Une semaine après le mouvement "Bloquons tout", des manifestations et des actions de blocage ont secoué le pays ce jeudi. La mobilisation, contre les mesures d'austérité du gouvernement, a largement été suivie, notamment par la fonction publique, l’éducation et les pharmaciens.
Une semaine après la journée de mobilisation du mouvement Bloquons tout, la France a vécu ce jeudi une nouvelle journée agitée à l'échelle nationale. À l'appel de huit grands syndicats, des manifestions et des actions de blocage ont été organisées dans tout le pays pour protester contre le plan budgétaire annoncé cet été par François Bayrou, avant que son gouvernement ne chute la semaine passée.
Si le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, a rapidement renoncé à la suppression de deux jours fériés - une mesure jugée unanimement inacceptable par les syndicats - le dirigeant n’a pas fermé la porte au reste du programme : gel des prestations sociales, désindexation des retraites, ou encore doublement des franchises médicales.
Une mobilisation massive encadrée par 80 000 policiers et gendarmes
Face à une mobilisation massive, près de 80 000 policiers et gendarmes ont été déployés sur tout le territoire, soutenus par 26 blindés Centaure et 10 engins lanceurs d’eau, a précisé le ministre de l'Intérieur sortant, Bruno Retailleau.
Environ 506 000 manifestants ont défilés partout en France dont 55 000 à Paris, selon les autorités. La CGT, qui se félicite du "succès" de la mobilisation, a de son côté recensé plus d'un million de personnes dans l'ensemble du pays.
Plus de 12% des agents de la fonction publique d'État ont fait grève, principalement dans l'Éducation nationale, selon le ministère de la Fonction publique.
Bruno Retailleau a fait état de 700 actions sur la voie publique et de 29 incendies.
À 18h, les autorités comptabilisaient 181 interpellations, dont 31 dans la capitale. Onze membres des forces de l'ordre et onze autres personnes - dont un journaliste à Lyon - ont été blessés dans les incidents qui ont émaillé les cortèges.
La capitale a été au cœur de la mobilisation, avec un départ Place de la Bastille dès 14h, en direction de la Place de la République, puis de la Place de la Nation. Si la manifestation s’est déroulée dans une ambiance majoritairement calme, des affrontements ont éclaté en fin de cortège.
La mobilisation a également touché plusieurs autres grandes villes françaises, notamment Lille, Rennes, Nantes, Lyon, Marseille et Bordeaux.
À Lyon, 14 000 et 20 000 personnes ont défilé. La ville a connu des tensions ponctuelles et de nombreux blocages sur des sites stratégiques.
À Marseille, près de 15 000 personnes ont été recensés. La gare Saint-Charles, en particulier, a été surveillée de près pour prévenir les tentatives de blocage.
À Rennes, entre 11 500 et 20 000 personnes ont défilé. Plusieurs tentatives de blocage ont été déjouées par la police dans la matinée.
En Martinique, 150 000 personnes ont été temporairement privés d'eau après la fermeture délibérée de vannes sur un site de distribution principal, qualifiée d’acte de sabotage par les autorités. L’approvisionnement a depuis été rétabli, mais une deuxième tentative de coupure a été signalée sur le même site.
Perturbations dans les transports franciliens
Comme prévu, le trafic dans les transports en commun franciliens a été fortement perturbé. Le métro parisien et les trains de banlieue ont fonctionné à capacité réduite, tandis que les services régionaux en Île-de-France ont été fortement impactés. Neuf TGV sur dix ont été maintenus, mais les lignes TER locales n’ont fonctionné qu’à environ 60 %.
Dans le reste du pays, le trafic a globalement été maintenu.
Dans la région lilloise, plusieurs dizaines de manifestants ont bloqué un dépôt de bus Ilevia à Villeneuve-d’Ascq pendant quelques heures le matin.
La situation est "perturbée", mais "pas bloquée", observait le ministre des Transports démissionnaire, Philippe Tabarot, dans la matinée.
Fonction publique : des grèves largement suivies
Parmi les agents de la fonction publique, le taux de grévistes a atteint 12,7 % sur un total de 2,5 millions d’agents, soit près de trois fois plus que lors de la mobilisation du 10 septembre à l’appel du mouvement Bloquons tout, qui avait rassemblé 4,58 % des fonctionnaires sur l’ensemble de la journée.
Dans les autres branches de la fonction publique, 7,47% d'agents étaient en grève dans la fonction publique territoriale et 7,6% dans la fonction publique hospitalière.
Au sein de la Direction générale des finances publiques, l’une des principales directions de Bercy avec près de 94 000 agents, 12,5 % des personnels étaient en grève, soit une mobilisation plus importante que celle du 10 septembre, selon les chiffres communiqués à la mi-journée.
Enseignants et pharmaciens en première ligne
Dans l’enseignement secondaire, le Snes-FSU, principal syndicat, indique que 45 % des personnels des collèges et lycées ont participé à la grève. Selon le ministère de l’Éducation, ce taux s’élève à 17,06 % pour l’ensemble des enseignants, du primaire au secondaire.
Les pharmaciens se sont également mobilisés, notamment pour dénoncer la réduction des remises commerciales sur les médicaments génériques. Entre 80 et 90 % des officines ont fait grève, selon l’Union nationale des syndicats de pharmaciens d’officine.