"Une catastrophe si la Grande-Bretagne quitte l'Union"

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Par Euronews
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A l’heure où Dublin prend la présidence de l’Union Européenne, euronews a rencontré à Bruxelles Enda Kenny, le premier ministre irlandais depuis deux ans.

La sortie de la crise économique, le chômage des jeunes, l’avortement, Enda Kenny répond à nos questions.

James Franey, euronews:
Monsieur le premier ministre, merci d‘être avec nous sur EuroNews.
Pensez vous que les pays de l’Union puissent vraiment rapatrier leurs compétences de Bruxelles ?

Enda Kenny, Premier ministre irlandais:
Je ne peux pas parler au nom du gouvernement britannique auquel vous faites référence, mais en tant que leader de mon pays, qui est depuis longtemps un partenaire économique privilégié des britanniques. Nous avons d’ailleurs signé avec eux l’an passé un pacte de partenariat stratégique.
La Royaume-Uni est un partenaire important, apprécié de l’Union européenne, et son intérêt est d‘être un membre actif et moteur à l’intérieur de l’Union. Voir la Grande-Bretagne quitter l’Union serait une catastrophe.
J’espère vraiment que l’option de les voir rester dans l’Union existe encore parce que, je le redis, les voir en sortir serait absolument catastrophique.

euronews:
Les états-membres doivent-ils avoir la possibilité de choisir leur part dans le gâteau Union ? Cela ne devrait-il pas être tout ou rien ?

Enda Kenny:
C’est une Union Européenne avec des conditions à remplir pour en devenir membre, les mêmes conditions pour chacun des membres. Et si vous acceptez de faire une seule exception à la règle, vous aurez tout de suite beaucoup de candidats.

euronews:
Vous aviez dit être confiant pour que le problème de la dette des banques soit réglé avant la fin mars. Avec ce qui se dit à Berlin, êtes vous toujours confiant ?

Enda Kenny:
Ce problème se règle en deux phases. Vous devez comprendre qu’un petit pays comme l’Irlande n’a pas eu d’autre choix que de suivre le plan d’aide UE/FMI, plan qui était nécessaire pour pouvoir répondre aux exigences européennes sur la santé des banques.
Nous avons dû emprunter 64 milliards d’Euros et faire supporter cette somme à nos contribuables, un fardeau énorme qu’il nous a fallu séparer en deux modes de remboursements:
D’abord des reconnaissances de dette nous obligeant à rembourser 3 milliards tous les ans pendant 10 ans. Ensuite, en s’appuyant sur nos banques. Nous avons respecté tous nos engagements et c’est pour cela que nous sommes confiants quant à la décision qui sera prise au mois de juin prochain sur la question de la dette des banques.

euronews:
Le président francais, Francois Hollande, déclarait en décembre qu’il faudrait une harmonisation de la fiscalité des entreprises en Europe ? L’Irlande peut-elle accepter cela ?

Enda Kenny:
L’Irlande ne changera rien à sa politique fiscale. Nous sommes à un taux de 12,5% depuis des années et ne changerons pas. Les traités de l’Union sont très clair, la fiscalité reste une compétence nationale.
Il y a d’autres pays dans l’Union qui pratique des taux d’impositions sous les 20 %. Nous ne soutenons pas la taxe sur les transactions financières par exemple.

Euronews:
Pourquoi cela ?

Enda Kenny:
Parce que nous avons la chance d’avoir à Dublin un pôle de services particulièrement dynamique sur le plan international, qui emploie plus de 35 000 personnes. Ce n’est pas un désavantage par rapport à Londres qui est opposé à la taxe sur les transactions financières. Nous soutenons la coopération renforcée et la taxe sur les transactions financières sera à l’ordre du jour lors des prochaines rencontres Eurogroup lundi. l’Irlande oeuvrera afin que cette proposition adoptée par 10 Etats devienne une réalité. Cela est très clair.

euronews:
Et l’argument selon lequel les banques sont à l’origine de la crise. ne devraient-elles pas règler elles-même leurs dettes ?

Enda Kenny:
Tout dépend de ce que décidera le Mécanisme européen de stabilité. Suivant les choix qui seront faits, le MES aura la possibilité de définir les régles de la recapitalisation directe les banques. A l’avenir, nous souhaitons épargner de telles charges au public. L’Irlande est le seul pays qui a autant impliqué ses contribuables. C’est pour cela que nous avons tant besoin du soutien de nos amis européens pour nous permettre de sortir du programme cette année comme prévu.

euronews:
Nous avons assisté à un débat sur les garanties d’emploi pour la jeunesse. L’Etat peut-il vraiment garantir du travail ainsi ?

Enda Kenny:
Je ne pense pas que “garantie” soit un mot approprié. Je dirais plutôt “opportunité”, “effort”. Récemment je me suis arrêté à Vienne pour rencontrer le Chancelier Faymann. Nous sommes allé visiter un centre d’excellence pour la jeunesse autrichienne. Le chômage chez les jeunes est là-bas quasiment inexistant, moins de 3 % alors qu’il est de 50 dans d’autres pays, 29 chez nous. Ce n’est pas normal.
Nous devons nous inspirer de ces expériences que l’on peut trouver dans d’autres pays. La lutte contre le chômage des jeunes constituera l’un des priorités de la présidence irlandaise de l’UE pour les six prochains mois. Pour qu’ils aient enfin de bonnes perspectives d’avenir.

euronews:
87,000 personnes ont quitté l’Irlande l’an passé. Vous pensez qu’elles ne comprennent pas vos efforts ?

Enda Kenny:
Le nombre de chômeurs est aujourd’hui inacceptable. Ce n’est pas normal de voir autant de gens au chômage dans toute l’Europe et de voir notre jeunesse quitter le pays. J‘étais en Chine il y a quelques semaines et j’ai rencontré près de 500 irlandais. Ils avaient tous choisis d‘être là bas. Je m’inquiète plus pour ceux qui sont partis par nécessité et qui n’ont pas trouvé meilleur futur ailleurs.

euronews:
Revenons à des questions nationales, un débat existe actuellement sur les lois sur l’avortement. Quelle est votre position, peut on s’attendre à une consultation nationale ?

Enda Kenny:
Non, il n’y aura pas d’autre referendum. Cela fait 30 ans que nous discutons de ce sujet en Irlande. L’avortement est interdit mais nous devons élaborer une loi pour définir les conditions dans lesquelles l’interruption volontaire de grossesse peut être autorisé. Cela nous permettra de clarifier le cadre juridique pour le personnel qui doit intervenir dans le cas d’une grossesse où la vie de la mère est menacée ou dans le cas de l’avortement pour les mères suicidaires. Ce sont toutes des questions difficiles à traiter ou nous aurons besoin de calme et de dignité pour bien travailler. Les frontières sont étroites. On ne pourra pas satisfaire tout le monde sur cette question de l’avortement. Ce n’est d’ailleurs pas la question du moment.

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