Présidentielle française : zoom sur les candidats et les enjeux

Présidentielle française : zoom sur les candidats et les enjeux
Par Euronews
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Le 23 avril et le 7 mai, les Français sont appelés aux urnes pour élire leur président de la République.

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Le 23 avril et le 7 mai, les Français sont appelés aux urnes pour élire leur nouveau président de la République. Ils ont le choix entre onze candidats :
François Fillon (Les Républicains), Marine Le Pen (Front national), Emmanuel Macron (En Marche), Benoît Hamon (Parti socialiste), Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise), Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France), Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière), Philippe Poutou (Nouveau parti anticapitaliste), Jacques Cheminade (Solidarité & Progrès), Jean Lassalle (Résistons) et François Asselineau (Union populaire républicaine).

Le vainqueur succédera au socialiste François Hollande qui a choisi de ne pas se présenter pour un second mandat.

Voici ce qu’il faut retenir des programmes des cinq principaux candidats à cette présidentielle 2017 :

François Fillon

Vainqueur surprise des “primaires de la droite et du centre” devant Alain Juppé et Nicolas Sarkozy, dont il fut pendant cinq ans le Premier ministre, François Fillon apparaissait fin novembre comme le grand favori de l‘élection présidentielle, avant d‘être plombé par les affaires. Les soupçons d’emplois fictifs visant son épouse et deux de ses enfants, rémunérés comme assistants parlementaires, et des costumes de luxe reçus comme cadeaux ont mis à mal l’image de celui qui se présente comme le candidat “irréprochable”. D’autant que Fillon demande des efforts importants aux Français pour redresser un pays dont la dette atteint près de 100 % du PIB : suppression de 500.000 postes de fonctionnaires, fin des 35 heures, retraite à 65 ans, hausse de la TVA, durcissement des règles liées à l’assurance-chômage… Pour ramener le pays au plein emploi, le candidat conservateur veut donner davantage de flexibilité au travail en assouplissant les charges et les impôts qui pèsent sur les entreprises. Et il veut supprimer l’impôt sur la fortune (ISF). Enfin concernant l’Union européenne, il souhaite une réforme en profondeur et défend une Europe des Etats dans laquelle les dirigeants des pays auraient le dernier mot face à la “machine bruxelloise”.

Marine Le Pen

La candidate du Front national est concernée, elle est aussi, ainsi que d’autres élus frontistes, par des soupçons d’emplois fictifs d’assistants au Parlement européen. Marine Le Pen a jusqu’ici refusé d‘être auditionnée par la justice se retranchant derrière son immunité parlementaire d’eurodéputée. L’Europe qu’elle n’a d’ailleurs cessé de fustiger durant cette campagne, responsable, selon elle, du mal français. Si elle est élue, la leader du parti d’extrême-droite veut organiser un référendum sur la sortie de l’Union européenne qui permettrait à la France, en cas de victoire du oui, de retrouver sa souveraineté monétaire (retour au franc), territoriale (sortie de l’espace Schengen) et législative (fin de la dépendance aux institutions de Bruxelles). Sur le plan économique, elle défend, à l’image de Donald Trump aux Etats-Unis, une politique protectionniste pour lutter contre la concurrence “déloyale”. En matière d’immigration, le crédo historique du FN, elle entend renforcer les contrôles aux frontières nationales en créant 6.000 postes d’agents, supprimer le droit du sol, au profit du seul droit du sang, et réduire drastiquement l’immigration légale.

Benoît Hamon

Vainqueur surprise de la primaire face à l’ancien Premier ministre Manuel Valls, le “frondeur” Benoît Hamon, 49 ans, a repositionné le Parti socialiste en amorçant un virage à gauche. Sa proposition phare : l’instauration d’un revenu universel d’existence R.U.E pour augmenter le pouvoir d’achat et faire reculer la précarité, alors que près de neuf millions de Français vivent sous le seuil de pauvreté. La mesure, plusieurs fois modifiée, concernerait dans un premier temps l’ensemble des personnes sans ressources ou dont les revenus sont inférieurs à 1,9 fois le salaire minimum (SMIC), soit 2.800 euros bruts par mois. Le candidat PS a mis en ligne sur son site internet un outil de simulation pour calculer le montant du R.U.E, en fonction des revenus de chacun.

Pour financer le R.U.E, Benoît Hamon propose de renforcer la lutte contre l‘évasion fiscale ou de taxer les superprofits des banques. Au-delà du coup de pouce qu’il entend donner aux Français aux revenus modestes, et en particulier aux jeunes, Benoît Hamon entend changer le rapport au travail qui, selon lui, va continuer à se raréfier avec la robotisation. Autre axe fort de son programme : l‘écologie. Il propose la sortie du nucléaire d’ici à 2040, l’interdiction des pesticides dangereux et des perturbateurs endocriniens. Le candidat socialiste est d’ailleurs soutenu par le parti Europe Écologie Les Verts, qui s’est retiré de la course à la présidentielle.

