Nouveau bourbier syrien : les Kurdes sont trahis, les djihadistes ravis

Nouveau bourbier syrien : les Kurdes sont trahis, les djihadistes ravis
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Par Joël Chatreau
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Les Kurdes se sentent abandonnés après avoir été en première ligne face au groupe Etat islamique dès 2014. Le retrait des Américains de la frontière syrienne facilite l'offensive turque contre eux. Le président Erdogan devra assumer si la confusion permet aux prisonniers islamistes de s'enfuir...

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Un nouveau bourbier guette la Syrie, le nord-est en premier lieu, où plusieurs pays tentent d'avancer leurs pions sur l'échiquier diplomatico-militaire... dans la confusion générale. Et les Kurdes sont les premiers piégés, amers et furieux car ils se sentent trahis par les Etats-Unis et autres pays occidentaux, qui les ont "chouchouté" pendant des années, apparemment par intérêt. Les combattants kurdes, hommes et femmes, en première ligne dès 2014 pour stopper l'avancée des djihadistes du groupe terroriste Etat islamique, et se sacrifiant jusqu'à l'anéantissement (semble-t-il temporaire) du "califat" islamiste, sont désormais bien seuls.

Selon les combattants kurdes, un "coup de couteau dans le dos"

Les funérailles s'enchaînent dans le nord syrien, notamment dans la ville de Qamichli, chants lancinants, portraits des militaires kurdes sur les cercueils... L'Observatoire syrien des droits de l'Homme, une ONG qui a des sources sûres sur le terrain, indique qu'au moins 155 Kurdes sont morts au combat en une semaine, depuis l'entrée en action de l'armée turque le 9 octobre dernier. 

Le fer de lance des YPG, les Unités de protection du peuple, dénonce le "coup de couteau dans le dos" que l'administration Trump lui a donné. L'offensive des Turcs a été facilitée par le retrait d'un millier de soldats américains qui étaient basés près de la frontière syrienne. Ce qui met particulièrement en rogne certains Occidentaux, dont les Français, c'est le risque de mettre tout par terre après une lutte acharnée contre les fondamentalistes d'Etat islamique.

Pour les prisonniers islamistes, attendre le bon moment

Ce sont en effet les YPG justement qui se chargent de garder les prisons dans lesquelles sont enfermés environ 12 000 anciens islamistes survivants, dont près de 3 000 sont de nationalité étrangère. Ces derniers pourraient bien profiter de la situation on ne peut plus instable pour se faire la malle. Des fuites auraient d'ailleurs déjà eu lieu, le département américain de la Défense affirme que des "détenus dangereux" se sont échappés; les Kurdes indiquent pour leur part qu'au moins 800 proches d'ex-combattants islamistes ont pu s'enfuir du camp de réfugiés d'Aïn Issa, implanté dans le gouvernorat de Raqqa.

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