Après la chute du régime de Bachar al-Assad, les autorités par intérim ont organisé une conférence à Damas pour amorcer la transition politique et restaurer les relations internationales.
La Syrie a ouvert mardi une conférence sur le dialogue national, première étape d’un processus de reconstruction après la chute de l’ancien président Bachar al-Assad.
L’événement, organisé à Damas par les nouvelles autorités dirigées par Hayat Tahrir al-Cham (HTS), a rassemblé environ 600 participants issus de différentes régions du pays.
Présidée par Ahmad al-Sharaa, dirigeant par intérim, la conférence a visé à poser les bases d’une gouvernance inclusive. "Tout comme la Syrie s'est libérée par elle-même, il est approprié qu'elle se reconstruise par elle-même", a-t-il déclaré en ouverture de l’événement.
Les organisateurs de la conférence ont affirmé que toutes les communautés syriennes avaient été invitées. Des femmes et des membres de minorités religieuses figuraient parmi les participants.
"Ce que nous vivons aujourd'hui est une opportunité historique exceptionnelle et rare dont nous devons profiter à chaque instant pour servir les intérêts de notre peuple et de notre nation et honorer les sacrifices de ses enfants", a poursuivi Ahmad al-Sharaa.
Des défis majeurs pour reconstruire le pays
Le pays doit affronter d’énormes défis : relancer une économie dévastée, reconstruire des infrastructures en ruines et définir un cadre juridique pour juger les responsables de crimes de guerre.
L’un des principaux enjeux pour la nouvelle administration est la formation d’une armée nationale unifiée. Les dirigeants islamistes souhaitent absorber les multiples factions armées, mais certaines, comme les Forces démocratiques syriennes (FDS) soutenues par les États-Unis, refusent de désarmer.
Par ailleurs, malgré l’absence généralisée de représailles contre les partisans du régime déchu, les minorités kurdes, chrétiennes, druzes et alaouites redoutent une marginalisation et attendent des preuves concrètes de l’engagement du nouveau pouvoir en faveur d’un État inclusif.
Ces tensions internes s’ajoutent aux menaces extérieures qui pèsent sur le pays.
Rétablir les liens avec l’Occident
Sur le plan diplomatique, la nouvelle direction syrienne s’efforce de rétablir ses relations avec les pays arabes et occidentaux.
L’accession au pouvoir d’HTS, un groupe anciennement affilié à al-Qaïda mais qui s’est détaché de l’organisation, suscite des interrogations, notamment au sein de la communauté internationale. Certains États occidentaux conditionnent toute coopération à des garanties démocratiques, et des sanctions restent en place, héritées de l’ère al-Assad.
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a mis en garde dimanche contre toute avancée des forces syriennes ou du HTS au sud de Damas. Il a affirmé vouloir protéger les Druzes installés dans cette région et sur le plateau du Golan, annexé par Israël. Depuis la chute d’al-Assad, les troupes israéliennes ont avancé sur le territoire syrien voisin du Golan et semblent vouloir y maintenir leur présence.
Bien que le gouvernement intérimaire n’ait pas réagi officiellement aux déclarations de Netanyahou, Ahmad al-Sharaa a réaffirmé la volonté de son administration de défendre l’intégrité territoriale du pays. "La Syrie doit affronter fermement quiconque tente de porter atteinte à notre sécurité et à notre unité", a-t-il déclaré.