Au lendemain de la publication de l'acte d'accusation pour crime de guerre contre Hashim Thaçi, le sommet prévu samedi à Washington avec la Serbie semble compromis.
Accusé de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité, le président kosovar Hashim Thaçi a "interrompu" son voyage à Washington où il devait assister à un sommet avec la Serbie.
L'ex-chef de la guérilla indépendantiste est accusé de "meurtres, disparition forcée de personnes, persécutions et tortures", par le procureur du tribunal spécial pour le Kosovo, qui siège à La Haye.
Plusieurs autres personnes sont visées par la justice, notamment Kadri Veseli, l'ex-patron du renseignement de la guérilla et actuel dirigeant du Parti démocratique du Kosovo (PDK) et président de l'Assemblée.
"Tous les hauts responsables de l'Armée de Libération du Kosovo ont été déclarés innocents" a-t-il réagi. "Cela montre que les crimes au Kosovo ont été commis par les Serbes et non par les Albanais. La déclaration du procureur est un nouvel effort pour réécrire l'histoire en déformant la vérité sur notre guerre de libération".
Dix chefs d'accusation contre Hashim Thaçi
Président du Kosovo depuis 2016, Hashim Thaçi fait l'objet de dix chefs d'accusation. Les Etats-Unis ont eux estimé qu'il s'agissait d'un "pas vers la justice et la réconciliation".
Dans les rues de Pristina, la capitale kosovare, certains mettent en cause la légitimité du tribunal spécial chargé d'enquêter sur les crimes commis par l'UCK, la guérilla indépendantiste kosovare.
"Ce tribunal est injuste car il juge seulement les combattants de l'UCK, il ne juge qu'une nationalité. On sait que c'est la Serbie qui a commis des crimes au Kosovo", estime cet habitant de Pristina.
"Ce tribunal est injuste car il juge seulement les combattants de l'UCK"
"Ces actes d'accusation sont très graves. J'espère qu'ils ne sont pas vrais et qu'on prouvera que notre guerre était propre", dit cet autre.
Dernier conflit en ex-Yougoslavie, la guerre du Kosovo entre forces serbes et guérilla kosovare a fait plus de 13 000 morts, à la fin des années 90. Un différend oppose toujours la Serbie à son ex-province, Belgrade refusant de reconnaître l'indépendance proclamée par le Kosovo en 2008.