Le cinéma européen victime de la baisse des financements publics

Le cinéma européen victime de la baisse des financements publics
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Par Euronews
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Le festival de Cannes avec son faste et ses paillettes ne fait pas oublier que le cinéma européen est comme le reste de l‘économie, confronté aux politiques d’austérité budgétaire
qui affectent le financement public du septième art.

En amont de la projection des films, sont en jeu les investissements dans la création et la production cinématographiques. Quelles seront les conséquences de la baisse des financements du cinéma européen, nul ne le sait avec précision.

Après un rebond en 2011, la production de films dans l’Union européenne était en diminution l’an dernier et le sera sans doute encore en 2013.

D’autant plus que dans certains pays comme l’Espagne ou encore l’Italie, la forte réduction, voire la disparition des politiques publiques d’aide au cinéma se double d’une augmentation des taxes frappant cette activité.

L‘évolution des recettes du cinéma en Europe : en salles s’entend, épouse assez fidèlement celle du nombre de films produits : une augmentation en 2011 et une baisse sensible en 2012.

Il est certain que la perte actuelle du pouvoir d’achat des consommateurs dans la majorité des pays européens ne va rien arranger. Mais ce n’est pas tout. En Espagne la hausse de la TVA sur les billets vendus a déjà produit ses effets sur la fréquentation des salles.

Euronews a débattu de la situation globale du cinéma européen, à Cannes, avec un spécialiste du secteur.

Wolfgang Spindler, Euronews:
“Le cinéma, au-delà du festival, c’est aussi un marché, ce sont aussi des salles de cinéma qui vivent derrière. Dans une situation de crise comment se comportent les salles de cinéma en Europe ?

Claude-Eric Poiroux, Président de Europa Cinemas:
“Les résultats 2012 sont plutôt un peu en baisse quand même au niveau de la fréquentation ce qui veut donc dire qu’il y a quand même un ralentissement des entrées et que il peut y avoir un commencement de crise. On ne sait pas exactement quelle sera l‘évolution. Ce qui se passe en Europe est assez inégal également, il n’y a pas forcément dans tous les pays la même situation. L’Espagne par exemple connaît une vraie crise pour une double raison, c’est que il y a la crise dans le pays globalement, et puis il y a la crise dans le cinéma. Le cinéma a été victime de deux ou trois décisions prises par le gouvernement, notamment celle d’augmenter la TVA, de passer de 8 à 21% le prix des entrées ce qui est énorme. Et puis en même temps les crises au niveau de la production parce que ce que nous ne voyons peut-être pas aujourd’hui au niveau des salles c’est ce qui se passe au niveau niveau de la création, de la production, des investissements, du type de films qui se fait, et aussi de l’ampleur de ce qui est en train aujourd’hui d‘être produit en Europe et dont on verra les effets dans quelques mois ou dans quelques années.

Euronews:
En période de crise il y a des types de films qui marchent mieux que d’autres ?

C-E Poiroux:
Disons que on a l’habitude de dire en général que le cinéma n’est pas victime des crises parce que c’est une valeur refuge. Le mot refuge en l’occurrence c’est la salle de cinéma dans laquelle on va venir oublier ce qui se passe à l’extérieur. C’est ce qui s’est produit dans l’histoire à plusieurs reprises. Donc on est toujours un petit peu chanceux par rapport à d’autres qui sont touchés de plus près. Maintenant il faut aussi penser que le cinéma aussi ça a un coût. Heureusement on peut rentrer dans une salle en payant pas très cher. C’est pas non plus le loisir le plus cher et ça donne quand même un spectacle de grande qualité. Donc on peut considérer que le rapport entre la qualité et le prix ça reste encore quelque chose d’attractif pour le public. Si on veut que le public continue à venir y trouver une évasion il va y avoir peut-être un changement du type de films. Le cinéma veut peut-être devenir plus un divertissement. Peut-être un tout petit peu moins un lieu de réflexion oú effectivement il y a une expression artistique et oú on trouve un certain plaisir”.

Euronews:
“Alors comment on peut résumer la crise du cinéma en Europe en deux ou trois mots ? “

C-E Poiroux:
“Je pense qu’aujourd’hui il y a quand même des questions qui sont posées parce que beaucoup de pays ne font pas vraiment le choix de comprendre que la culture est essentielle comme réponse à la crise. Et donc ça je pense que c’est une des inquiétudes que nous ressentons dans certains pays, l’Espagne en particulier, l’Italie aussi; et dans certains pays d’Europe centrale : la Hongrie, on voit bien que aujourd’hui il y a quand même des choses un peu menaçantes sur l’existence d’un cinéma que l’Europe sait très bien faire : un cinéma d’auteur qui est en général de très bonne qualité, qui peut toucher le public. Le cinéma il a vraiment des forces et il ne faut pas le brider il faut le laisser s’exprimer avec une vraie exigence”.

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