La loi sur la restauration de la nature inquiète le monde agricole

La loi européenne veut restaurer 20% des terres et des zones marines de l'UE
La loi européenne veut restaurer 20% des terres et des zones marines de l'UE Tous droits réservés Paul Chinn/San Francisco Chronicle
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Par Grégoire Lory
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Le texte divise le Parlement européen. La droite et l’extrême-droite estiment que cette proposition risque de réduire les surfaces agricoles et donc d’accentuer l’insécurité alimentaire. Or cette loi est présentée comme un pilier du Pacte vert.

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En plein débat européen sur la loi sur la restauration de la nature, Vincent Delobel s'interroge. Cet éleveur près de Tournai, en Belgique, compte environ 70 chèvres laitières sur son exploitation d'une vingtaine d'hectares. Il a repris il y a quelques années la ferme familiale, déjà engagée dans l'agriculture biologique.

Il n'a pas attendu les décisions politiques pour lancer son entreprise agricole dans la voie de la préservation des écosystèmes. Il présente ainsi ses clôtures végétales de frênes, d’érables, de tilleuls et autres arbres fruitiers.

"Ces haies, elles abritent un grand nombre d'insectes, d'une part, qui peuvent être auxiliaires bénéfiques pour les cultures. Mais elles fournissent également de l'ombrage pour les animaux, du bois de chauffage pour la maison. Elles permettent également grâce à leurs systèmes racinaires importants de favoriser la percolation de l'eau de pluie, plus profond, dans le sol, notamment en cas d'extrême climatique", explique Vincent Delobel.

Pour l’éleveur, membre de la FUGEA (Fédération unie de groupements d’éleveurs et d’agriculteurs), tout part du sol. Ses prairies sont diversifiées avec des graminées et des légumineuses, toujours dans un souci de rétablir les écosystèmes.

La variété attire plus d'insectes et les enracinements différents de chaque plante renforcent les sols face aux phénomènes climatiques extrêmes. Il pratique enfin un pâturage tournant de ses prairies pour ne pas épuiser ses terres.

Vincent Delobel suit avec attention les discussions en cours au Parlement européen concernant la loi sur la restauration de la nature, dont l'objectif est de reconstituer 20% des terres et des zones marines de l'UE.

En première ligne, l'éleveur belge, soutient l'ambition climatique européenne mais soulève aussi des questions.

"Nos réserves, c'est clairement l'idée d'avoir une séparation des espaces avec une production intensive d'une part, et des autres espaces où on ne puisse plus rien faire ou qui soit uniquement dédié à la conservation de la nature, la préservation", explique-t-il.

"Nous notre modèle c'est absolument pas celui-là. C'est vraiment l'intégration dans les écosystèmes agricoles nourriciers, avoir de la place et des fonctions, vraiment une participation des insectes, des arbres, des haies à la production alimentaire et à l'approvisionnement sain et durable de notre alimentation".

Tous les regards seront tournés mardi sur la commission Environnement du Parlement européen qui doit se prononcer à nouveau sur ce texte, avant un vote de l'ensemble de l'hémicycle lors d'une session plénière.

La droite et l'extrême droite veulent rejeter cette proposition car elle menacerait la production agricole et donc la sécurité alimentaire. De son côté, le monde agricole souligne qu'il n'y a pas en l'état suffisamment de moyens pour réussir cette transition.

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