la liste

Par Madalin Necsutu

Une semaine à peine après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, la Moldavie a déposé une demande officielle d'adhésion à l'Union européenne, accélérant ainsi son positionnement pro-occidental. Bruxelles a officiellement fait de la Moldavie un candidat à l'adhésion à l'UE, première étape d'un long parcours vers l'intégration dans l'Union.

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Mais l'orientation stratégique du pays n'est pas la seule chose qui ait changé avec l'invasion de l'Ukraine par la Russie. "La guerre en Ukraine a eu un impact dévastateur sur l'économie moldave", commente Igor Munteanu, analyste politique et ancien ambassadeur moldave à Washington. "En raison de cette guerre, le prix de l'énergie, de divers produits et de l'accès aux services de base a explosé." L'inflation en Moldavie est passée de 18,52% en février à 33,55% ce mois-ci. Un trou dans les poches de celle qui était déjà l'État le plus pauvre d'Europe. 

L'inflation est causée par la hausse des prix du gaz, dans ce pays fortement dépendant des approvisionnements de la Russie. Les prix ont grimpé de 47 % en août, ce qui a incité l'ex-président Igor Dodon à convoquer des élections anticipées.

L'accueil des réfugiés ukrainiens a été l'un des plus grands défis qu'un gouvernement moldave ait eu à relever au cours des trois dernières décennies
Natalia Gavrilita
Première ministre moldave

En outre, la Moldavie - comme d'autres pays voisins de l'Ukraine - a connu un afflux de réfugiés après le début de la guerre. Plus d'un demi-million d'Ukrainiens ont traversé la frontière, et environ 70 000 vivent encore dans le pays. La Première ministre moldave, Natalia Gavrilita, a appelé cette arrivée "l'un des plus grands défis qu'un gouvernement moldave ait eu à relever au cours des trois dernières décennies".

Nariman El-Mofty/ A¨P
La présidente moldave Maia Sandu était en visite officielle à Kyiv en juinNariman El-Mofty/ A¨P

La guerre étant proche de sa frontière, la Moldavie, qui faisait autrefois partie de l'Union soviétique, craint d'être la prochaine cible de Moscou. Mais ses craintes ne sont pas seulement liées à la proximité géographique.  Depuis plus de 30 ans, la Moldavie compte entre 1 500 et 2 000 soldats russes sur son territoire, à la suite d'une guerre dans la région sécessionniste de Transnistrie, qui s'est proclamée république soviétique distincte alors que l'on s'attendait à ce que Chisinau déclare son indépendance en 1990. 

Après la tentative de coup d'État de 1991 à Moscou et la séparation de la Moldavie des restes de l'URSS, les séparatistes de Transnistrie, soutenus par la Russie, ont mené une insurrection qui s'est transformée en véritable guerre jusqu'à l'instauration d'un cessez-le-feu en 1992, qui s'est maintenu jusqu'à ce jour. La cessation des hostilités s'est accompagnée d'un accord prévoyant l'accueil de "soldats de la paix" russes dans la bande de terre située entre la Moldavie et l'Ukraine.

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Pologne : se mobiliser pour son voisin ukrainien

Par Josh Askew, Michal Kranz et Andrea Carlo

La Pologne, qui jouxte l'Ukraine, était en première ligne lors de l'exode des réfugiés. Bilan, en août 1,3 million d'Ukrainiens ont fui vers leur voisin polonais, selon l'agence des Nations unies pour les réfugiés.

Si, au départ, l'accent a été mis sur la situation à la frontière ukraino-polonaise, beaucoup se sont désormais installées dans les villes de Pologne. Il y a eu une mobilisation massive et sans précédent pour aider les réfugiés, avec des initiatives publiques et privées pour fournir de la nourriture, une aide médicale et un logement aux nouveaux arrivants. 

Une enquête de l'Institut de recherche sociale et de marché a montré que 90 % des Polonais interrogés soutenaient les réfugiés ukrainiens, les deux États slaves voisins partageant des affinités linguistiques et culturelles. Mais des critiques émergent. Face à une crise croissante du coût de la vie et à une pression immense sur les ressources locales, une minorité de Polonais s'est plainte que le gouvernement favorise les Ukrainiens au détriment de sa propre population.

