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Sabotage de câbles sous-marins : pourquoi la mer Baltique est-elle le point faible de l'Europe ?

Les dix câbles de la mer Baltique sont particulièrement vulnérables en raison de leur proximité avec la Russie.
Les dix câbles de la mer Baltique sont particulièrement vulnérables en raison de leur proximité avec la Russie. Tous droits réservés  Canva
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Par Anna Desmarais
Publié le
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Dans cette deuxième partie d'une série sur les câbles sous-marins, nous examinons comment les États de la mer Baltique font face aux menaces accrues d'ingérence russe dans leurs eaux territoriales.

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Les capacités de la Russie à mener des attaques contre les câbles sous-marins suscitent de plus en plus d'inquiétudes en Europe.

Une enquête conjointe des radiodiffuseurs publics de Suède, du Danemark, de Norvège et de Finlande a permis de découvrir au moins 50 navires espions russes présumés dans cette région, qui effectueraient des recherches sous-marines pour identifier des sites de sabotage potentiels.

Les câbles sous-marins sont d'épais câbles à fibres optiques qui courent au fond de l'océan et qui assurent 95 % des connexions Internet dans le monde, selon l'Administration nationale des océans et de l'atmosphère des États-Unis (NOAA).

"Nous devons faire davantage pour renforcer la sécurité des infrastructures sous-marines car nos sociétés en sont de plus en plus dépendantes", a déclaré Jens Stoltenberg, alors secrétaire général de l'OTAN, à l'issue d'une réunion sur la sécurité des câbles sous-marins qui s'est tenue en mai.

Quel est l'intérêt de la Russie pour la mer Baltique ?

Neuf pays bordent la mer Baltique : le Danemark, la Suède, la Finlande, l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie, l'Allemagne, la Russie et la Pologne.

Selon Olevs Nikers, le président de la Fondation pour la sécurité de la Baltique, au moins dix câbles sous-marins relient ces pays au reste de l'Europe.

Henri van Soest, analyste principal chez RAND Europe, affirme que la mer Baltique est l'endroit le plus facile à attaquer pour la Russie, car elle lui est directement accessible par les ports de Saint-Pétersbourg et de l'exclave de Kaliningrad, au nord de la Pologne.

Les Russes influencent également certains pays voisins par leurs exportations d'énergie, poursuit Henri van Soest.

Les États baltes d'Estonie, de Lettonie et de Lituanie continueront à faire partie de l'anneau électrique BRELL avec la Russie et le Bélarus pendant quelques mois encore, avant d'être déconnectés en février 2025.

La Russie a intégré ces trois pays à son réseau national lors de leur annexion à l'Union soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale, et l'accord BRELL actuel, qui les maintient dans un réseau électrique avec la Russie et le Bélarus, date de 2001.

De nouveaux câbles électriques et gaziers sous-marins devraient permettre d'assurer l'approvisionnement énergétique des pays baltes après la fin de l'accord BRELL.

"Cette nouvelle infrastructure est généralement positive pour la sécurité européenne car elle affaiblit l'arme énergétique de la Russie", peut-on lire dans un document de synthèse rédigé par un chercheur de l'OTAN à propos des nouveaux câbles.

"Néanmoins, l'influence de la Russie étant entravée par l'érosion continue de son monopole énergétique, Moscou pourrait maintenant riposter par des actes de sabotage".

Attaque délibérée ou accident ?

La Lituanie a signalé "plusieurs cas d'interférence" par des missiles russes lors de la pose du câble sous-marin NordBalt qui relie le pays à la Suède en 2015, poursuit le document d'analyse.

D'autres incidents ont été rapportés dans la région, notamment le sabotage présumé du gazoduc Balticconnector et d'un câble sous-marin reliant la Finlande et l'Estonie. En 2023, le gouvernement finlandais a déclaré que les dommages avaient probablement été causés par un acte délibéré.

Une station de compression du gazoduc maritime Baltic Connector est photographiée à Inkoo, en Finlande, le 5 novembre 2019.
Une station de compression du gazoduc maritime Baltic Connector est photographiée à Inkoo, en Finlande, le 5 novembre 2019. Mikko Stig/Lehtikuva

Dix mois plus tard, la Chine a admis qu'un navire immatriculé à Hong Kong sous le nom de Newnew Polar Bear était responsable des dégâts, mais a affirmé qu'il s'agissait d'un accident, selon le South China Morning Post.

La Finlande et l'Estonie mènent des enquêtes distinctes pour déterminer s'il s'agit d'une attaque délibérée ou d'un accident.

"Surveillance supplémentaire" de l'OTAN

La mer Baltique est une région stratégique pour la Russie dans sa confrontation avec l'OTAN, affirme Olevs Nikers.

Tous les pays riverains de la mer Baltique, à l'exception de la Russie, sont désormais membres de l'OTAN depuis l'adhésion récente de la Suède et de la Finlande, ce qui a conféré à la Baltique le surnom de "lac de l'OTAN".

La Suède et la Finlande ont récemment décidé de doubler leurs budgets militaires pour 2020, en dépassant l'objectif de 2 % fixé par l'OTAN, avec des budgets respectifs de 120 milliards de couronnes suédoises (10,74 milliards d'euros) et de 6,7 milliards d'euros.

L'OTAN continuera d'adapter son dispositif maritime en mer Baltique et prendra toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité des alliés
Dylan White
Porte-parole par intérim de l'OTAN

Cela signifie que l'OTAN sera en mesure d'utiliser à la fois ses propres forces et les armées suédoise et finlandaise pour protéger la mer Baltique, explique Henri van Soest.

À la suite de l'incident du Balticconnector, l'OTAN a mis en place "des vols de surveillance et de reconnaissance supplémentaires" au-dessus de la mer afin d'être à l'affût d'incidents potentiels à l'avenir.

"L'OTAN continuera d'adapter son dispositif maritime en mer Baltique et prendra toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité des alliés", déclare Dylan White, porte-parole par intérim de l'OTAN.

L'année dernière, l'alliance atlantique a créé deux divisions, à Bruxelles et à Londres, chargées de coordonner les réponses aux menaces contre les câbles sous-marins.

Comment consolider les ressources ?

Après l'incident du Balticconnector, Edgars Rinkevics, le président de la Lettonie, a proposé de fermer la mer Baltique à la navigation si la Russie était reconnue responsable de l'endommagement du câble.

Le Kremlin a rétorqué que toute menace de fermeture de la mer Baltique à l'encontre de la Russie serait "inacceptable".

Selon les médias publics estoniens, les États ne peuvent fermer certaines parties de la mer qu'en temps de guerre, sous peine d'enfreindre les droits internationaux de passage.

Néanmoins, Olevs Nikers considère que la région a besoin d'une stratégie coordonnée afin que les gouvernements sachent comment procéder en cas d'attaque.

"Il s'agit maintenant de savoir comment nous allons consolider les ressources", ajoute-t-il.

Euronews a contacté les gouvernements nationaux de tous les États baltes pour obtenir des informations sur les stratégies régionales envisagées, mais n'a pas reçu de réponse immédiate.

Cet article est le deuxième d'une série en deux parties consacrée aux vulnérabilités des câbles sous-marins européens et à l'impact d'une attaque potentielle. Vous pouvez lire la première partie ici.

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