Cinq choses à retenir du "Super Tuesday"

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Par Marie Jamet
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Sept Etats ont été remportés par chacun des deux grands favoris des primaires démocrates et républicaines, Hillary Clinton et Donald Trump, à l’issue

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Sept Etats ont été remportés par chacun des deux grands favoris des primaires démocrates et républicaines, Hillary Clinton et Donald Trump, à l’issue du “Super Tuesday”. Quels autres enseignements nous apporte ce premier grand affrontement aux Etats-Unis ?

1 – Le face-à-face Hillary Clinton / Donald Trump

Dans leur discours de victoire, les deux favoris se sont clairement adressé l’un à l’autre, se reconnaissant adversaires, comme un avant-goût du duel qui se profile pour le mois de novembre prochain.

Hillary Clinton a dégainé la première en reprenant le slogan de Donald Trump : “Nous avons du travail, mais ce travail n’est pas de rendre à l’Amérique sa grandeur […] Nous devons rendre à l’Amérique son unité”. Elle a poursuivi en attaquant le favori républicain sur son populisme : “Les enjeux de cette élection n’ont jamais semblé aussi élevés et la rhétorique employée de l’autre côté n’a jamais volé aussi bas”.

Donald Trump ne s’est pas privé de lui donner la réplique une heure plus tard : “Rendre sa grandeur à l’Amérique sera bien mieux pour le pays que de lui rendre son unité” a-t-il rétorqué dans une adresse aux journalistes.

2 – Prochaine étape, la Floride

Les deux favoris ont attendu les résultats de ce “Super Tuesday” depuis l’Etat de Floride. Donald Trump était à Palm Beach, Hillary Clinton à Miami. La Floride est la prochaine grande étape avec un vote le 15 mars prochain, jour où voteront aussi l’Illinois (l’ancien Etat de Barack Obama), le Missouri, la Caroline du Nord et l’Ohio.

Mais aussi bien du côté républicain que démocrate, la Floride élira plus de délégués que chacun des quatre autres Etats. Les voix de 246 délégués sont en jeu pour les démocrates et 99 pour les républicains, selon le système du “winner-take-all”, c’est-à-dire que le vainqueur remporte la voix de tous les délégués de l’Etat. Il s’agit donc d’un Etat-clé qu’il faut séduire pour Hillary Clinton et Donald Trump, afin de creuser définitivement leur avantage sur leurs adversaires.

En outre, la Floride fait partie des “Swings States” habituels lors des élections présidentielles américaines. Ces Etats “balancent” d’un camp à l’autre au gré des élections et son électorat, jamais acquis, est toujours chouchouté par les candidats.

3 – L’inversion des taux de participation

Alors que chez les républicains, l’effet Donald Trump fait déplacer les foules, c’est le désintérêt qui semble l’emporter chez les démocrates.

Parmi eux, les taux de participation sont en chute libre de -30%, par rapport à 2008, dans les Etats de Caroline du Sud, Nevada ou New Hampshire. Cette participation en baisse contribue, selon les analystes politiques américains, au beau parcours de l’outsider Bernie Sanders.

Côté républicain, au contraire, c’est l’embellie. Le taux de participation est parfois en hausse de +50%, comme dans l’Iowa. Dans le Nevada, le nombre de voix reçues par Donald Trump seul (34 000) est plus élevé que le nombre total de votants en 2012.

4 – Bernie Sanders à la vice-présidence ?

Si Hillary Clinton a pris la tête de la primaire démocrate suite à ce Super Tuesday, elle n‘étouffe pas complètement son principal concurrent, l’inattendu Bernie Sanders. Certes, avec 418 délégués pour Bernie Sanders contre 1055 pour Hillary Clinton, la bataille est moins serrée que dans le camp républicain mais au vu de la “machine Clinton”, Bernie Sanders fait mieux que de la figuration. Dans l’Etat du Vermont dont il est gouverneur, il est arrivé en tête, sans surprise, mais avec un score écrasant de 86% de voix en sa faveur.

A lui le vote des jeunes et de la frange la plus à gauche du parti, à elle le vote des noirs américains, qui, dans certains Etats, notamment du sud, constituent la majeure partie des votants aux primaires démocrates et comblent partiellement la baisse de la participation.

Hillary Clinton pourrait-elle donc être contrainte, par les chiffres et par calcul politique, de prendre Bernie Sanders comme candidat à la vice-présidence en novembre [les Américains votent pour un tandem président / vice-président lors des élections présidentielles – NDLR] ?
En 2008, l‘écart final entre Barack Obama et Hillary Clinton était faible (305 délégués d‘écart seulement). L’actuel président américain n’avait pas pour autant choisi Hillary Clinton pour se présenter avec lui. Il l’avait finalement retenue, une fois élu, au poste important de Secrétaire d’Etat.

5 – Les Républicains et Donald Trump : je t’aime moi non plus

Donald Trump n’est pas un républicain “canal historique”. Depuis des décennies, il a navigué entre camp démocrate et républicain, s’affichant parfois sans étiquette, avant de rallier à nouveau le “Grand Old Party” pour la campagne des primaires en vue de l‘élection présidentielle de 2016. Il n’a jamais été élu et pourtant, il bouscule les autres candidats mieux installés dans le monde politique. Il agace dans sa famille politique et les échanges ont été houleux, les attaques directes lors des débats télévisés ; il a même été jusqu‘à refuser celui du mois de janvier.

La dernière polémique en date – et il y en eut de nombreuses – a eu lieu cette fin février, lorsque Donald Trump a refusé de prendre ses distances avec David Duke, ancien chef de fil du Ku Klux Klan, antisémite, révisionniste et défenseur de la supériorité de la race blanche. Les principaux représentants républicains ont dénoncé, par la voix de leur chef de groupe au Sénat, cette ambivalence : “Ce n’est pas le point de vue des républicains élus au Sénat des Etats-Unis et je condamne ses positions [de Donald Trump] le plus fortement possible”.

Donald Trump a reçu le soutien de Sarah Palin et, plus récemment, celui de Chris Christie, gouverneur modéré et apprécié du New Jersey. La sincérité de ce soutien est pourtant mise en doute et moquée sur Twitter sous le hashtag #FreeChrisChristie : l’allure du gouverneur, placé derrière Donald Trump lors de l’un de ses discours, a été comparée à celle d’un otage. Un aperçu de ce que serait une candidature “Donald Trump” pour un camp républicain récalcitrant au vote de sa base ?

“Chris Christie derrière Donald Trump semble être dans une vidéo d’otage”

#ChrisChristie standing behind #Trump looks like he is in a hostage video. #Election2016@euronews

— Stefan Grobe (@StefanGrobe1) 2 mars 2016

“Qu’est ce que j’ai fait ? Oh mon dieu, qu’est ce que j’ai fait ?”

There's just one question on Chris Christie's mind. #SuperTuesdaypic.twitter.com/sSDnCXgxBE

— The Daily Show (@TheDailyShow) 2 mars 2016

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