Michal Dyjuk/Copyright 2022 The Associated Press. All rights reserved
Un jeune réfugié ukrainien joue à un jeu de société dans un foyer pour réfugiés à Varsovie, en Pologne, mercredi 17 août 2022.Michal Dyjuk/Copyright 2022 The Associated Press. All rights reserved

L'impact à long terme de cet afflux de réfugiés est encore incertain. "Son impact à long terme dépendra de l'évolution de la guerre et du nombre de réfugiés qui décideront de s'installer en Pologne ou de rentrer chez eux", a déclaré le professeur Aleks Szczerbiak, spécialiste de la politique polonaise à l'université du Sussex.

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La guerre a également permis au pays de renforcer sa position régionale stratégique. La Pologne a ainsi pu "améliorer son profil diplomatique et militaire en tant qu'acteur régional clé", d'après le professeur Szczerbiak. "Sa situation géographique critique, ainsi que le fait qu'elle soit le plus grand dépensier de l'OTAN en matière de défense dans la région, signifie que la Pologne est devenue un pivot de la relation de sécurité de l'alliance avec Moscou."

Roumanie : faire la queue pour aider les réfugiés ukrainiens

Par Euronews Romania

La Roumanie, qui, comme la Pologne, partage une frontière avec l'Ukraine au nord-ouest, a tendu la main aux réfugiés en fuite.

Dans les premiers jours de l'invasion russe, il y avait des files d'attente de part et d'autre du poste frontière de Siret : des Ukrainiens qui tentaient de quitter leur pays pour entrer en Roumanie et des Roumains qui se rendaient à la frontière pour proposer leur aide à leurs voisins.

Plus de deux millions d'Ukrainiens sont passés en Roumanie ; 87 000 Ukrainiens ont choisi de rester, dont 39 000 enfants, selon les autorités. Des milliers de bénévoles roumains ont aidé les réfugiés en leur fournissant gratuitement de la nourriture, un abri et des moyens de transport, certains leur ont également trouvé un emploi. Les autorités, quant à elles, leur ont permis de bénéficier de soins de santé et d'une scolarité gratuits pour leurs enfants.

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Au-delà de la réponse humanitaire de la Roumanie, le pays a pris des mesures en matière de sécurité. À l'approche de la guerre, l'OTAN a renforcé son flanc oriental en envoyant 1 000 soldats dans une base située sur la côte roumaine de la mer Noire. Ce chiffre a depuis été porté à 5 500 soldats, dont 4 000 Américains et 800 Français.

Renata Brito/Copyright 2022 The Associated Press. All rights reserved.
YESRenata Brito/Copyright 2022 The Associated Press. All rights reserved.

Serbie : rester coincée entre le marteau et l'enclume ?

Par Nenad Jaćimović, Euronews Serbia

La guerre de la Russie en Ukraine a mis sous pression la stratégie de Belgrade, qui consiste à entretenir de bonnes relations avec Moscou et Pékin tout en poursuivant sa demande d'adhésion à l'Union européenne.

La Serbie fait partie de la poignée de pays en Europe, avec la Bosnie et la Biélorussie, qui ont refusé de se joindre aux sanctions occidentales contre la Russie, malgré l'insistance des politiques et hauts diplomates européens. Elle avait pourtant soutenu les résolutions de l'Assemblée générale des Nations unies qui condamnaient l'invasion.

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Mais Moscou a également exercé son influence en jouant sur le sentiment pro-russe et anti-OTAN de la population serbe. Un sondage réalisé en mars a révélé que seuls 21 % des personnes interrogées estimaient que la Serbie devait se ranger du côté de la Russie dans le cadre de la guerre, mais un autre sondage réalisé en avril a révélé que 76 % des personnes interrogées s'opposaient à des sanctions contre Moscou.

Darko Vojinovic/Copyright 2022 The Associated Press. All rights reserved
Un garçon court avec un drapeau ukrainien lors d'une manifestation pour la Journée de l'indépendance de l'Ukraine à Belgrade, en Serbie, mercredi 24 août 2022.Darko Vojinovic/Copyright 2022 The Associated Press. All rights reserved

Les bonnes relations avec Moscou ont permis à la Serbie, qui dépend à 100 % du gaz russe, de s'approvisionner dans des conditions favorables. Belgrade affirme que cela permettra de garantir un approvisionnement sûr pendant les mois d'hiver et d'alléger la pression économique, dans un pays où l'inflation a atteint 12,6 % en juillet.

