Désormais, toute personne née à l'étranger ne recevra automatiquement la citoyenneté italienne que si elle a au moins un parent ou un grand-parent né en Italie.
Le gouvernement de Giorgia Meloni a durci les conditions d'obtention de la citoyenneté pour les descendants d'Italiens nés à l'étranger.
Selon le "paquet citoyenneté" adopté par le Conseil des ministres samedi, les citoyens italiens ne le seront "que pour deux générations : seuls ceux dont au moins un parent ou un grand-parent est né en Italie seront citoyens dès la naissance", peut-on lire dans la note du ministère des Affaires étrangères.
En outre, les enfants d'Italiens "acquerront automatiquement la citoyenneté s'ils naissent en Italie ou si, avant leur naissance, l'un de leurs parents, qui est citoyen, a résidé pendant au moins deux années ininterrompues en Italie".
Ainsi, si un citoyen italien n'a jamais résidé dans le pays, il ne pourra pas transmettre la citoyenneté à ses enfants par filiation.
Les Italiens résidant à l'étranger doivent "maintenir des liens réels" avec le pays
Le décret-loi s'applique immédiatement mais n'est pas rétroactif : ceux qui ont déjà été reconnus citoyens italiens par un tribunal, une municipalité ou un consulat le resteront.
L'exécutif italien introduira ultérieurement, par le biais d'un projet de loi, d'autres modifications à la loi sur la citoyenneté.
Les Italiens nés et résidant à l'étranger devront "maintenir dans le temps des liens réels avec notre pays, en exerçant les droits et les devoirs du citoyen au moins une fois tous les 25 ans", explique le ministère des Affaires étrangères.
Ces actions comprennent le vote, le renouvellement du passeport ou de la carte d'identité et le maintien d'un état civil régulier.
Il est également nécessaire d'enregistrer son acte de naissance au bureau d'état civil avant d'atteindre l'âge de 25 ans.
Le ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani affirme que "la réforme est d'une grande importance car elle vise à renforcer le lien entre ceux qui veulent devenir citoyens italiens et l'Italie".
"Le principe du droit du sang ne sera pas remis en cause et de nombreux descendants d'émigrés pourront toujours obtenir la nationalité italienne, mais des limites précises seront fixées, surtout pour éviter les abus ou la "commercialisation" des passeports italiens", poursuit-il. "La citoyenneté doit être une affaire sérieuse".
Comment fonctionne la loi sur la citoyenneté en Italie
En Italie, l'obtention de la citoyenneté est régie par le principe du ius sanguinis (droit du sang), selon la loi de 1992 : si au moins l'un des parents en est titulaire, le fils ou la fille en hérite automatiquement.
Toutefois, toute personne qui peut prouver qu'elle descend directement d'un citoyen italien peut également demander et obtenir la citoyenneté.
C'est notamment le cas des "oriundi" dans le monde du sport - des joueurs ou athlètes (surtout argentins et brésiliens) qui ont été naturalisés parce qu'ils descendaient d'ancêtres italiens - comme les joueurs de l'équipe nationale italienne Mauro Gérman Camoranesi, Jorginho et Thiago Motta.
Le cas le plus emblématique est celui de la star du football Lionel Messi.** L'Argentin possède la nationalité italienne grâce à son arrière-arrière-grand-père Angelo Messi, né en 1886 à Recanati, dans la province de Macerata, et qui a ensuite émigré en Argentine pour faire fortune.
En 2010, le père de Lionel, Jorge, s'est rendu à Recanati pour tenter d'obtenir la nationalité italienne pour son fils. Aujourd'hui, avec le durcissement du gouvernement Meloni, celle-ci ne lui serait plus accordée.
L'Argentine compte 25 millions de descendants d'Italiens et 1,5 million de personnes possèdent déjà la citoyenneté, dont le président argentin Javier Milei et sa sœur Karina.
Dans le pays, ce nouveau décret a été accueilli avec étonnement et, dans certains cas, avec crainte. Le quotidien La Nación a parlé d'un "tournant radical, une mauvaise nouvelle pour des milliers d'Argentins qui souhaitent obtenir un passeport italien pour aller en Europe".