Arrivé en NBA sur la pointe des pieds, en 2001, Tony Parker l'a quitté lundi à 37 ans la tête haute: il est devenu l'une des références à son poste de meneur et a ouvert la voie à des dizaines d'autres joueurs français.
Les premières saisons dans le Championnat le plus relevé de la planète n'ont pas toujours été une partie de plaisir pour William Anthony Parker II.
Il est un parfait inconnu quand il débarque, à 19 ans, à San Antonio. Son visage poupin et son allure longiligne n'impressionnent guère ses coéquipiers qui peinent à comprendre son anglais mâtiné d'un léger accent français.
Pendant sa saison de "rookie" (débutant), le joueur-vedette des Spurs Tim Duncan ne lui aurait pas adressé une seule fois la parole.
Avec l'emblématique et exigeant coach de San Antonio Gregg Popovich, "cela a été la guerre pendant les trois-quatre premières années", comme Parker l'a avoué lui-même en 2014.
Mais Parker s'est accroché et s'est rapidement imposé pour se constituer un impressionnant palmarès qui lui vaudra, à terme, l'honneur ultime, de faire son entrée au Hall of Fame, qui distingue les meilleurs joueurs de l'histoire.
- "Un bon petit joueur" -
Avec les Spurs, il a remporté quatre titres de champion NBA (2003, 2005, 2007, 2014) et a été sacré meilleur joueur (MVP) de la finale 2007, une première pour un Européen.
Il a également été sélectionné à six reprises pour le All Star Game, le match annuel qui réunit les meilleurs joueurs du Championnat NBA.
"TP" (à prononcer tipi) a fini sa carrière à la 17e place au classement des meilleurs passeurs de l'histoire de la NBA (7.036), où seul le Canadien Steve Nash le devance, parmi les joueurs non-américains.
Même le principal intéressé a encore du mal à y croire.
"Quand je suis arrivé en NBA, je me disais: +Je peux peut-être devenir un bon petit joueur, un bon remplaçant et cela m'irait très bien+", a-t-il expliqué dans un entretien au site The Undefeated pour annoncer sa retraite.
"J'étais juste heureux d'être en NBA. Je n'ai jamais pensé que je pourrais devenir titulaire, ou le plus jeune meneur de l'histoire d'une équipe NBA, ou le premier Européen à être sacré MVP d'une finale", a-t-il rappelé.
Mais plus que ses trophées et ses statistiques, ce que la NBA retiendra de sa carrière américaine, c'est qu'il est devenu l'une des incarnations de San Antonio et de son "Spurs Way", où les stars n'ont pas d'ego, restent au service de leur équipe et sont des interlocuteurs d'égal à égal de leur coach, "Pop" que Parker considère comme un deuxième père.
- Propriétaire d'une équipe NBA ? -
Même s'il n'a pas atteint son objectif de disputer vingt saisons en NBA, même s'il s'est aventuré à Charlotte pour une dernière saison 2018-19 mitigée, Parker qui a reçu un total de 166 millions de dollars (146,7 M EUR) en salaires depuis 2001, restera à jamais dans l'histoire des Spurs.
Avec ses coéquipiers Tim Duncan et Manu Ginobili qui ont respectivement pris leur retraite en 2016 et 2018, ils forment le meilleur "Big Three" de l'histoire, le trio qui a amassé le plus de victoires en NBA.
Parker a compensé sa taille modeste (1,88 m) par sa rapidité, ses pénétrations dans la raquette et son professionnalisme qui lui a notamment permis de revenir d'une grave blessure (rupture du tendon du quadriceps gauche en mai 2017).
Avec l'Allemand Dirk Nowitzki et l'Espagnol Pau Gasol, il a ouvert en grand les portes de la NBA pour les joueurs européens, notamment les Français, le deuxième contingent international le plus important en NBA depuis plusieurs années.
Même si sa reconversion est déjà lancée en France, Parker ne conçoit pas de quitter les Etats-Unis et rêve à terme de devenir propriétaire d'une franchise NBA.
En attendant que les Spurs l'honorent, sans doute dès la saison prochaine, en accrochant son maillot au plafond de l'AT&T Center, Parker voit son avenir au Texas.
"C'est ma maison, je suis arrivé quand j'avais 19 ans et on n'a accueilli comme un fils, cela sera toujours ma maison, ma famille", a-t-il rappelé.