Vuk Vuksanović, du Centre de politique de sécurité de Belgrade, estime que le maintien de bonnes relations avec la Russie a eu un impact dévastateur sur les relations avec ses voisins. Cela inclut le Kosovo, une ancienne province de la Serbie qui a déclaré son indépendance en 2008 mais que Belgrade refuse de reconnaître. Son Premier ministre Albin Kurti a qualifié le président serbe Aleksandar Vučić de "petit Poutine" par le passé et a récemment affirmé que Belgrade, soutenue par la Russie, allait attaquer le Kosovo.

Aleksandar Vučić a rejeté ces allégations à plusieurs reprises. Dans une récente interview avec le New York Times, il a déclaré : "Albin Kurti veut être un 'petit Zelenskyy' combattant un 'petit Poutine'. C'est son récit - que Aleksandar Vučić est un terrible nationaliste qui veut se battre contre tout le monde."

"Ce n'est pas vrai du tout", a-t-il ajouté. 

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Slovaquie : réprimer la désinformation

Par David Hutt

La Slovaquie, qui partage une frontière avec l'Ukraine, a été un soutien clé de Kiev depuis l'invasion de la Russie fin février. Bratislava a déjà fait don d'un système de défense aérienne à l'Ukraine et un débat fait rage dans le pays pour savoir si elle doit vendre sa flotte d'avions de chasse à Kiev.  Jaroslav Nad', le ministre slovaque de la défense, souhaite céder les MIG-29 du pays à Ukraine pour 300 millions d'euros. Une idée approuvée par tout juste la moitié de la population d'après un récent sondage.

Pour le ministre, le faible taux d'approbation de cette politique est dû au succès de la propagande russe. Pour y faire face, le gouvernement de coalition slovaque a adopté une loi qui permet aux autorités de bloquer temporairement les sites de désinformation depuis le début de la guerre. Mais la répression n'est pas généralisée. Les politiciens pro-russes accusent toujours publiquement l'OTAN d'être responsable de la guerre. Les théories du complot continuent de circuler et l'opinion publique ne s'est opposée que modérément à Vladimir Poutine.

Slovénie : manifester rapidement son soutien à l'Ukraine

Le premier ministre slovène de l'époque, Janez Jansa, a été à l'avant-garde des actions européennes de soutien à l'Ukraine. Aux côtés de ses homologues polonais et tchèques, il a été l'un des premiers dirigeants étrangers à se rendre à Kiev après l'invasion russe. Il a rencontré le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy et a été félicité pour avoir pris le risque de visiter une capitale européenne en temps de guerre.

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Janez Jansa, le Premier ministre slovenien s'adresse aux médias lors d'un sommet européen extraordinaire à propos de l'Ukraine au premier jour de l'offensive russe - 24.02.202John Thys/AP

S'adressant à Anelise Borges, d'Euronews, le 14 avril dernier, M. Jansa - évincé depuis à la suite d'une élection quinze jours plus tard - a demandé un soutien militaire accru pour l'Ukraine et a déclaré que si le pays s'était effondré dans les premiers jours de l'invasion, la Géorgie et la Moldavie auraient été les prochaines victimes.

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Pour lui, l'invasion russe a permis de faire dépasser certaines réticences sur l'élargissement de l'Union européenne aux États-membres. "Il s'agit clairement d'une question difficile pour certains États membres, mais la grande majorité soutient une approche accélérée [pour permettre à l'Ukraine de rejoindre l'UE]. Il est évident que si l'Union européenne ne fait pas le choix de s'élargir, un autre est déjà en train de le faire à sa place et cela n'apportera pas plus de paix et plus de sécurité."

Espagne : tenter de maintenir une coalition gouvernementaledéstabilisée

Par Andrea Carlo et Amaranta Zermeno

C'est en temps de crise que les lignes de faille politiques sont le plus souvent exposées, et, dans le cas du gouvernement de coalition espagnol, la guerre en Ukraine n'a pas fait exception.

L'administration actuelle, dirigée par le Premier ministre de centre-gauche, Pedro Sánchez, comprend trois autres partenaires : le parti de gauche dure Unidas Podemos (UP), le parti socialiste catalan En Comú Podem (ECP) et le parti nationaliste Galicia en Común (GeC).

Dans les semaines qui ont précédé l'invasion de l'Ukraine par la Russie, des tensions apparaissaient déjà, la coalition étant divisée sur la question de l'implication de l'Otan.

