De la lumière à l'ombre, le parcours d'Abdelaziz Bouteflika

Abdelaziz Bouteflika, 10 avril 1999
Abdelaziz Bouteflika, 10 avril 1999 Tous droits réservés MANOOCHER DEGHATI / AFP
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Par Olivier Peguy
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Abdelaziz Bouteflika a battu un record de longévité à la tête de l'Algérie : près de 20 ans ! Un règne qui a pris fin avec sa démission, ce 2 avril. De ministre hyper-actif à président silencieux, retour sur son parcours.

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Retour sur le parcours politique d'Abdelaziz Bouteflika, né le 2 mars 1937, président de la république algérienne de 1999 à ce mardi 2 avril 2019.

C'était le 10 février dernier : Abdelaziz Bouteflika faisait savoir qu'il comptait briguer un cinquième mandat de président. Il a alors 81 ans.

Et pourtant, l'homme est affaibli depuis 2013. Victime d'un accident vasculaire cérébral (AVC), il n'apparaît quasiment plus en public, ce qui alimente, aujourd'hui plus que jamais, les spéculations sur son état de santé réel et sa capacité à gouverner.

L'ascension dans les années 1960

Rien à voir avec le jeune homme fringuant et hyperactif des années 60. Il n'a que 25 ans quand il devient ministre. La guerre d'Algérie vient de s'achever. Et le jeune Bouteflika commence à gravir les échelons du pouvoir.

AFP
Abdelaziz Bouteflika, à gauche, avec le président algérien Houari Boumediene et le secrétaire général de l'ONU Kurt Waldheim à Alger le 23/12/1977AFP

Ministre des Affaires étrangères de 1963 à 1979, il tisse un réseau de soutiens avec les autres dirigeants arabes, faisant de l'Algérie un des leaders du tiers-monde.

En interne, il fait longtemps figure de dauphin du chef de l'Etat Houari Boumédiene. Mais à la mort du président Boumédiene, Bouteflika est écarté de la succession. Il s'exile pendant plusieurs années à Dubaï et à Genève.

La victoire en 1999, la concorde civile

Son grand retour, il le fait en 1999. L'armée en fait son candidat à la présidentielle. Un scrutin que Bouteflika remporte au premier tour avec plus de 70% des suffrages.

Son défi est alors de rétablir la paix dans un pays traumatisé par les années de guerre civile (200 000 morts en dix ans selon les bilans officiels).

Il lance la concorde civile, un processus visant à amnistier les islamistes en échange de leur reddition et de l'abandon de la violence.

RABIH MOGHRABI / AFP
Le président algérien Abdelaziz Bouteflika (en haut à droite), au côté du président égyptien Hosni Moubarak, du leader libyen Mouammar Kadhafi, du roi Abdallah de Jordanie, du vice-président émirati Sheikh Maktoum bin Rashed al-Maktoum et du président syrien Bachar el-Assad.RABIH MOGHRABI / AFP

2009, 2014, mais pas 2019

En s'appuyant sur la manne pétrolière, il parvient à éviter les secousses du printemps arabe qui agite la région en 2011.

Il s'accroche au pouvoir, modifiant la constitution, se faisant réélire à plusieurs reprises, en 2009 puis en 2014.

Son intention de briguer un 5ème mandat lors du scrutin du 18 avril 2019 déclenche un mouvement de contestation.

Abdelaziz Bouteflika est au pouvoir depuis 1999. Les moins de 20 ans (environ un tiers de la population) n'ont connu que lui, à la tête du pays. Ils aspirent à un changement. Changer de président, mais aussi en finir avec tout un régime, accusé de corruption et de népotisme.

REUTERS/Zohra Bensemra
Alger, 19 mars 2019REUTERS/Zohra Bensemra

Contesté par la rue, lâché par l'armée, Bouteflika finit par jeter l'éponge, annonçant sa démission le 2 avril.

- avec agences -

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