Le chanteur algérien Idir, grand défenseur de l'identité kabyle, est mort à 70 ans

"Un astre kabyle éclairant l'immensité de l'univers" : voici comment le qualifie Ferhat Mehenni, chanteur, écrivain et président du gouvernement provisoire kabyle exilé en France. Il parle bien sûr du chanteur algérien Idir, qui vient de mourir dans un hôpital à Paris. L'interprète de l'emblématique et mélancolique "A Vava Inouva", qui évoque en langue berbère les veillées dans les villages de Kabylie, était âgé de 70 ans.
Idir a été emporté par une maladie pulmonaire samedi aux alentours de 21H30. Ses enfants ont annoncé la triste nouvelle hier soir sur la page Facebook de l'artiste qui vivait en région parisienne, et devrait d'ailleurs y être enterré.
Des deux côtés de la Méditerranée, en Algérie comme en France, les hommages à cet ambassadeur infatigable de l'identité kabyle et de la culture berbère sont unanimes.
Le président algérien Abdelmadjid Tebboune écrit sur son compte Twitter qu'il ressent une "immense tristesse". Il ajoute :
L'Unesco salue "un ambassadeur éminent des cultures kabyle et berbère".
La légende du football français, Zinédine Zidane - d'origine kabyle, ne l'oublions pas - témoigne sur Instagram :
Et puis le président français Emmanuel Macron parle sur Twitter d' "une voix unique". Il complète :
De sa belle plume, l'écrivain franco-algérien Kamel Daoud écrit :
"A Vava Inouva", la révélation
Hamid Cheriet - c'est son vrai nom - est originaire d'Aït Lahcène, près de Tizi Ouzou, la deuxième ville la plus peuplée de Kabylie. A priori, il ne pensait pas faire une carrière dans la chanson mais sa prestation sur Radio Alger en 1973, lorsqu'il doit remplacer la chanteuse Nouara au dernier moment, va tout bousculer... Sa chanson fétiche en berbère, "A Vava Inouva", qui s'inspire des chants qui ont bercé toute son enfance, va rapidement devenir un succès à travers le monde entier.
Idir est arrivé à Paris en 1975 pour enregistrer son premier album. En France, sans jamais oublier ses racines et ses inspirations kabyles, le chanteur s'est distingué en offrant régulièrement au public un subtil mélange de cultures musicales : il s'est fait accompagner d'artistes ou de groupes aussi différents que Maxime Le Forestier, Manu Chao, Zebda, Dan Ar Braz ou(entre autres) l'Orchestre national de Barbès.
En 2007, alors que la société française se confrontait aux thèmes sensibles de l'immigration et de l'identité, en pleine élection présidentielle, Idir avait sorti un album au titre clairement engagé : "La France des couleurs".