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Paul White/AP
La statue et la fontaine de Cibeles illuminées aux couleurs du drapeau ukrainien à Madrid (Espagne) 24.08.2022.Paul White/AP

Avant le début de la guerre en Ukraine, Pedro Sánchez se prononçait en faveur de l'envoi d'avions de chasse et des navires en Europe de l'Est dans l'espoir de dissuader la Russie - ce qui, ironiquement, le faisait s'aligner sur le parti d'opposition de centre-droit - la ministre de l'Egalité, Irene Montero, de Unidas Podemos, critiquait ces prises de position et estimait qu'elles risquaient de conduire à une escalade.

Depuis le début du conflit, ces divisions persistent. En juillet, Madrid s'est engagée à augmenter ses dépenses militaires et respecter l'objectif fixé par l'OTAN : consacrer 2% du PIB à la défense. Le gouvernement a approuvé une dépense unique de près d'un milliard d'euros qui servira à couvrir les dépenses imprévues produites par l'invasion de l'Ukraine par la Russie. "C'est très simple à comprendre : ce qui est dépensé pour les chars, ne l'est pas pour les hôpitaux", a déclaré le porte-parole de Podemos, Pablo Echenique, en réponse à la position de son parti sur l'augmentation des dépenses de défense.

Royaume-Uni : réagir vite, fort et tenter de faire oublier les scandales internes

Par David Mac Dougall

Pour un pays qui a récemment choisi de sortir de l'Union européenne, la Grande-Bretagne s'est ironiquement positionnée au centre de la réponse européenne à l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

Elle a été parmi les premiers, et les plus rapides, à offrir un soutien militaire robuste, y compris en accueillant un programme de formation de 10 000 soldats ukrainiens, tandis que le public britannique a envoyé des milliers de tonnes d'aide humanitaire et proposé d'accueillir des familles ukrainiennes.

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Des militaires ukrainiens réfugiés s'entraînent aux côtés des formes armées britanniques - 15.08.2022Frank Augstein/AP Photo

De son côté, le Premier ministre britannique a su saisir les opportunités politiques que lui offrait le conflit pour se draper dans un voile de respectabilité, après une série de scandales internes préjudiciables. "Le soutien de Boris Johnson à l'Ukraine a été à la fois emphatique et intéressé, et il ne fait aucun doute que c'est la partie de son mandat de Premier ministre dont il aimerait le plus se souvenir", a déclaré Esther Webber, correspondante britannique pour le média américain Politico.

Le soutien de M. Johnson à l'Ukraine est en partie alimenté par son amitié personnelle avec le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy. Et le malheur des uns faisant le bonheur des autres, cela lui a donné une occasion rêvée de se concentrer sur la scène internationale à un moment où il était confronté à d'importantes difficultés dans son pays. 

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Le Premier ministre britannique Boris Johnson et le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors d'une visite officielle à Londres - 08.10.2020Alastair Grant/ AP Photo

"Par moments, son attachement à l'Ukraine lui a permis de s'élever au-dessus de la mêlée intérieure, ses partisans faisant valoir que le Royaume-Uni avait besoin de son leadership sur cette importante question mondiale, mais cela n'a finalement pas suffi à lui éviter de démissionner." précise Esther Webber de Politico.

L'accent mis par Boris Johnson sur l'Ukraine et la Russie, ainsi que la nécessité d'une coopération au plus haut niveau avec les alliés européens et américains, lui ont permis de redémarrer des relations internationales sur des bases nouvelles et positives. "Cependant, la suspicion mutuelle persiste dans presque tous les autres aspects des interactions du Royaume-Uni avec l'UE après le Brexit", note la journaliste.

La successeuse probable de Boris Johnson au poste de Premier ministre britannique, Liz Truss, a également adopté une ligne dure à l'encontre du Kremlin, en dépit d'un voyage malheureux à Moscou avant l'invasion, au cours duquel elle a invoqué Margaret Thatcher, en posant sur la Place Rouge dans un manteau et un chapeau de fourrure par une douce journée de printemps.

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Elle héritera probablement des clés du numéro 10 de Downing Street et de brûlants dossiers de politique intérieure l'attentent déjà : de la baisse des sondages à la crise du coût de la vie, en passant par la hausse des factures d'énergie et les problèmes environnementaux liés aux eaux usées sur les plages britanniques. Aussi, l'Ukraine pourrait ne pas figurer en tête de sa liste de priorités dans les mois à venir.

Article collaboratif rédigé par David Mac Dougall, Andrea Carlo, Joshua Askew, Verena Schad, David Hutt, Madalin Necsutu, Nenad Jaćimović et Vincent Coste

Traduction : Margaux Racanière

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