La commission d'enquête européenne dénonce leur usage illégitime dans au moins cinq pays européens
La Grèce, l'Espagne, la Hongrie, Chypre et la Pologne font l'objet d'un examen minutieux de la part de la commission PEGA du Parlement européen. L'enquête fait suite aux révélations concernant l'utilisation de logiciels espions contre des opposants politiques, des journalistes ou des hommes d'affaires.
Un rapport, présenté sous forme de projet mardi, accuse les pays de l'UE de pratiquer l'"omertà", c'est-à-dire le code du silence initialement lié à la mafia italienne, et de se couvrir mutuellement pour faire obstacle à l'enquête.
Sophie Int' Veld, chargée de l'enquête pour la commission, a accusé les gouvernements de ne pas fournir de faits concrets. Elle reproche à la Commission européenne sa "faible" et "superficielle" application du droit communautaire et dénonce le Conseil européen d'avoir protégé les États membres de tout contrôle.
"Dans une démocratie, mettre les gens sous surveillance devrait être une exception et il devrait y avoir des règles. Et il ne devrait pas être possible d'en abuser à des fins politiques, à des fins partisanes ou pour s'accrocher au pouvoir, manipuler les élections ou couvrir la corruption. Alors, suis-je en colère contre les États membres ? Oui", déclare Sophie Int' Veld, députée européenne, Renew Europe et chargée d'enquête sur l'utilisation de Pegasus.
La Grèce est secouée par un scandale d'espionnage qui prend de l'ampleur et qui indique que des dizaines de personnalités politiques, de journalistes et d'hommes d'affaires ont été mis sur écoute par le logiciel espion PREDATOR.
Le Premier ministre grec, nie avoir été au courant de cette affaire. Mais Thanasis Koukakis, journaliste d'investigation et l'une des premières victimes dont le téléphone portable a été piraté par le logiciel espion Predator et surveillé par les services de renseignement, s'est entretenue avec Euronews, soulignant qu'il s'agit d'un scandale évident.
"Nous croyons profondément que tôt ou tard, la justice grecque sera en mesure de documenter, d'officialiser et d'inculper les personnes qui ont cru que la surveillance et l'intrusion dans la vie personnelle et professionnelle des gens n'était qu'un jeu", précise Thanasis Koukakis, journaliste et victime de Predator.
Le rapport final de la commission PEGA sera présenté ultérieurement suite aux amendements de tous les groupes politiques.
Il s'agit aussi de l'utilisation du logiciel espion Pegasus pour cibler les leaders indépendantistes catalans et les politiciens espagnols, ainsi que de l'utilisation du même logiciel espion par la Hongrie pour espionner ses détracteurs.