Un nouveau rapport des Nations unies examine l'écart entre les engagements pris par les pays en matière de climat et les objectifs mondiaux en matière d'émissions.
La semaine prochaine, des représentants de gouvernements nationaux, des organisations à but non lucratif, des universitaires et bien d'autres se réuniront pour la COP30 à Belem, au Brésil. Lors de cette réunion annuelle, ils discuteront des efforts déployés au niveau mondial pour lutter contre le changement climatique.
Le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) a publié son rapport annuel sur le déficit d'émissions, qui examine l'écart entre les prévisions d'émissions mondiales de carbone et les engagements actuels des pays.
Le rapport de cette année révèle que, dans le cadre des engagements actuels, l'augmentation prévue de la température mondiale au cours de ce siècle n'a que légèrement diminué. Selon l'ONU, le monde se dirige donc vers une grave escalade des risques liés au climat.
Le rapport de cette année
Les engagements de l'Accord de Paris, conclu lors de la COP21 en 2015,ont permis de réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre, d'accélérer l'adoption de technologies et de politiques en matière d'énergies renouvelables et de catalyser les engagements en faveur d'émissions nettes nulles.
Cependant, le rapport constate que seules 60 parties à l'Accord de Paris, couvrant 63 % des émissions de gaz à effet de serre, avaient soumis ou annoncé de nouvelles "contributions déterminées au niveau national" (CDN), détaillant leurs objectifs actualisées pour 2035.
Si les parties mettent pleinement en œuvre leurs CDN, les températures mondiales devraient augmenter de 2,3 à 2,5 °C, alors que cette hausse serait de 2,8 °C sur la base des politiques actuelles.
Le rapport de l'année dernière prévoyait une augmentation de 2,6 à 2,8 °C pour les plans pleinement mis en œuvre et de 3,1 °C dans le cadre des politiques actuelles.
"C'est un progrès, mais il est loin d'être suffisant", a déclaré le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, dans un message vidéo. "Les engagements actuels laissent encore présager un effondrement du climat".
Compenser le retrait des États-Unis de l'Accord de Paris
Le rapport ajoute que, une fois que les États-Unis seront officiellement retirés de l'Accord de Paris en janvier, environ 0,1 °C de ces progrès seront "annulés", ce qui signifie que les CDN ont "à peine déplacé l'aiguille".
L'ampleur des réductions d'émissions nécessaires et le peu de temps qu'il reste pour les réaliser signifient que les températures mondiales dépasseront 1,5 °C, très probablement au cours de la prochaine décennie, indique le rapport. Des mesures énergiques permettraient de retarder ce dépassement, mais pas de l'éviter complètement.
"Les nations ont eu trois tentatives pour tenir les promesses faites dans le cadre de l'Accord de Paris, et à chaque fois, elles ont échoué à atteindre leurs objectifs", déclare Inger Andersen, directrice exécutive du PNUE.
"Si les plans climatiques nationaux ont permis de réaliser certains progrès, ils sont loin d'être assez rapides, c'est pourquoi nous avons toujours besoin de réductions d'émissions sans précédent dans une fenêtre de plus en plus étroite, avec une toile de fond géopolitique de plus en plus difficile".
Inger Andersen affirme qu'il existe des solutions éprouvées - depuis la croissance rapide des énergies renouvelables abordables jusqu'à la lutte contre les émissions de méthane - et appelle les pays à "s'engager à fond" dans l'action en faveur du climat.
Quelle est la contribution de l'Europe ?
Le rapport examine les politiques, les données et les trajectoires des principaux pays et blocs, tels que l'Union européenne. L'objectif actuel de l'UE est de réduire les émissions nettes de gaz à effet de serre d'au moins 55 % par rapport aux niveaux de 1990d'ici à 2030, et de 66 à 72 % d'ici à 2035.
Actuellement, les six plus grands émetteurs de gaz à effet de serre sont la Chine, les États-Unis, l'Inde, l'Union européenne, la Russie et l'Indonésie. Sur ces six pays, l'UE est la seule à avoir réellement réduit ses émissions en 2024, de 2,1 %.
Selon le rapport, dans le cadre des politiques actuelles, en 2035, les émissions agrégées du G20 devraient diminuer de 2 gigatonnes de dioxyde de carbone par rapport aux niveaux de 2030. Le principal contributeur à cette réduction serait la Chine, suivie de l'Union européenne.
Le rapport évalue également la probabilité que certains groupes atteignent leurs objectifs en matière d'émissions. L'UE a été classée dans la catégorie "susceptible d'atteindre l'objectif avec les politiques existantes", de même que des pays comme la Chine, l'Inde, la Turquie et le Mexique.
Un constat "choquant et tout à fait prévisible"
Clare Shakya, directrice générale du département Climat de Nature Conservancy, qualifie le rapport de "choquant et tout à fait prévisible" et souligne l'importance de la COP30.
"L'occasion qui se présente à la COP30 est brève mais puissante", dit-elle. "Au cours des deux prochaines semaines, alors que l'attention du monde se tourne vers le climat, nous devons saisir ce moment pour exiger une action plus rapide et plus audacieuse, en plaçant la nature au cœur de notre réponse".
Jasper Inventor, directeur adjoint du programme de Greenpeace International, a également souligné la nécessité d'agir rapidement et de renforcer les engagements en faveur du climat**.**
"Les avertissements concernant un dépassement de 1,5 °C doivent être un appel à l'action et pourtant les plans d'action pour le climat 2035 n'ont pas réussi à combler le manque d'ambition", a-t-il déclaré dans un communiqué.
"Nous n'avançons que très lentement dans la réduction de nos émissions, malgré les demandes des personnes et des communautés du monde entier".
Le rapport note cependant que 2024 a été une année record pour la production d'électricité renouvelable. António Guterres exhorte les entreprises à tirer parti de cette dynamique.
"Les dirigeants doivent saisir cette occasion et ne pas perdre de temps : tripler les énergies renouvelables et doubler l'efficacité énergétique d'ici 2030 ; construire des réseaux modernes et des systèmes de stockage à grande échelle ; et mettre fin à toute nouvelle expansion du charbon, du pétrole et du gaz d'une manière juste et équitable", déclare le secrétaire général de l'ONU.