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L'Union européenne vire à droite mais le centre résiste

Ursula von der Leyen, actuelle présidente de la Commission européenne, s'exprime lors d'un événement électoral au Parlement européen à Bruxelles
Ursula von der Leyen, actuelle présidente de la Commission européenne, s'exprime lors d'un événement électoral au Parlement européen à Bruxelles Tous droits réservés Harry Nakos/Copyright 2024 The AP. All rights reserved.
Tous droits réservés Harry Nakos/Copyright 2024 The AP. All rights reserved.
Par Mared Gwyn JonesGrégoire Lory
Publié le Mis à jour
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Cet article a été initialement publié en anglais

Les partis pro-européens du centre disposent d'une majorité, mais les électeurs ont envoyé un message favorable à la droite. Toutefois, la voie de la réélection d'Ursula von der Leyen est semée d'embûches.

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Le Parlement européen penche désormais un peu plus à droite. Les 185 millions d'électeurs de l'Union européenne qui se sont exprimés lors des élections continentales ont favorisé les partis à droite de l’échiquier politique.

Toutefois, la montée en puissance des partis d'extrême droite n'a pas été aussi prononcée qu’annoncée. La coalition pro-européenne au centre semble tenir bon.

La "grande coalition" entre le Parti populaire européen (PPE), les Socialistes et Démocrates (S&D) et le groupe libéral Renew a obtenu 403 élus - environ 56 % des sièges - selon les estimations de lundi matin.

Depuis des années, ces partis coopèrent au niveau européen afin d’empêcher de voir l’extrême droite devenir un courant politique dominant. Bien que leur majorité soit désormais plus étroite, ces groupes pourraient continuer à travailler ensemble pour garantir le bon fonctionnement de la machine législative de l'UE.

Tous les regards sont désormais tournés vers le PPE, qui a remporté une nette victoire et qui a consolidé sa position dominante au sein du nouvel hémicycle.

Sa candidate principale, Ursula von der Leyen, a déjà indiqué qu'elle était prête à travailler avec le groupe de droite nationaliste des Conservateurs et Réformistes européens (CRE).

Cependant, les premiers signaux provenant du PPE suggèrent que le parti restera fidèle à ses alliés traditionnels au centre.

Ursula von der Leyen a également proposé de travailler avec les socialistes et les libéraux pour construire une "majorité au centre pour une Europe forte", en calibrant soigneusement ses mots pour apaiser les critiques sur sa précédente ouverture à la droite radicale.

"En d'autres termes, le centre tient bon", a ajouté la présidente de la Commission. "Mais il est également vrai que les extrêmes de gauche et de droite ont gagné du soutien ; c'est pourquoi le résultat implique une grande responsabilité pour les partis du centre".

Cependant, étant donné que le Parlement européen fonctionne par coalitions changeantes, qui se construisent texte par texte, et que les groupes ne votent pas toujours en bloc, cela pourrait signifier des marges de vote étroites, en particulier pour les dossiers sensibles tels que ceux liés au Pacte vert européen.

Cette limitation pourrait donc amener le PPE à s'appuyer sur des partenaires à sa droite y compris pour la désignation de la présidence de la Commission.

L'avenir d’Ursula von der Leyen en suspens

En théorie, après la victoire de son parti, le PPE qui a gagné huit sièges, Ursula von der Leyen devrait avoir une chance d'obtenir cinq années supplémentaires à la tête de la Commission européenne, conformément à la procédure dite de "Spitzenkandidaten".

Mais ses chances de réélection ont été compliquées non seulement par la composition du nouveau Parlement mais aussi par la décision du président français Emmanuel Macron de dissoudre l'Assemblée nationale et de convoquer des élections législatives.

Certains estiment qu'un président français affaibli et un chancelier allemand en difficulté - le Parti socialiste allemand a terminé troisième, derrière le principal parti d'opposition CDU/CSU et le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) - pourraient faire dérailler sa candidature.

Les dirigeants européens doivent se réunir à la fin du mois à Bruxelles pour désigner officiellement un candidat à la tête de la Commission. Cette décision pourrait être prise quelques heures avant le premier des élections législatives anticipées en France. Or l’impopularité d’Ursula von der Leyen dans l’Hexagone pourrait entamer davantage la popularité d’Emmanuel Macron.

