Josep Borrell : "le Moyen-Orient pourrait s'embraser si le conflit à Gaza n'est pas résolu"

Le plus haut diplomate de l'UE, Josep Borrell, prononce un discours lors d'un séminaire diplomatique à Lisbonne, le 3 janvier 2024.
Le plus haut diplomate de l'UE, Josep Borrell, prononce un discours lors d'un séminaire diplomatique à Lisbonne, le 3 janvier 2024. Tous droits réservés MARIO CRUZ/ EU
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Par Mared Gwyn Jones
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Cet article a été initialement publié en anglais

Le Moyen-Orient pourrait connaître un débordement violent du conflit si une solution pacifique n'est pas trouvée à la guerre à Gaza, avertit le plus haut diplomate de l'UE, Josep Borrell.

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S'exprimant lors d'un séminaire diplomatique organisé à Lisbonne par le ministère portugais des Affaires étrangères, Josep Borrell a déclaré que "les graines de la haine étaient en train d'être semées".

"Si cette tragédie ne prend pas fin rapidement, je crains que tout le Moyen-Orient ne s'embrase", a-t-il ajouté.

Cette sévère mise en garde intervient au lendemain de la mort de Saleh al-Arouri, haut responsable du Hamas et numéro 2 de l'organisation, lors d'une frappe aérienne israélienne à Beyrouth, la capitale libanaise.

Israël n'a pas revendiqué l'assassinat, mais un conseiller du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a confié mercredi que le responsable, quel qu'il soit, avait exécuté une "frappe chirurgicale contre la direction du Hamas".

L'assassinat d'Al-Arouri, l'un des fondateurs de la branche militaire du Hamas, sur le sol libanais représente une menace importante d'escalade régionale qui pourrait attirer le groupe libanais, Hezbollah, qui est un allié du Hamas soutenu par Téhéran.

Les tensions croissantes dans la mer Rouge alimentent également les craintes d'une escalade régionale. Une série d'attaques contre des navires commerciaux par le groupe rebelle Houthi, soutenu par l'Iran, qui contrôle une partie du Yémen, a incité les États-Unis à déployer une mission navale dans la région.

Lundi, la marine américaine a tué dix militants houthis qui tentaient de saboter un navire exploité par le Danemark. L'Iran a réagi en envoyant un navire de guerre en mer Rouge, ce qui a renforcé les craintes d'une nouvelle escalade.

L'absence de position unanime affaiblit l'UE

Lors du discours principal de mercredi, Josep Borrell a également déploré que l'Union européenne ne soit pas été en mesure d'adopter une position unanime pour appeler à un cessez-le-feu humanitaire à Gaza. Plus de 20 000 personnes auraient perdu la vie dans le conflit qui a éclaté à la suite de l'attaque meurtrière du Hamas contre Israël, le 7 octobre.

"Nous n'avons pas été en mesure, lors du Sommet européen, de parvenir à une position unanime en faveur d'un cessez-le-feu", a expliqué Josep Borrell. "Au contraire, nous nous sommes contentés d'un accord sommaire, appelant à des pauses humanitaires et à une augmentation de l'aide aux victimes".

"Il n'y a pas de solution ou de position unanime, et cela nous affaiblit (l'UE)", a-t-il affirmé.

Une résolution de l'Assemblée générale des Nations unies appelant à un cessez-le-feu humanitaire à Gaza, votée en décembre, a reçu le soutien d'une majorité des 27 États membres de l'UE. L'Autriche et la République tchèque, deux fidèles alliés d'Israël, ont été les seuls pays à voter contre la résolution et ont toujours exprimé la crainte qu'un appel commun de l'UE en faveur d'un cessez-le-feu ne sape les efforts déployés par Israël pour éradiquer le Hamas.

La persistance de la guerre a fait graviter les pays vers des appels à plus de retenue, avec un changement majeur de rhétorique de la part de pays de l'UE comme la France. D'autres pays, comme la Belgique, l'Espagne et l'Irlande, se sont fait les avocats d'un cessez-le-feu à Gaza, dès les premières phases du conflit.

Josep Borrell a précédemment suggéré qu'une série de pauses permanentes dans les hostilités devrait "évoluer" vers un cessez-le-feu permanent à Gaza.

Comparant la position ferme du bloc européen et le soutien solide apporté à Kiev après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, Josep Borrell a prévenu que l'accusation de double standard de l'Europe "prenait forme".

"La position claire et ferme de l'Europe sur la guerre en Ukraine n'est pas partagée par de nombreux pays dans le monde, qui nous accusent immédiatement d'avoir des principes à géométrie variable - ce qu'ils appellent des doubles standards", a-t-il affirmé.

"Et je pense qu'à moins de se fermer les yeux et les oreilles, il est difficile de ne pas faire face à cette contradiction", a-t-il confessé.

Josep Borrell a également déclaré que le fait que les pays de l'UE doivent constamment demander à Israël de respecter le droit humanitaire international dans son assaut contre la bande de Gaza suggère que ce pays n'agit pas dans les limites du droit.

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