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Comment fonctionne le conclave, l'assemblée chargée d'élire le nouveau pape ?

La place Saint-Pierre, au Vatican
La place Saint-Pierre, au Vatican Tous droits réservés  Andrew Medichini/Copyright 2025 The AP. Tous droits réservés
Tous droits réservés Andrew Medichini/Copyright 2025 The AP. Tous droits réservés
Par Maria Michela D'Alessandro
Publié le
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"Habemus papam" : cette fameuse annonce intervient au terme d'une assemblée soumise à un protocole strict, dont les origines remontent au XIIIe siècle

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La mort du pape François ouvre la transition de l'Église vers son successeur, qui s'achèvera par la célèbre annonce depuis la loggia centrale de la basilique Saint-Pierre "Habemus Papam" ("Nous avons un pape").

Mais que se passe-t-il avant que ces mots soient prononcés par le cardinal protodiacre, le premier des cardinaux de l'ordre des diacres, à la fin du conclave ?

L'origine historique du conclave

Le conclave est une tradition millénaire de l'Église catholique, mais qui a également subi quelques modifications au cours des siècles pour répondre aux exigences des temps modernes.

Ce processus, qui se tient dans le huit clos le plus strict - le terme "con clave" signifiant "avec clef" et par extension "pièce fermée à clé" - a inspiré de nombreux films mettant en scène des rivalités personnelles et des tensions politiques lors de l'élection du pape. Le dernier en date est le thriller Conclave, basé sur le roman du même nom de Robert Harris, qui a récemment remporté l'Oscar du meilleur scénario non original.

Mais à quand remonte cette tradition ?

En 1270, les habitants de Viterbe, alors siège papal, fatigués de l'indécision des cardinaux dans l'élection d'un nouveau pape, les enfermèrent ("clausi cum clave") dans la salle du palais archiépiscopal de la ville pour les forcer à se décider rapidement.

Cette initiative n'a toutefois pas été couronnée de succès : ce conclave, qui a duré environ trois ans, a été le plus long de l'histoire de l'Église. Finalement, Grégoire X est élu.

En 1274, lors du concile de Lyon, la constitution apostolique "Ubi Periculum" est publiée : c'est ce document qui introduit l'isolement obligatoire de la réunion des cardinaux, établit officiellement le conclave et en fixe les règles strictes qui ont été modifiées au fil du temps.

Comment fonctionne le conclave ?

Bien que certaines règles aient été assouplies aujourd'hui, le conclave reste une procédure marquée par un protocole strict. Il s'agit en effet d'un événement majeur qui conduit à l'élection du nouveau chef de l'Église catholique, mais aussi du nouveau chef d'État du Vatican.

Dans les 15 à 20 jours suivant la mort du pape, le doyen du Collège des cardinaux - actuellement le cardinal Giovanni Battista Re, âgé de 91 ans - convoque les cardinaux à Rome pour élire un successeur.

La période qui s'écoule jusqu'à l'élection d'un nouveau pontife est appelée sede vacante (siège vacant) : pendant cette période, le Collège des cardinaux assure l'administration de l'Église, mais ne peut pas prendre de décisions importantes.

Le jour du début du conclave, les cardinaux se réunissent dans la basilique Saint-Pierre au Vatican pour la messe pro eligendo Romano Pontefice ("pour l'élection du pontife").

Des pèlerins, marchent sur la place Saint-Pierre au Vatican après que le Camerlingue Kevin Joseph Farrell a annoncé la mort du pape François, le lundi 21 avril 2025.
Des pèlerins, marchent sur la place Saint-Pierre au Vatican après que le Camerlingue Kevin Joseph Farrell a annoncé la mort du pape François, le lundi 21 avril 2025. AP Photo/Alessandra Tarantino

Le premier jour est principalement consacré à la prière, à l'issue de laquelle les cardinaux se rendent en procession à la chapelle Sixtine, où se déroule le vote. Le maître des célébrations liturgiques papales, Monseigneur Diego Giovanni Ravelli, prononce alors le extra omnes ("dehors tout le monde").

Les règles de vote et le déroulement général du Conclave sont tous contenus dans la Constitution Apostolique "Universi Dominici Gregis", publiée en 1996 par Jean-Paul II et mise à jour par Benoît XVI avec le Motu Proprio du 11 juin 2007, puis du 22 février 2013.

