Coronavirus : combien de morts en plus par rapport aux années précédentes en Europe ?

Des employés déchargent d'un camion militaire des cercueils arrivés de Bergame près de Milan pour être inhumés au cimetière Cinisello Balsamo le 27 mars
Des employés déchargent d'un camion militaire des cercueils arrivés de Bergame près de Milan pour être inhumés au cimetière Cinisello Balsamo le 27 mars Tous droits réservés Claudio Furlan, LaPresse via AP Photo
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Par Marie JametVincent Coste
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Y'a-t-il eu plus de morts cette année que les années précédentes ? Quel est le poids de cette pandémie de Covid-19 en terme de surmortalité ? En Europe, ce sont 200 000 personnes en plus qui sont décédés en mars et avril

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Le décompte quotidien des morts du Covid-19 se poursuit, alors que la première vague ne s'est pas encore tarie. Un égrenage macabre qui rend difficile une vision globale du taux de surmortalité qu'a induit le nouveau coronavirus. Mais dans les faits, y a-t-il eu beaucoup plus de décès par rapport à la même période les années précédentes ?

Le nombre de décès a été effectivement bien plus important qu'à la normale, hors pandémie s'entend. 200 000 morts de plus ont ainsi été comptabilisées par rapport aux moyennes des décès lors de la même période entre 2015 et 2019 dans 20 pays de l’Union européenne en mars et avril 2020, selon des données officielles rassemblées par l'European Data Journalism Network.

Cette surmortalité a touché certains pays plus que d’autres. Ainsi le Royaume-Uni, l’Italie, la France et l’Espagne ont vu le nombre de décès augmenter fortement par rapport aux années précédentes.

La Bulgarie, la Norvège et Slovaquie ont au contraire connu moins de décès que les années précédentes.

Des données moins complètes d’Eurostat semaine par semaine montrent bien la concentration de la première vague sur les mois de mars et avril 2020, le pic se situant au milieu de la période à la toute fin mars (semaine 14).

Une majorité de régions européennes n’ont pas fait face à une surmortalité significative

Les statistiques nationales de surmortalité cachent des fortes disparités régionales. Le nouveau coronavirus ne s’est pas répandu de manière uniforme sur les territoires.

Au total, 50 régions sur les 500 étudiées par l’European Datajournalism Network pèsent à elle seules près de la moitié des morts surnuméraires. Un tiers des régions, 136 sur les 500 étudiées, connaissent une surmortalité significative, affichant un ratio de +25% par rapport à la moyenne des années précédentes.

Mais la majeure partie des régions de cette vingtaine de pays d’Europe n’a pas eu à faire face à un excès significatif de décès par rapport aux autres années.

Cinq pays, l’Italie, l’Espagne, la France, la Belgique et le Royaume-Uni, affichent les plus importants taux régionaux de surmortalité en 2020 comparés aux années précédentes. L’Italie pèse le plus avec 14 régions affichant des ratios compris entre +80% et +347%.

L’échelle régionale permet de constater de fortes disparités au sein même de certains pays. Les pays faisant état du moins de décès supplémentaires ont aussi une répartition égalitaire de ces bons résultats : toutes les régions de la Lituanie, la Norvège et la Slovaquie comptent moins de 5% de décès supplémentaire. La Norvège ne compte aucun décès supplémentaires dans aucune région. La Bulgarie, qui affiche aussi peu de morts en plus, a une seule région où les décès sont supérieurs de 8% à la moyenne des dernières années, la région de Yambol, à l’est du pays.

France

En France métropolitaine, les trois régions affichant les plus forts taux de décès supplémentaires sont le Haut-Rhin (+93%), la Seine Saint-Denis +90% et les Hauts-de-Seine avec +82%. A l’inverse près d’une vingtaine de régions affichent un ratio négatif et ont donc plutôt bien traversé la pandémie.

Belgique

En Belgique, les trois régions ayant fait face aux plus grands nombres de décès supplémentaires sont ceux de Mons (+85%), Hasselt (76%) et Bruxelles (74%).

Suisse

Dans la Confédération helvétique, ce sont les cantons du Tessin (+52%), de Genève (+37%) et d’Obwald (+30%) qui ont été les plus touchés.

La surmortalité concentrée dans certaines régions, sauf au Royaume-Uni

La France, l’Italie et l’Espagne, très touchées, ont une majorité de régions ayant connu une surmortalité significative (supérieur ou égal à +25%).

Pour l’Italie, ces décès sont principalement survenus dans le nord du pays, la région de Bergame étant la pire région d’Europe avec un taux de près de +350%. En France, c’est l’Est et la région parisienne, la plus peuplée, qui paie le plus lourd tribu en comparaison des autres années.

Le Royaume-Uni se distingue par une égale répartition sur tout le territoire et dans la fourchette haute. Seule l’Irlande du Nord, isolée par la mer du reste du royaume, affiche un taux de +23% quand toutes les autres régions rapportent des taux de surmortalité situés entre +25% et +45% par rapport aux années précédentes.

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