Il a beau avoir les faveurs de Donald Trump, les chances de Conor McGregor de figurer sur le bulletin de vote lors de la présidentielle irlandais sont quasi-nulles, affirment des experts à Euroverify.
L'ancien combattant d'arts martiaux Conor McGregor ne pourra sans doute pas se présenter à la présidence irlandaise, qui doit avoir lieu d'ici le 11 novembre, ont déclaré deux experts à Euroverify.
Conor McGregor, qui est devenu une figure de l'extrême droite irlandaise, a fait les gros titres vendredi dernier lorsqu'il a annoncé sur Instagram qu'il se présenterait à la présidence sur la base d'un programme anti-immigration.
Mais plusieurs médias ont omis d'expliquer que ses chances de voir son nom figurer sur le bulletin de vote sont extrêmement minces.
Pacte européen sur la migration et l'asile
Conor McGregor - qui a été jugé responsable l'année dernière d'avoir violé et battu une femme à Dublin et qui a fait l'objet d'autres allégations d'agression sexuelle en Espagne et en France - a récemment été accueilli par Donald Trump à la Maison Blanche dans le cadre d'une visite à l'occasion de la Saint-Patrick.
Il a également reçu le soutien d'Elon Musk et du misogyne autoproclamé Andrew Tate, accusé de traite d'êtres humains et de crime organisé impliquant l'exploitation de femmes.
S'exprimant depuis la salle de presse de la Maison Blanche, Conor McGregor a lancé une série d'allégations infondées à l'encontre du gouvernement de Dublin, affirmant que "le racket de l'immigration illégale fait des ravages dans le pays".
Le Taoiseach Micheál Martin a répliqué en déclarant que l'ancien combattant "ne parle en aucun cas au nom du peuple irlandais".
Dans son annonce sur Instagram vendredi dernier, Conor McGregor a fait des promesses trompeuses pour tenter de rallier des soutiens, affirmant qu'il s'opposerait au pacte européen sur la migration et l'asile - une nouvelle législation visant à répartir la charge du traitement des demandes d'asile entre les États membres de l'UE - et qu'il soumettrait le pacte à un référendum.
Mais même s'il est élu à la présidence, il ne pourra pas tenir ses promesses sans le soutien du gouvernement ou du Parlement, comme l'ont expliqué à Euroverify deux experts juridiques.
Conor McGregor peut-il se présenter à l'élection présidentielle ?
Le président irlandais est directement élu par le peuple du pays pour un mandat de sept ans et ne peut pas se présenter pour plus de deux mandats.
Le poste est actuellement occupé par Michael D. Higgins, qui termine son deuxième mandat, et la prochaine élection doit avoir lieu avant le 11 novembre.
Tout candidat à la présidence doit être un citoyen irlandais âgé de plus de 35 ans désigné par au moins 20 membres de l'Oireachtas - le Parlement irlandais - ou par au moins quatre des 31 collectivités locales irlandaises.
Un ancien président peut également se désigner lui-même.
Eoin O'Malley, professeur de sciences politiques à la Dublin City University, a déclaré à Euronews qu'il était "extrêmement improbable" que Conor McGregor obtienne une telle nomination, par l'une ou l'autre voie.
Il ne trouvera pas 20 membres de l'Oireachtas pour soutenir sa candidature, explique l'expert, et Conor McGregor est "une figure trop controversée" pour que les collectivités locales lui accordent leur confiance.
"Il s'agit de la plus haute fonction du pays. Nous avons donc mis en place des contrôles de qualité constitutionnels", a déclaré à Euronews Jennifer Kavanagh, chargée de cours en droit à l'Université technologique du Sud-Est.
"La voie parlementaire sera en grande partie verrouillée par les allégeances des partis politiques. La voie des autorités locales est en revanche plus ou moins libre et nous avons eu des candidats très bizarres dans le passé".
"Mais n'oubliez pas que cet individu n'est pas très populaire en Irlande", ajoute-t-elle. "Il est peut-être apprécié à l'étranger, mais pas en Irlande. Dans son pays, il n'est certainement pas aussi populaire que certains réseaux sociaux voudraient le faire croire aux étrangers".
Le président pourrait-il bloquer la législation européenne ?
Dans son message sur Instagram, Conor McGregor a laissé entendre qu'il pourrait utiliser ses pouvoirs s'il était élu président pour "tenir tête au gouvernement" et "s'opposer" au Pacte européen sur les migrations et l'asile.
Si les 27 pays de l'UE sont tenus de respecter le pacte, deux États - l'Irlande et le Danemark - ont la possibilité de se retirer de la législation relative à l'asile, aux frontières, à la migration, à la coopération policière ou à la justice pénale.
Cependant, en juillet dernier, la Commission européenne a confirmé que l'Irlande avait "opté" pour le pacte après un vote à l'Oireachtas en juillet.
Un plan de réforme des lois irlandaises sur l'asile visant à les rendre conformes au pacte a par ailleurs été approuvé par le gouvernement ce mardi.
La présidence irlandaise est en grande partie un rôle cérémoniel aux pouvoirs limités, ce qui signifie qu'il serait pratiquement impossible pour le président de revenir sur cette décision, comme le prétend Conor McGregor.
Les projets de loi doivent être signés par le président, mais ne peuvent faire l'objet d'un veto. Si un président refuse de signer un projet de loi en signe de protestation, une commission présidentielle signe en son nom en quelques jours, et une procédure de destitution peut s'ensuivre.
"Ils ne peuvent pas dire qu'ils ne présenteront pas de projet de loi parce qu'ils ne l'aiment pas", explique Jennifer Kavanagh. "Le critère est de savoir si la loi est constitutionnelle ou non".
"Le président peut également saisir la Cour suprême à propos d'une loi. Mais si celle-ci déclare que la législation est constitutionnelle, le président doit la signer ou démissionner", poursuit-elle.
Le président peut-il organiser un référendum ?
Enfin, Conor McGregor a déclaré qu'il soumettrait tout projet de loi modifiant les règles irlandaises en matière d'asile "à un référendum", affirmant qu'il devrait s'agit du "choix du peuple irlandais".
Mais le président irlandais n'a pas la possibilité d'organiser unilatéralement un référendum.
Deux types de référendums peuvent en principe être organisés en Irlande : un référendum constitutionnel, qui requiert l'approbation des deux chambres du Parlement irlandais, et un référendum ordinaire, qui requiert une pétition adressée au président par les deux chambres.
Mais aucun référendum ordinaire n'a jamais été organisé en Irlande et, dans les deux cas, le président irlandais n'est pas habilité à prendre l'initiative du référendum.