Une fois arrivés dans la chapelle qui abrite la célèbre fresque de Michel-Ange Le Jugement dernier, les cardinaux doivent prêter serment en latin, la langue officielle de l'État du Vatican, jurant de respecter la Constitution apostolique, de ne jamais révéler ce qui se passe lors des réunions du conclave et de s'engager à exercer fidèlement le rôle de pape s'ils sont élus.

Le pape François prononce un discours lors de la célébration d'une messe dans la chapelle Sixtine, au Vatican, le dimanche 11 janvier 2015.
Le pape François prononce un discours lors de la célébration d'une messe dans la chapelle Sixtine, au Vatican, le dimanche 11 janvier 2015. AP Photo/L'Osservatore Romano, pool

Pendant le conclave, les cardinaux ne sont pas autorisés à avoir des contacts avec le monde extérieur et ils vivent tous dans la Casa Santa Marta, construite sur ordre de Jean-Paul II pour remplacer les logements de fortune du palais papal qui les hébergeaient auparavant.

La Domus Sanctae Marthae,** située près de la chapelle de Santa Marta dans la Cité du Vatican, a également été la résidence choisie par le pape François pour son pontificat. En effet, Jorge Mario Bergoglio n'a pas vécu dans le traditionnel palais apostolique, comme ses prédécesseurs, préférant un style plus simple et plus proche du peuple.

Les votes du conclave

Seuls les cardinaux "électeurs", c'est-à-dire ceux âgés de moins de 80 ans, actuellement au nombre de 138, entrent dans la chapelle Sixtine.

Une majorité des deux tiers est requise pour élire un nouveau pape. Les cardinaux ne sont pas autorisés à quitter le Conclave, sauf dans de rares cas, précisément pour éviter que le processus électoral ne se prolonge et ne soit compromis de l'extérieur.

Les cardinaux votent secrètement, en inscrivant le nom de l'élu sur un bulletin de vote. Après chaque vote, les bulletins sont brûlés dans un poêle, avec un additif qui produit une couleur, et la fumée est rejetée par une cheminée visible depuis la place Saint-Pierre. Si un vote se termine sans une majorité des deux tiers, la fumée est noire ; lorsqu'une décision est prise, elle est blanche.

Après le 33e ou 34e vote, un scrutin direct et obligatoire se tient entre les deux cardinaux qui ont obtenu le plus de voix lors du dernier vote. Toutefois, même dans ce cas, une majorité des deux tiers est toujours requise.

À ce stade, le dernier de l'ordre des cardinaux diacres convoque le maître des célébrations liturgiques et le secrétaire du Collège des cardinaux.

Le doyen, le vice-doyen ou le premier cardinal des cardinaux-évêques s'adresse alors à l'élu en disant en latin : "Acceptasne electionem de te canonice factam in Summum Pontificem" (Acceptez-vous votre élection canonique comme Souverain Pontife ?) avant d'ajouter "Quo nomine vis vocari? (Comment voulez-vous être appelé ?), question à laquelle le nouvel élu répond par son nom pontifical.

La fumée blanche

À la fin du conclave, le nouveau pontife se retire dans la "salle des larmes", la sacristie de la chapelle Sixtine, pour revêtir pour la première fois les vêtements pontificaux, avec lesquels il apparaîtra en public depuis la loggia de bénédiction de la basilique Saint-Pierre.

Le nom de la sacristie évoque l'idée que le nouveau pape fond en larmes sous le coup de l'émotion et du poids de la responsabilité du rôle qu'il est appelé à jouer.

Traditionnellement, la soutane papale est préparée en trois tailles différentes afin qu'elle puisse s'adapter à la taille du nouvel élu.

Après la prière pour le nouveau pontife et l'hommage des cardinaux, le "Te Deum" est entonné, marquant la fin du conclave. Lors de l'annonce de l'élection, le cardinal protodiacre apparaît dans la loggia centrale de la basilique Saint-Pierre et prononce le fameux "Habemus papam".

Le nouveau pape, précédé de la croix processionnelle, prononce ensuite sa première bénédiction solennelle Urbi et Orbi ("À la ville et au monde").

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