Emmanuel Macron

Inconnu du grand public il y a deux ans, Emmanuel Macron s’affiche aujourd’hui comme l’un des favoris de l‘élection présidentielle. À 39 ans, il veut incarner le renouveau à travers son mouvement “En Marche”, qui encourage la démocratie participative et attire des militants et personnalités d’horizons divers (droite, centre, gauche, société civile…). Son parcours est atypique et surtout fulgurant : diplômé de l’ENA, inspecteur des Finances, banquier d’affaires chez Rothschild, secrétaire général adjoint de François Hollande à l‘Élysée puis ministre de l‘Économie, et désormais candidat à la présidentielle. Il se pose en rassembleur, ce qui lui permet d‘être en tête des sondages, mais lui vaut aussi les critiques et les railleries de ses opposants qui l’accusent de ménager en permanence la chèvre et le chou. De tous les candidats, il est sans doute le plus pro-européen. “Nous avons besoin de relancer la zone euro, de reconstituer une solidarité”, déclare-t-il. Parmi ses mesures phares pour l’Europe : la mise en place d’un budget de la zone euro, d’un Parlement de la zone euro, la création d’une force de 5.000 garde-frontières européens, d’un Fonds européen de Défense. Sur le plan économique, il souhaite lancer un plan d’investissement de 50 milliards d’euros sur 5 ans et veut moderniser l‘économie. Son programme d’inspiration social-libéral, propose, à l’instar de François Fillon, de donner davantage de souplesse et de flexibilité au monde de l’entreprise. Enfin, en matière de libre-échange, il est l’un des seuls candidats à être favorable aux traités CETA et TAFTA avec le Canada et les Etats-Unis.

Jean-Luc Mélenchon

Depuis le début de la campagne, Jean-Luc Mélenchon est celui qui a le plus progressé dans les sondages, doublant le socialiste Benoît Hamon et talonnant désormais le conservateur François Fillon. Orateur hors pair, pourfendeur du capitalisme financier, le candidat de la gauche radicale a adouci son image par rapport à la présidentielle de 2012, délaissant une certaine agressivité pour adopter une posture plus philosophe voire paternaliste. S’il est élu président, il veut d’abord instaurer la VIème République pour en finir avec ce qu’il appelle “la monarchie présidentielle” d’une Vème République qu’il juge à bout de souffle. A l’instar de Benoît Hamon, l‘écologie est au coeur de son programme. Il propose d’inscrire dans la Constitution une “règle verte”, qui interdirait de prélever sur la nature, davantage que ce qu’elle peut reproduire. Autre objectif : sortir du nucléaire et atteindre 100 % d‘énergies renouvelables d’ici 2050. Par ailleurs, comme Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon défend une politique protectionniste : il veut renégocier les traités européens pour se défaire des règles imposées par Bruxelles en matière de déficit, de libre-échange et pour en finir avec la concurrence déloyale en Europe. Il n’exclut pas de quitter l’UE s’il ne parvient pas à ses fins. Il propose également de sortir de l’OTAN et veut renouer le dialogue avec la Russie.

#Les principaux thèmes de campagne

Sécurité, immigration, chômage, protection sociale, éducation, figurent en tête des préoccupations des Français avant cette élection présidentielle. Zoom sur les thèmes de la sécurité et du chômage :

Sécurité
Depuis les attentats de Paris en novembre 2015, la France vit sous le régime de l‘état d’urgence en raison du risque terroriste, qui n’a pas empêché d’autres attaques, comme celle survenue à Nice le 14 juillet dernier. Jean-Luc Mélenchon est favorable à une sortie de l‘état d’urgence permanent.

Si tous les candidats s’accordent à lutter contre la menace djihadiste, ils ne s’entendent pas en revanche sur la méthode. Pour Marine Le Pen, il faut fermer les frontières et renforcer les effectifs de la police et de l’armée. Emmanuel Macron plaide lui pour la création d’une “task force permanente” auprès du président de la République et pour la mise en oeuvre d’une cyberdéfense. De son côté, François Fillon est favorable à une alliance la “plus large possible” à l’international pour vaincre le terrorisme à sa source, en Syrie et Irak. Il prône un rapprochement stratégique avec la Russie.

Les propositions des 11 candidats pour lutter contre le terrorisme https://t.co/ALbSox4Lck

— Bénédicte Chéron (@BenedicteCheron) 6 avril 2017

Chômage
Avec un taux de chômage à 10%, la France occupe la septième place de l’Union européenne, loin derrière l’Allemagne (chômage à 4 %). François Hollande, qui avait fait de la baisse du chômage la condition sine qua non à une seconde candidature, n’a pas réussi son pari, même s’il estime que la situation s’est améliorée : “L’engagement majeur que j’ai pris devant vous était de faire baisser le chômage. J’ai pris tous les risques : aidé les embauches, allégé les charges sociales, j’ai réformé le marché du travail. Les résultats arrivent plus tard que je ne les avais annoncés, j’en conviens, mais ils sont là”, déclarait-il début décembre lors de l’annonce de son renoncement à briguer un second mandat. La réalité est là : depuis la crise financière de 2008, les différents gouvernements peinent à inverser la courbe du chômage.

#L’enjeu : le Front national peut-il accéder au pouvoir ?

Selon les sondages, Marine Le Pen a de fortes chances de se qualifier pour la finale de la présidentielle, comme son père, Jean-Marie Le Pen, l’avait fait en 2002 avant d‘être largement battu par Jacques Chirac. Sauf qu’il y a 15 ans, personne ne s’attendait à un tel résultat.

Depuis 2002, le parti d’extrême-droite ne cesse de progresser, comme le montre l’infographie ci-dessous.

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Pour ce scrutin présidentiel, Marine Le Pen profite du Brexit et de l‘élection de Donald Trump. Toutefois, si elle est souvent donnée gagnante au premier tour, les sondages estiment qu’elle sera largement battue au second tour, dans l‘éventualité d’un duel face à l’autre favori, Emmanuel Macron.

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