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L'actuelle présidente de la Commission européenne et tête de liste du PPE, Ursula von der Leyen
L'actuelle présidente de la Commission européenne et tête de liste du PPE, Ursula von der LeyenGeert Vanden Wijngaert/Copyright 2024 The AP. All rights reserved.

Si elle franchit cet obstacle et si elle est désignée par les dirigeants de l'UE, elle devra alors obtenir le soutien de la majorité absolue des députés européens nouvellement élus lors d'un vote à bulletin secret.

Ce vote était initialement prévu pour la mi-septembre, mais, selon les médias, il pourrait avoir lieu dès le 18 juillet, lors de la séance inaugurale du nouveau Parlement à Strasbourg.

Ursula von der Leyen avait passé ce test en 2019 avec une courte marge de neuf voix.

Certaines délégations nationales du PPE pourraient s'opposer à sa réélection. Et le danger pour la responsable allemande est identique auprès des socialistes et des libéraux.

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Ces marges étroites signifient que l’actuelle présidente de la Commission devra s’appuyer sur les élus de Frères d'Italie de la Première ministre italienne Giorgia Meloni, qui a obtenu 24 sièges selon les résultats préliminaires. Cette victoire conforte le poids de la dirigeante italienne d’extrême droite sur la scène européenne.

La recomposition pourrait profiter à la droite

L'arithmétique du Parlement européen peut également changer une fois que les nouveaux arrivants ou les partis qui sont actuellement sans groupe au Parlement européen négocient leur affiliation.

Comme beaucoup de ces formations appartiennent à l'extrême droite, un remaniement potentiel pourrait renforcer les effectifs des deux groupes d'extrême droite, Identité et Démocratie (ID) et les Conservateurs et Réformistes Européens.

Le Fidesz de Viktor Orbán, qui aurait obtenu 10 sièges selon les estimations et actuellement non-inscrit, pourrait envisager de rejoindre CRE.

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Marine Le Pen - dont le Rassemblement national a été le grand vainqueur de la soirée en France avec plus de 31 % des voix et qui a poussé le président Emmanuel Macron à convoquer des élections législatives anticipées - a également indiqué qu'elle souhaitait former un grand groupe d’extrême droite avec le parti de Giorgia Meloni.

La Première ministre italienne Giorgia Meloni, à gauche, accueille la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen
La Première ministre italienne Giorgia Meloni, à gauche, accueille la présidente de la Commission européenne Ursula von der LeyenRoberto Monaldo/LaPresse

La Première ministre italienne se retrouve dans le rôle de faiseuse de rois car elle est également courtisée par Ursula von der Leyen. Giorgia Meloni jouera probablement ses cartes avec prudence, car se lier d'amitié avec Marine Le Pen pourrait ruiner ses chances de collaborer avec les partis plus au centre et donc de participer définitivement à l'élaboration de la politique de l'UE.

L’AfD fait partie des formations actuellement sans famille politique, qui, malgré une série de scandales récents impliquant des enquêtes sur des influences étrangères et ses liens avec les néo-nazis, est arrivée en deuxième position en Allemagne avec 16 sièges au Parlement européen.

Expulsé du groupe Identité et Démocratie à la fin du mois de mai, il n'est pas certain que l'AfD puisse s'allier à d'autres partis radicaux et parvienne à former un groupe à l'extrême droite du Parlement. Pour ce faire, elle a besoin d'au moins 23 eurodéputés issus d'au moins sept États membres de l'UE.

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Le remaniement des groupes pourrait également réduire les effectifs du groupe centriste Renew, qui a subi des pertes, avec 22 sièges en moins selon les estimations.

Leur présidente, Valérie Hayer, a déjà indiqué que le Parti populaire néerlandais pour la liberté et la démocratie (VVD) serait expulsé dès lundi pour avoir accepté d'entrer au gouvernement avec le Parti pour la liberté (PVV) d'extrême droite de Geert Wilders.

L'accord de coalition aux Pays-Bas a été conclu quelques jours seulement après que le groupe Renew se soit engagé à ne jamais entrer au gouvernement avec des partis d'extrême droite, "à quelque niveau que ce soit".

Le nombre de sièges de Renew pourrait ainsi tomber à 76, ce qui accentuerait la pression sur la coalition centriste et renforcerait les voix extérieures dont Ursula von der Leyen a besoin pour confirmer sa réélection.

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