Malgré les appels des colombophiles, l'Union européenne n'a pas encore assoupli les règles relatives à la grippe aviaire et maintient les pigeons de compétition au sol par mesure de précaution.
La Commission européenne a précisé qu'elle n'envisageait pas d'assouplir prochainement les règles de santé animale pour les pigeons, malgré les appels des législateurs et des colombophiles en faveur d'une plus grande tolérance à l'égard de ces oiseaux.
L'eurodéputée libérale Hilde Vautmans, originaire de Belgique, où les courses de pigeons sont très populaires, a demandé à la Commission, dans une question parlementaire écrite, si elle envisageait de réviser les règles de l'UE en fonction des espèces, ce qui pourrait être bénéfique pour les pigeons.
Selon elle, les preuves scientifiques montrent que les pigeons voyageurs ne sont pas les principaux responsables de la propagation du virus de la grippe aviaire hautement pathogène (HPAIV), et pourtant ils sont traités comme s'ils complotaient pour répandre une pandémie de grippe aviaire.
En vertu de la législation européenne actuelle, les pigeons sont réglementés de la même manière que les autres oiseaux captifs, tels que les volailles et les perroquets. Cela signifie que les éleveurs de pigeons doivent respecter des mesures de biosécurité strictes, notamment des perchoirs désinfectés, une liberté limitée à l'extérieur et la fermeture des pigeonniers, ce qui rappelle les restrictions imposées aux humains lors de la pandémie de grippe aviaire COVID-19. En revanche, les oiseaux sauvages sont laissés en liberté puisqu'ils ne sont pas sous le contrôle de l'homme, bien qu'ils soient également porteurs de la grippe aviaire.
Hilde Vautmans estime que cette situation est injuste. Selon elle, la loi ne tient pas compte du fait que tous les oiseaux ne sont pas égaux en termes de risques de propagation de maladies. Et si la grippe aviaire est aujourd'hui inquiétante chez les espèces sauvages, les données scientifiques indiquent que les pigeons présentent un risque relativement faible.
Dans sa réponse de mardi, Olivér Várhelyi, commissaire chargé du bien-être des animaux, n'a pas fermé la porte du grenier à de futures modifications, mais il a clairement indiqué que les ajustements de règles nécessitaient des données solides et ne pouvaient pas mettre en péril le système de santé animale dans son ensemble.
Le commissaire a également fait état de préoccupations scientifiques croissantes. "La littérature récente indique que les virus de l'IAHP pourraient circuler chez les pigeons à une intensité sous-estimée et qu'ils pourraient servir de pont inter-espèces dans l'écologie de la transmission du virus", a-t-il écrit.
Pour l'instant, les règles ne changent pas, mais des modifications pourraient être envisagées, à condition qu'elles soient étayées par des preuves scientifiques solides et qu'elles ne compromettent pas la santé des animaux dans l'ensemble de l'Union européenne.
Hilde Vautmans a également demandé des dérogations spécifiques pour les courses de pigeons, une pratique qui, selon le secteur, ne présente qu'un risque minime de propagation des maladies et dont il souhaite que l'importance génétique et culturelle soit reconnue.
Les pigeons voyageurs sont des athlètes d'élite du monde des oiseaux, élevés au fil des générations pour leur vitesse, leur endurance et leurs capacités de repérage, semblables à celles d'un GPS. Lors des courses, les pigeons sont emmenés loin de chez eux et chronométrés en fonction de leur vitesse de retour. C'est comme le Tour de France, mais avec des plumes et moins de shorts en élasthanne.
Le commissaire a toutefois souligné que les pigeons voyageurs bénéficiaient déjà de quelques avantages. Ils peuvent franchir les frontières de l'UE sans passeport vétérinaire et même entrer en provenance de pays tiers, à condition de ne pas traîner et d'être relâchés pour rentrer immédiatement chez eux. Les États membres peuvent également accorder des dérogations supplémentaires en cas d'épidémie, s'ils le jugent sûr.
En résumé, la Commission estime que la réglementation actuelle laisse suffisamment de marge de manœuvre aux pigeons voyageurs et ne prévoit pas de nouvelles dérogations.
Les colombophiles peuvent donc se sentir enfermés dans les règles actuelles, mais l'Union européenne n'en démord pas pour l'instant. Jusqu'à ce que la science en décide autrement, c'est la sécurité qui prime, même si cela implique de tenir en laisse certains oiseaux très rapides.